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Le paradis sous terre


La création de KilomBo de Sandra Korol, fera date en Suisse romande.
C’est un véritable choc qu’on éprouve en assistant à la première représentation de KilomBo de Sandra Korol, dans une mise en scène, une interprétation et un décor qui dégagent magnifiquement les ressources dramatiques, émotionnelles, critiques et comiques de cette pièce marquant, de toute évidence, la naissance d’un auteur déjà bien campé dans son univers et son écriture.
Si l’on pense un peu à Beckett en lisant KilomBo, qui met en scène deux femmes (la vieille peau et la jeunote) dans une cave où elles ont pour tâche de bouffer les détritus tombant du monde d’en haut par un énorme vide-ordures, le rapprochement ne tient plus quand s’incarnent sur scène, en trois dimensions, les deux irrésistibles personnages de Gorda (qui a tout vu) et de Nena (qui aimerait bien voir à son tour), dont les relations tiennent à la fois de la filiation et de l’initiation, de la sujétion et de la séduction, entre humour sardonique et tendresse. Le rire mêle chez Sandra Korol les intonations de la petite fille espiègle et de la sorcière, de la mater dolorosa ou de la femme violée qui ricanent au nez de l’oie blanche, de la farce et du désespoir cosmique. Le paradis est-il dans la mémoire ruminante, l’espérance pantelante, au ciel d’où choient des fleurettes ou dans ce souterrain pourri « qui est parfois si joli » ? Il faudra que Nena disparaisse pour que Gorda mesure enfin le poids et le prix de cette présence. Or c’est justement cette double présence, ce concert de voix, cet échange qui « répondent» au questionnement de la pièce, dans le mouvement même de la vie et par la musique des mots.
Tout cela que, dans le décor hyper-suggestif de Gilles Lambert (un tréfonds de cave à piliers de béton lugubres, rampes d’escaliers sinistrées et dévaloirs monstrueux), Nathalie Lannuzel, dont ce n’est que la deuxième mise en scène après Equus, détaille avec une parfaite intelligence du texte, en phase avec ses deux comédiennes, également remarquables de drôlerie et de sensibilité. Jane Friedrich campe ainsi une Gorda merveilleuse de vacherie enjouée et de tonitruante verve, tandis que la Nena de Valeria Bertolotto redouble de malice pointue et d’ingénuité foldingue. Sacrée paire de bonnes femmes au paradis sous terre !
Lausanne-Vidy, La Passerelle, jusqu’au 26 mars. Ma-me-je-sa à 20h.30. Ve, 19h. Di, 18h. Lu relâche. Réservations : 021 619 45 45 et www.vidy.ch

Jane Friedrich: photo Mario Del Curto

Sandra Korol: photo Philippe Maeder

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