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Ce dont tout le monde ne parle pas

Salman Rushdie "flingué" chez Ardisson

A La Désirade, ce dimanche 8 janvier. - Dieu sait (à vrai dire Il s'en contrefout) que je ne suis ni royaliste ni obsédé par la re-christianistation de l'Europe et des familles, et que je vois plus de raisons de s'inquiéter du nivellisme à l'occidentale que des survivances du communisme dans la France Fille Aînée de l'Eglise, et pourtant l'information, occultée par les médias, que je viens de découvrir sur le blog du royaliste anticommuniste absolutiste Tex me sidère: à savoir qu'en novembre dernier, Salman Rushdie, invité sur le plateau de Tout le monde en parle, la fameuse émission du royaliste hyper-cynique Thierry Ardisson, a été pris à partie par l'acteur beur toxico Sami Naceri, qui lui a dit gentiment, comme ça, que si un imam lui donnait de l'argent pour le descendre, il n'hésiterait pas à lui tirer une balle dans la tête. Sur quoi Salman Rushdie s'est levé, a retiré son oreillette et s'en est allé en affirmant qu'il ne remettrait plus les pieds sur un plateau de télévision française. 

Or, ce qui fait tout de même problème, en tout cas aux yeux d'un démocrate anarchisant des hautes terres d'Helvétie latine de mon pauvre acabit, c'est que les séquences non désirées ont été coupées au montage et que l'émission a passé sans agiter les eaux du bocal médiatique, à l'exception d'un entrefilet dans Le Parisien et d'une mention dans un papier de Marianne. En ce qui me concerne, il y a longtemps que j'ai rangé le sieur Ardisson dans la catégorie des frappes médiatiques les plus significatives de l'époque, à observer et à mépriser à proportion de leur grand professionnalisme et de leur pouvoir d'attraction sur tous ceux qui s'impatientent au portillon de la notoriété. Sous son affreux sourire de travers, juste un peu moins abject que celui d'un Fogiel, à mes yeux le summum de la canaillerie veule et vulgaire, Ardisson me figure la diablerie publicitaire par excellence, pour laquelle tout est bon qui fasse pisser l'euro. Mais il y a pire, et c'est le consentement à tout cela, que le bon Léon Chestov, philosophe selon mon coeur en sa défiance à l'égard de tout les ismes (fanatisme, intégrisme, manichéisme, texisme...) pour qui l'omnitolérance était intolérable. C'était mon sermon du dimanche matin. Sur quoi je redescends de chaire pour observer l'écureuil américain qui vient chouraver les graines de tournesol de la mésange, du pinson du nord ou autres casse-noix de notre MacBird's... ce dont on ne parle pas assez par les temps qui courent.

Commentaires

  • Je n'étais pas au courant de cet épisode scandaleux mais qui ne m'étonne pas dans le contexte français actuel. Ceci dit, que va faire un écrivain en certaines galères, notamment sur les plateaux de la télé-poubelle ? (où l'on s'expose évidemment à de mauvaises rencontres).
    PS : meilleurs voeux et longue vie à l'écureuil américain !

  • J'étais au courant grâce à internet : vivent les blogs ! D'où l'utilité de la toile en ces temps de grande (auto)censure médiatique...
    Cela dit, je crois de plus en plus que tout écrivain (au vrai sens du terme) devrait éviter l'horrible trilogie Ruquier-Ardisson-Fogiel, c'est jouer contre son camp que d'entrer dans leur jeu.

  • Entièrement d'accord avec vous. C'est d'ailleurs le choix (courageux, pour quelqu'un de très populaire comme lui) de Stefano Benni, en Italie, qui ne met plus les pieds sur un plateau de télé.

  • Come on, guys, at my McBird's ! Good seeds and scotch on the rocks ! Be crazy as free bloggers ! Longlife to you all !

  • Il y a quelques mois je suis allée chez Ruquier où j'ai été copieusement insultée, rires gras à la clé, pendant toute l'émission.
    Christine Bravo, après m'avoir déclaré son admiration et fièrement montré ses seins dans la loge de maquillage, sur le plateau m'a gueulé, entre autres obscénités, "salope !", Bénichou a insinué que le père de mes enfants était un mac, etc. L'émission n'étant pas en direct comme toujours semble-t-il celle du vendredi, ils ont coupé le pire au montage.
    Il faut quand même tenir le choc pour rester souriante, répliquer (et je crois bien que c'est à cause de mes répliques qu'ils ont coupé leurs insultes) et ne pas leur donner le plaisir de s'effondrer devant eux.
    (Ruquier lui est resté correct, il a fini par lire un beau passage de mon livre, que personne n'avait lu, et qui a fait taire tout le monde) (la chroniqueuse qui était censée l'avoir lu a d'abord raconté une scène bien dégueulasse qui s'y trouvait selon elle alors qu'elle n'était absolument pas dans mon livre).

    Alors pourquoi y aller, en effet ? Eh bien, mais dans l'espoir d'être un peu plus lu et de vendre ! Que ceux qui n'ont jamais eu de tels désirs jettent la première pierre à ceux qui y cèdent.

    Et surtout, personnellement je suis contente quand je peux entendre un écrivain, fusse dans la pire émission, même s'il n'a pas le temps de parler il est là, il se dégage quelque chose de spécial de sa personne, quelque chose de différent qui me parle quand même - et si le mauvais traitement qu'il subit rend plus criante encore l'obscénité du média, tant mieux aussi. Finalement il vaudrait peut-être mieux ne faire que les émissions en direct, afin qu'ils ne puissent pas couper cette obscénité-là, comme il a été fait avec Salman Rushdie.

  • Merci, chère Alina, pour ce témoignage qui en dit long en effet. Et de rappeler que les médias, j'en sais quelque chose, font partie de la Vanity Fair à laquelle tout écrivain participe. J'ai cité le cas de Stefano Benni, mais Antonio Lobo Antunes pense, lui qui a une expérience "encore plus pire" des médias portugais, qu'on peut jouer avec le luna park des émissions télévisées sans faire la pute pour autant. Je pense pour ma part que chacun de nous, écrivain ou journaliste, sait exactement la ligne à ne pas franchir. Un jour que je dirigeais la rubrique culturelle d'un grand canard romand, l'on m'a prié d'en faire une rubrique pipole. Donc j'ai foutu le camp. Mais quand la radio ou la télé m'invitent pour un de mes livres, j'y vais, pour autant que je sois sûr de ne pas être noyé dans le n'importe quoi. Ainsi de suite... Ce que vous dites du direct est tout à fait pertinent. Participant à une émission régulière (et littéraire !) de radio, je suis bien conscient des manipulations qui peuvent se faire a posteriori, et d'autant plus reconnaissant envers l'honnêteté de l'animateur qui nous accueille. Parce qu'il est faux, aussi de dire que "tout est pourri" dans les médias. Et ce n'est pas que sur les blogs, mais dans les médias aussi que nous pouvons "tenir". Autant dire qu'à la première occase je parlerai de l'affaire Rushdie dans 24Heures...

  • D'accord avec JLK, tout n'est pas pourri dans les médias.
    J'ai moi-même été encarté pendant dix ans au niveau le plus dérisoire et le plus inutile (localier dans ma ville) et j'ai rencontré quelques "confrères" convenables (très peu).
    Concernant la nécessité de descendre dans l'arène de la télé-poubelle dans l'espoir d'être un peu plus lu et de vendre, je la conçois et je ne songe à jeter la pierre à personne. N'y a-t-il pas cependant - je sais que je vais faire hurler quelques bien-pensants - une certaine naïveté à espérer trouver des lecteurs dans le public de ces émissions ?
    N'ayant jamais vécu de mes livres (leur vente payant tout au plus les cigares) je considérerais comme un accident d'en avoir un jour la possibilité, ce qui ne me donne pas le droit de donner des leçons mais qui me permet de profiter d'une certaine liberté si tant est que ce mot ait encore un sens.

  • Un bon exercice, pour relativiser tout ça, consiste à passer une journée dans le quartier de Kanda, au milieu de Tokyo, où jouxtent des milliers de librairies. La première fois que je m'y suis pointé, j'ai ressenti un double sentiment d'absolu découragment et de confiance retrouvée en cela seul qui importe: que la lecture occupe un quartier entier de cette ville monstrueuse. Depuis lors, quand je me retrouve dans l'entrelacs de gondoles d'une grande surface où se pressent les best sellers de la semaine, je me sens mieux capable d'oublier le Nombre pour aller à la Chose, qui y est (parfois). Bret Easton Ellis a-t-il perdu sa liberté intérieure en devenant mondialement célèbre ? Je ne le crois pas, alors que je suis sûr que Paulo Coelho incarne la non-liberté consentie par goût du lucre. Bref, il y a un peu de tout dans ce petit monde et je trouve très bien ce que dit Alina par rapport à l'aura personnelle des vrais écrivains. Je me rappelle le spectacle surréaliste de Dürrenmatt invité chez Pivot, lequel radotait pendant que la pachyderme génial se dandinait sur son siège. Le pivot de ce soir n'a pas été plus brillant qu'un Ardisson un autre soir, mais la Littérature était du moins là. Donc on aime bien que cette aura soit toujours de la partie, même si celle-ci tourne à la fête fellinienne. Un jour les écrivains seront peut-être interviewés dans un jacuzzi ? On peut rêver ou quoi ?

  • bravo pour cet engagement courageux !!! merci de cliquer sur la signature ...

  • Le lien ne mène nulle part !
    J'ai vu ladite émission, Sami Naceri était manifestement bourré, que faisait Salman Rushdi dans cette galère ?
    Voilà, losque ce sont des Ardisson, des Fogiel, des Ruquier ou des Benichou qui sont les "arbitres des élégances" et les "maîtres à penser" d'un certaine frange d'une génération, c'est ce qui arrive !

  • C'est vrai ça, un bon écrivain est un écrivain mort, ou qui fait le mort. Qu'il ose se montrer bien vivant, qu'il descende dans l'arène, c'est carrément insupportable. Qu'on laisse donc le bon peuple regarder tranquillement la télé, sans lui imposer un spectacle aussi obscène ! Tous aux caves, les écrivains ! Faites trop bizarres dans le décor.

  • Tout le contraire: faut que les nécrivains y aillent, comme Alina y va. Faut qu'on les voie partout, n'y a que ça de beau. Faut qu'y fassent entendre et voir qu'ils sont là. Qand Bret Easton Ellis va chez Ardisson, il est reçu comme un zombie, mais ça fait rien. Faut qu'ils soient partout les nécrivains, même à la Ferme célébrités. Faut qu'ils écrivent ensuite ce qu'ils ont nobservé à la Ferme célébrités. Ravalec y faisait ça et c'était rock and roll. Mais où qu'il est passé Ravalec ? Allez les nécrivains, encore un neffort...

  • Fais pas ci, fais pas ça... Morale, morale, morale...

  • Je les trouve courageux les écrivians "qui y vont", il y a quelque chose du torero dans l'arène qui flirte avec la mort.

  • Qui manipule qui et que s'est-il exactement passé lors de l'enregistrement de cette émission ? Un clic sur Acrimed et vous en saurez un peu plus ou un peu moins sur le comment du pourquoi...

  • Toujours intéressant Acrimed, mais là je n'ai pas trouvé l'info en question, où se trouve-t-elle SVP ?

  • Dans "Rechercher sur le site", taper "Salman Rushdie". Deux articles s'affichent ; sélectionner le plus récent (Philippe Val et Thierry Ardisson), et c'est là.

  • Merci !

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