J’avais vu Père et Mère le faire dans la clarté laiteuse de la pleine lune, et ce fut le lendemain en fin de matinée, après avoir achevé les mémoires de Sir Roald Amundsen, que je me présentai au bureau de Père afin de lui demander de m’expliquer ce qu’était la glace.
Père coiffa son panama. Cela signifiait que nous partions immédiatement pour la ville portuaire.
Durant tout le trajet, dans la Dodge, les images de ce que j’avais vu la nuit passée et des hommes sur la banquise se bousculèrent dans ma tête, et j’eus crainte que Père ne s’avisât de mon état.
Notre arrivée à la pêcherie fut remarquée. Ce fut avec certain orgueil que je vérifiai le pouvoir de Père, qui me conduisit alors jusqu’aux longues caisses.
Lorsque Père m’ordonna de toucher la glace, je ne fus pas surpris et cependant il me sembla que mon front se teintait du rose laiteux du sang des daurades.
Image: Philip Seelen