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  • Les âmes vives

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    …Le quartier c’était nos vingt ans, ce qu’on peut dire la bohème, juste à droite y avait le Barbare où on passait toutes nos journées, en dessous y avait la librairie anar, et là, entre deux, le magasin d’âmes où t’en trouvais de toutes les sortes, des blanches, des à feu et même à répétition, c’était le beau temps de Boris Vian, y avait pas d’armes damnées à l’époque…
    Image : Philip Seelen

  • L'un dans l'autre

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     … Tu me diras ce que tu veux mais le corps de ce chien est celui d’une femme, de même que la façon du chien de regarder son Maître est celui de la femme qui regarde le maître de leur chien, et l’âme de la femme a la même douceur de la pierre dont émane l’âme du chien qui regarde le Maître de la femme…

    Image : Philip Seelen

     

  • Réminiscence

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    …Et pourquoi, je t’en prie, le petit pan de mur jaune de Proust ne pourrait-il pas être un grand pan de mur orange, regarde-ça, essaie d’expliquer ça à tes kids qui n’ont aucune idée de qui est Vermeer mais qui savent très bien ce que c’est qu’un souvenir perso ou l’impression que tu peux tout retrouver de telle ou telle année à travers tel ou tel détail, j’sais pas, Radiohead sur fond de ciel rouge la nuit où t’as rencontré la fille de tes rêves, des trucs comme ça…
    Image : Philip Seelen

  • L'Unique

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    … Ya plein de femmes dans le monde, c’est prouvé par les statistiques, mais cette femme que ce doigt désigne, même si c’est pas bien de montrer du doigt comme ça, cette femme est unique, comme toute femme d’ailleurs est unique, mais celle-ci est particulièrement unique puisqu’un homme unique, du nom de Duplomb, a pu dire de son vivant que c’était SA femme…

    Image: Philip Seelen

     

  • Les deux écoles

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    …Freud a prétendu, dans son analyse du rêve dit de L'enchaîné, que la transformation du piège en couronne, au front du Fils, illustre in-dis-cu-ta-ble-ment une forme patente de sublimation dont la mère castratrice (la Reine invisible) est évidemment l’Objet, mais Lacan revisite la thématique de l’arène invisible où se joue le drame du pied que le Prince coiffé des dents de la mère ne peut prendre…
    Image : Philip Seelen

  • Incognito

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    … L’agréable dans le quartier c’est que tu passes complètement inaperçu, même si tu viens de tuer quelqu’un ou de ressusciter quelqu’une, de faire danser un quatuor d’hippocampes dans l’aquarium de Maître Lin aux longues oreilles, ou d’extraire un cœur de rainette de son corps gracieux pour le voir battre sous le ciel mauve d’une tapisserie Song - moi dont le père était griot à Barbès, et qui maîtrise aujourd’hui l’Oud yéménite et les Essais de Montaigne, je traverse le quartier sans être plus remarqué que le djinn dans la médina ou au front de guerre, quand le danger rend plus belles les invectives matricides d’une dune à l’autre…
    Image : Philip Seelen

  • Ceci est mon cor

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    … A la différence de la trompette coudée ou du gyrophone ordinaire, notre instrument s’abouche à tous les vents de la Rose, de la plus frêle brise aux rugissants à grain noir, dont le souffle devient musique par la modulation du convertisseur de fluide éthéré - et c’est ainsi qu’un alizé rivalise avec le plus pur Fauré tandis qu’un vent d'orage te relance un Verdi du tonnerre de cuivres...

    Image : Philip Seelen  

     

  • Le pour et le contre

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    …Nostalgie, nostalgie, je ne sais pas, ah certes je ne saurais décrier le temps des fiacres, lorsque nous faisions cattleya sous la capote, pourtant gardons-nous d’idéaliser cette époque qu’on a dit Belle et qui fut celle aussi du gaz ypérite et de l’influenza, tandis qu’à présent, même sous les pluies acides ou les retombées de volcans vous sortez couvert et vous êtes tranquille…
    Image : Philip Seelen

  • Michel Tournier voyageur

     

    LireTournier.JPGL’auteur du Roi des Aulnes à travers la géographie du monde, des idées et des mots. Un nouveau titre de la collection Voyager avec... que dirige Maurice Nadeau.

     

    À en croire le grand éditeur et critique Maurice Nadeau, qui incarne « le » découvreur des littératures contemporaines   en France, de Malcolm Lowry à Michel Houellebecq, en passant par J.M. Coetze et tant d’autres, l’écrivain voyagerait autrement que le commun des mortels, touriste conditionné ou bourlingueur à tout va. Parce qu’il serait supérieur à ses semblables ? Nullement. « Par vocation, par habitude, par métier, il regarde. Il ressent, il rêve, il médite. Il se réjouit ou il regrette, il approuve ou il dénonce, comme nous tous ». Nuance pourtant : « À la différence de nous tous, il exprime. »

    C’est ainsi pour ce qu’expriment les écrivains en voyage, parfois sur commande, comme un Cendrars ou un Simenon en reportage, parfois pour raison de santé ou d’exil, parfois encore simplement pour voir le monde que la très remarquable collection « Voyager avec… » a été conçue par Maurice Nadeau à la double enseigne de Louis Vuitton et de la Quinzaine littéraire.

    Le vingt-deuxième titre de ladite collection est consacré aux voyages de Michel Tournier aux quatre coins de la planète. L’Auteur du Roi des Aulnes rejoint donc la liste des écrivains accueillis jusque-là, qui représente à elle seule un formidable programme de lecture-exploration à travers la littérature du XXe siècle. On y croise ainsi, pour citer deux grands classiques anglo-saxons, les routes au long cours d’un Joseph revenu de toutes les tempêtes avec un esprit d’analyse d’une pénétration sans pareille, ou d’un Henry James jetant des passerelles entre Europe et Amérique. Dans la foulée, nous voyons à quel point ces « vieilles barbes » ont pressenti, devant l’effondrement des empires, les mutations que nous vivons aujourd’hui. De la même façon, c’est à travers ses voyages à Berlin, à Paris, en Amérique ou au Mexique, que nous comprenons le rapprochement prémonitoire que le poète soviétique Vladimir Maïakovski établit entre le gigantisme des puissances technologiques rivales, tout en vivant un déchirement qui le conduira au suicide.

    Trois grands écrivains femmes, dans la même collection « Voyager avec… », à savoir Virginia Woolf, Marguerite Yourcenar et Simone de Beauvoir, illustrent, chacune à sa façon, une façon de voyager où le thème de l’émancipation se trouve modulé, qu’il soit à caractère affectif et existentiel ou fondé sur des composantes sociales ou politiques. Dans les trois cas, en tout cas, l’élément sensuel traluit avec plus d’intensité au fil de journaux intimes ou d’écrits épistolaires. La correspondance est d’ailleurs, pour tous les écrivains en voyage, une base littéraire récurrente, comme l’illustrent évidemment les Lettre à une compagne de voyage de Rilke. Quant à l’écrivain de science fiction Philip K. Dick, présenté comme un « zappeur de mondes », il rebondit pour sa part dans un voyage initiatique et psychédélique où « dérailler est peut-être la meilleure façon d’arriver ».

    Et chacun, de Le Corbusier à François Maspero, ou de Walter Banjamin à D.H. Lawrence, de parcourir et d’exprimer un labyrinthe à sa ressemblance. Ainsi, décriant toute vie intérieure, Michel Tournier célébrera-t-il le voyage « extime »…

     

    Tournier le géophile

    Michel Tournier a beaucoup voyagé au cours de sa longue vie. Or, c’est un autre voyage à travers la vie et l’œuvre de l’écrivain que nous propose ce très substantiel recueil de textes choisis et commentés par Arlette Boulaumié, spécialiste de l’auteur.

    Convaincu qu’un écrivain est marqué à vie par les lieux d’élection de son enfance, comme il le fut lui-même par ses vacances en Bourgogne, Tournier consacre de belles pages à cette terre première, puis à l’Ouest normand, à sa bohème parisienne en lÎle Saint-Louis et à la Provence, avant de s’attarder à l’Allemagne dont il parle, germaniste distingué, avec une connaissance approfondie.

    Pour le reste du monde, d’Afrique en Israël ou d’Islande au Japon – où il dit qu’il pourrait vivre -, via le Canada, l’Inde ou le Brésil, l’écrivain affirme qu’il a aimé tous ses pays en préférant, toutefois, le « repaysement » au dépaysement…

    Au fil des évocations, la constante mise en relation des observations de l’écrivain en voyage et de leur impact dans son œuvre de romancier, ou dans ses essais, double l’intérêt de l’ouvrage, encore enrichi par le contrepoint des photographie d’Edouard Boubat, complie ce longue date.

    Il en résulte un livre des plus éclairants pour qui s’intéresse à Michel Tournier et à son œuvre, illustrant son goût pour la géographie en tous ses états.

    Ces articles ont paru dans l’édition de 24Heures du 3 juillet 2010.

  • Les Invisibles

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    En vérité je vous le dis : notre secte est la seule au monde qui n’exige aucune espèce de présence repérable selon les normes visibles, et même si son influence s’accroît chaque jour de manière exponentielle à tous les niveaux de tous les pouvoirs, nul ne peut dire qui en est ou croit en être puisque nul n’accède jamais aux comptes du Chiffre Rouge…
    Image : Philip Seelen

  • Fierté de l'Agent

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    …C’est vrai que passer d’agent de la circulation à gérant des flux demande une certaine pratique et surtout du sang-froid, en fait tout est dans la maîtrise modulée des interconnexions et plus encore dans l’évaluation anticipée des dysfonctionnements aléatoires, mais tu verras que c’est plus difficile à dire qu’à faire, camarade policier, et qu’on n’a pas fait tout ce chemin pour se contenter de presser le bouton rouge…
    Image : Philip Seelen

  • Contamination

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    …T’as besoin d’une traduction, t’as besoin d’un dessin, t’as besoin d’un rappel des faits, t’as besoin d’un tableau statistique des conséquences de l’événement et de ses retombées à long terme, ah bon ça ne te rappelle vraiment rien, tu dis que personne ne vous a jamais parlé de ça, et tu penses que ça ne concerne plus les gens de ton âge, et tu estimes qu’il vaut mieux tourner la page ?...
    Image : Philip Seelen

  • Panopticon mode d'emploi

    Panopticon5643.jpgPanopticon99992.jpgPanopticon666.jpgPanopticon10.JPGPanopticon66.jpg Panopticon34.jpg

     

     

    Sur 20 mois d'exercice de contrepoint avec Philip Seelen (photos) et JLK (textes)

     

    Il y aura vingt moi, ces jours, que nous avons entrepris, avec Philip Seelen, grand connaisseur de l'art photographique et imagier lui-même, un jeu de contrepoint que nous avons intitulé Panopticon et qui compte, aujourd’hui, près de 300 unités, dont on retrouve une partie classée sous cette mention sur la page d'accueil du blog  littéraire de JLK : http://www.hautetfort.com. Mais de quoi s’agit-il plus exactement ?

    Il s’agit d’une brève séquence de texte accolée à une image. Le processus est inamovible. Philip, le plus souvent établi à Paris, m’envoie des séries d’images (il doit y en avoir plus de 2000 en tout), desquelles je retiens celles qui me parlent illico ou m’évoquent quelque chose. En regardant l'image d’un œil, je compose sous l’autre une phrase dont la seule ponctuation est faite de virgules, à la rigueur de points-virgules, entre deux couples de points de suspension. Si le procédé relève du système, voire de la contrainte, le ton et la manière de chaque texte sont absolument aléatoires, entre délire lyrique et pointes satiriques, observation du passant ou note méditative du flâneur. À ce propos, le hasard des parutions m’a fait recroiser en chemin celui de Walter Benjamin, maître flâneur et cueilleur de signes s’il en fût. Une sensibilité proche et le même goût de la ville autant que de la nature plus ou moins sauvage va de pair, chez Philip et moi, avec un goût prononcé pour le second degré, ce qui ne manque parfois de troubler certains lecteurs, voire de les déstabiliser. Nous en sommes désolés mais craignons, étant ce que nous sommes, d’avoir à persévérer dans ce mauvais esprit. À préciser enfin que l’ exercice du Panopticon se fait, entre nous, sans la moindre concertation. Philip n’a jamais conçu une image à partir de mes écrits ; il découvre ce que j’écris sur ce qu’il nous a fait voir sans jamais le retoucher – telle étant la règle du Jeu.

     

    La Désirade, ce 4 juillet 2010.

     

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  • Par delà la haine

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    La régate, un très beau film, violent et tendre, de Bernard Bellefroid.

    Alexandre, quinze ans et un potentiel de champion d’aviron, ne prend d’abord que des coups. Son père le tabasse, sa petite amie lui bat froid et son coach lui reproche ses absences. Au fil des épreuves, il comprend cependant qu’il ne s’en tirera qu’en surmontant sa rage orgueilleuse, avec l’aide de son entraîneur, de son amie bienveillante et d’un rival qu’il finit par accepter comme coéquipier au fil d’une épreuve partagée en mer...
    Si la victoire sportive finale lui échappe après que son père lui a brisé une main, le garçon sort grandi de ses tribulations. Le dernier regard qu’il adresse à son vieil ado de père en dit long à cet égard.
    Marqué par autant de violence que de tendresse, et réellement bouleversant dans les séquences finales, La régate de Bernard Bellefroid rappelle à la fois le réalisme social des frères Dardenne et le mémorable docu-fiction d’Ursula Meier, Des épaules solides. Si le thème central est le conflit entre un père loser et son fils s’acharnant à se sortir de la dèche par l’auto-affirmation exaltée du sport de pointe, le film en impose autant par sa tension radicale que par ses nuances affectueuses.
    De toute évidence, Bernard Bellefroid aime ses personnages, jusqu’à l’abjection du père, dont il travaille la pâte humaine en plein accord sensible avec ses comédiens. Tous sont remarquables de présence et de vérité, à commencer par la paire explosive du fils (le jeune Joffrey Verbruggen, d’une intensité incisive) et de son paternel délabré (Thierry Hancisse, formidable de veulerie émouvante), avec lequel contraste l’entraîneur (Sergi Lopez, tout de justesse lui aussi). Le mot justesse caractérise d’ailleurs ce film à tous égards…

    Sur les écrans romands dès le 7 juillet.

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  • Tentation

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    …Votre sagesse cherche le sens du mot écrit tandis que vous tendez la main vers la lumière que celui-ci diffuse,  puis votre main est saisie par votre folie qui la pousse à toucher le mot à quatre lettres, comme DIEU, mais votre sagesse rappelle à votre main que le mot DIEU dans cette langue se dit GOD, alors votre main, follement, tremble…

    Image : Philip Seelen

     

  • Ceux qui tiennent bon


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    Celui qui console la veuve dont l’orphelin n’est plus / Celle qui badigeonne les costauds de mercurochrome / Ceux qui chantent en chœur sous les fenêtres de la maîtresse de piano en fin de vie / Celui qui porte la paralytique jusqu’à la rivière aux creux revigorants / Celle que L’Annonciation de Fra Angelico réjouit toujours autant même à l’état de repro minable / Ceux que le seul souvenir de leur mère apaise / Celui qui remonte la pente en se récitant divers poèmes / Celle qui se calme en se rappelant que c’est jour de visite / Ceux qui se font du bien au parloir / Celui qui fait des patiences avec la dame russe / Celle qui remonte la pendule des esseulés de la barre Saint-Ex aux escaliers délabrés / Ceux qui s’en tirent finalement sans tirer / Celui que revigore le spectacle de la rue en liesse / Celle qui ne pleure plus que pour les autres / Ceux qui se reconnaissent à la salle de lecture de la prison en dépit de tant d’années / Celui dont le seul timbre de la voix rend confiance aux accros de la Ligne de cœur / Celle qui se rend au bal des éclopés d’un bon pas quoique boitant bas / Ceux qui se satisfont de mieux faute de mieux / Celui que les lettres de sa marraine belge font tenir le coup au pavillon des cancéreux / Celle qui échappe à son voisin moitié chapon moitié hyène / Ceux qui trouvent en la poésie tout ce qui les dépasse / Celui qui reste debout quand il s’agenouille / Celle qui trouve son bonheur dans les sorties du Groupe Spirituel / Ceux qui ne se fient qu’aux poètes / Celui qui n’est à l’aise que dans l’énoncé des contradictions par l’Image / Celle qui estime que parole et parabole vont de pair / Ceux qui savent que biens de cendres ne leurrent que doigts de fumée / Celui qui se dirige aux étoiles même par temps dans sa cellule aux relents d’urine / Celle qui voit à son tour « les méduses du rêve aux robes dénouées » / Ceux que leur pessimisme rend encore plus gais / Celui que déprime la frime positive / Celle qui se purge de toute vanité en se trouvant si vaine qu’elle en sourit d’indulgence plénière ou quéchose comme ça / Ceux qui savent que la poésie est un art de l’être mais n’en font pas un plat, etc.

    Image : Philip Seelen