UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Lesbos

 

C’était un spectacle que de voir le lieutenant von der Vogelweide bécoter le fusilier Wahnsinn.

Je les ai surpris à la pause dans une clairière: on aurait dit deux lesbiches. J’ai trouvé ça pas possible et pourtant ça m’a remué quelque part.


Il faut dire que ça n’avait rien de la fureur du sexe. En fait, il semblait que ni l’un ni l’autre n’y pensait, comme si ça n’entrait même pas en ligne de compte.

Le Hans Wahnsinn est un garçon de la campagne. Il passe son temps avec les chevaux et les filles de métairies. Quant au lieutenant, c’est un type sensible et sportif qui fera son chemin dans la Carrière, dûment épaulé par sa jeune épouse Lena.

Il y a dans les rapports physiques un mystère. Savoir comment Egmont Ulrich Eberhard von der Vogelweide est arrivé à deviner la faiblesse du fusilier Wahnsinn, qui gémit comme une fille de ferme quand on lui léchote les tétons, là je m’interroge.
Mais tout ça reste entre nous.

En tant que parrain des jumeaux purs Aryens des Vogelweide je me la coince; et ma fonction de fourrier du 7e Wunderkommando m’a permis d’apprécier le fusilier Wahnsinn, qui s’est toujours porté volontaire quand ça merdait au niveau des corvées et qui ne se débine pas lorsque les nôtres en chient au front.

(Extrait de La Fée Valse)

Commentaires

  • Ce qui me fascine le plus dans ce très beau texte illustré, c'est de reconnaître en filigrane sous cette voix simple qui nous parle, ce que je m'imagine être le visage de l'artiste. Le spectacle de cet accouplement rustique est si énorme qu'il est immontrable. Sur le plan de l'essentiel, nous serons toujours ceux à qui les images manquent, comme le dit Pascal Quignard. Et pourtant on sent que ce témoin, voyeur comme le Bardamu de Voyage au bout de la nuit, a essayé de ne pas en perdre une miette, de cette fureur primitive, dont même les protagonistes, proustiens en diable, ne pouvaient que détourner leur regard intérieur. J'entends à l'instant un commentaire sur le peintre Bonnard qui fait l'événement à Paris : ce peintre dont les carnets fortifient les autres peintres, est toujours à la fois un œil à l'affût, une attention surbandée, et un témoin à distance, pour laisser vivre le mystère et ne pas risquer de le prostituer.

  • Cher Doc, vous allez faire plaisir à notre ami JLK. Il a recueilli ce texte en 1961, année de la mort de Céline et de Hemingway, de la main d'un jeune Souabe avec lequel il était en échange linguistique. Ils fumaient illicitement des Peter Stuyvesant au bord du Danube nain en écoutant les Schlager de Peter Kraus, l'Elvis allemand du moment, lorsque Thomas lui a ouvert ce carnet de cuir de Russie dans lequel figurait cet écrit d'un sien oncle, fourrier de la Wehrmacht à son corps défendant car il tenait Adolf Hitler pour un aquarelliste de merde. Cet épisode aurait peut-être intéressé Michel Foucault, que Philippe Sollers débine un peu sottement dans son livre, mais JLK n'y a pensé qu'à titre posthume, en découvrant les petites vies auxquelles cet homme singulier portait une belle attention. Quant à Bonnard, my God, vous ne savez pas l'état dans lequel ça met notre ami, bien sûr il y a Soutine mais Bonnard est tellement plus partout sans bouger dans la musique du monde...

  • Viele danke lieber Gevatter, chuis écroulé !

  • Bitte, bitte, mini Chlini, bitte !

Les commentaires sont fermés.