UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La vérité de Lunar Park

Bret Easton Ellis et la lettre à la petite cousine
Et maintenant que va devenir Magalie, princesse de la Star Ac et des mal aimés ? Comment va-t-elle gérer son million et son vécu quotidien ? Qu’adviendra-t-il de cette étoile de la France d’en bas montée au Ciel de la Réussite ? Quels lendemains pour elle et quels surlendemains ?
Telles sont les questions que je me posais en achevant la lecture de Lunar Park de Bret Easton Ellis, qui ne parle en somme que de cela : de ce qui nous attend en réalité malgré tout ce que nous fantasmons en lisant et relisant la lettre de notre petite cousine Magalie.
C’est Céline, évidemment, qui jugeait du roman dans sa massive tendance comme relevant de la lettre à la petite cousine, et le déballage de la romance contemporaine ne ferait que le conforter dans son jugement.
Or ce que je trouve admirable, arrivé au bout de la lecture de Lunar Park, c’est que ce livre troublant et poignant, féroce et délicat, peut-être le plus beau que j’aie lu cette année avec Le siège de l’aigle de Carlos Fuentes, Le maître de Colm Toibin, Cosmos incorporated de Maurice G. Dantec et les nouvelles de Judith Herman ou celles de William Trevor, subvertisse absolument le genre du tout-dire privé en faisant de la vie de Bret Easton Ellis une fiction romanesque où tout ce qui est raconté relève de l’affabulation, du point de vue de l’anecdote privée (la femme, les enfants, les nannies, le chien, etc.) pour mieux traiter le thème, en somme très jamesien (et la psychologie surfine du romancier se rapproche en effet de James autant que du Philip Roth d’ Opération Shylock) du double et des relations entre les multiples niveaux de ce que nous appelons la réalité.
Il y a dans ce livre un engagement personnel, un mélange de souffrance réelle (ou plutôt de compréhension de la souffrance, de la solitude et des malentendus interpersonnels) et d’humour supérieur, qui relèvent de la meilleure littérature. Et qui, mieux que Bret, pourrait à présent nous parler de Magalie et des siens ?

Commentaires

  • Livre exceptionnel : je trouve. Superbe fin d'article : je trouve aussi. Merci.

  • Merci de me rappeler cette lecture. Bret n'est pas Faulkner, mais Faulkner n'est pas Shakespeare et Shakespeare n'est pas Homère... C'est ce qu'on devrait rappeler aux vidangeurs actuels de la littérature qui prétendent que rien ne se fait (sauf ce qu'ils font évidemment) sous prétexte qu'il n'y a point de Proust à l'horizon - Proust qui savait du moins qu'un petit pan de mur jaune vaut l'Himalaya aux yeux d'un vieux Bergotte...

  • Je respecterai le copyright :-) mais je garde votre formule car elle résume parfaitement tout ce qui voudrait... nous tuer, nous embaumer. Et, bien sûr, Homère, Shakespeare, Faulkner, et Proust, encore aussi, mais aussi, oui, de l'air - de l'air ! - d'aujourd'hui quand il est capté aussi brillamment.
    Merci beaucoup pour cette réponse.

Les commentaires sont fermés.