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René de Obaldia sur le vif

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RENCONTRE Le dramaturge et académicien était hier de passage à Lausanne pour y recevoir le Grand Prix de poésie de la Fondation Pierrette Micheloud.
René de Obaldia n’est pas mort, même s’il affirme le premier qu’il est « tuant d’être immortel ». Parce que ses écrits, d’une inaltérable fraîcheur, figurent au programme des écoles françaises au même titre que les fables de La Fontaine, d’aucuns sont parfois étonnés de rencontrer vivant ce nonagénaire jamais blasé de ses rencontres avec les écoliers et les comédiens pros où amateurs des quatre coins du monde où transite son théâtre, traduit en une vingtaine de langues. Malicieux, présent et vif, quoique sans trop d’illusions sur les temps que nous vivons, l’auteur de la célébrissime parodie de western Du vent dans les branches de sassafras, dont la première interprétation de Michel Simon fit date, convient malicieusement que son personnage principal de cow-boy, du nom de Rockefeller, se réjouit aujourd’hui de l’avènement d’un Obama. «Il est vrai qu’on ne pouvait guère aller plus bas…».
Célèbre et cependant peu répandu, René de Obaldia s’est dévoilé quelque peu en 1993 dans son Exobiographie, admirable exercice de mémoire exempt de tout nombrilisme, qui fut consacré par deux prix importants. Une autre distinction honore aujourd’hui l’ensemble de son œuvre avec le premier Grand prix de poésie Pierrette Micheloud, institué par la Fondation visant à perpétuer le souvenir de la poétesse et artiste romande, disparue en 2007. Son président, Jean-Pierre Vallotton, souligne la volonté du jury de consacrer cette œuvre multiples (romans, théâtre et poèmes) traversée par une poésie tonique et inventive.
- Qu’est-ce pour vous que la poésie ?
- Toute définition serait insuffisante, mais j’aime assez la formule selon laquelle la poésie est de la prose qui décolle…
- Comment est-elle entrée dans votre vie ?
- Dès l’enfance j’en ai été passionné, autannt à la lire (Hugo, Lamartine, Musset et compagnie) que pour en écrire, d’abord de manière imitative, ensuite plus librement. Vers dix-huit ans, j’ai commencé d’envoyer mes poèmes aux revues. Puis la guerre est arrivée, j’ai dû « rejoindre mon corps» et j’ai passé ensuite quatre ans en camp de prisonnier, où j’ai beaucoup appris sur l’animal humain tout en étant réduit à la nécessité de survivre.
- Cette expérience a-t-elle marqué votre œuvre ?
- De manière essentielle, sans qu'il n'y paraisse au regard de surface... J’en conserve un sentiment tragique de la vie, mais sans amertume. Dès mon retour de captivité, j’ai mieux apprécié tout ce qui m’avait été arraché et me suis mis à lire comme un fou les Russes, les romantiques allemands ou les Américains, préférant les œuvres fortes au formalisme à la française. Comme j’étais pauvre, j’ai choisi la plume pour m’exprimer faute de pouvoir me payer des études musicales ou artistiques.
- Et le théâtre ?
- J’y suis arrivé presque par hasard, comme par jeu, avant que ma première vraie pièce, Génousie, soit montée par Jean Vilar en 1960. André Barsacq présenta ensuite Le Satyre de la Villette, qui fit scandale. De façon générale, j’ai eu la chance d’être très bien servi par les metteurs en scène de l’époque.
- Comment jugez-vous le monde actuel ?
- Il s’est passé une profonde rupture dans nos sociétés, plus profonde que pendant des millénaires. La continuité est rompue et cela requiert un énorme effort de réadaptation, mais je ne suis pas désespéré. Tous les jeunes que je rencontre, dans mes tournées, m’impressionnent par leur bonne volonté, malgré la perte de tout repère. Ce que je regrette, chez les écrivains, c’est qu’ils soient aussi englués dans la réalité et aussi repliés sir eux-mêmes. Mais la vie reste si foisonnante et passionnante !


Dates de René de Obaldia

1918. Naissance à Hong-Hong. Fils d’un consul panaméen et d’une Picarde.

1920-1944. Grandit à Paris. Etudes au lycée Condorcet. Mobilisé en 1940. Fait prisonnier, rapatrié comme grand malade en 1944.
1949-1952 Premiers recueils : Midi (poèmes) et Les richesses naturelles (récits-éclairs). Premier roman : Tamerlan des
Cœurs.
1960 Génousie. Première pièce montée par Jean Vilar.
1961-1999 Une vingtaine de pièces, dont Le Satyre de La Villette, Monsieur Klebs et Rosalie, Le Cosmonaute agricole, Du vent dans les branches de sassafras (1965), etc.
1969 Les innocentines (poèmes)
1993 Exobiograhie. Prix Novembre et prix Marcel Proust.
1993. Molière d’honneur et Molière du meilleur auteur.
1996 Sur le ventre des veuves (poèmes).
1999 Elu à l’Académie française.

Commentaires

  • J'aime beaucoup l'idée de votre blog. Moi-même je me considère comme un lecteur professionnel qui cherche toujours à s'approcher, à m'approcher.

    Les lectures d'un homme sont les seules richesses qu'on ne pourra jamais lui enlever.

    Bonne route à vous, je vais passer de temps en temps.

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