« Certes, le vieux monde n’est plus de ce monde,
mais plus vivant que jamais » (Ossip Mandelstam)
Qui aura chanté pour l’enfant
dans vos rangs défilés
de battants obsédés
par la plus vide arborescence ?
Au présent digitalisé,
tout adonnés à vos écrans,
vous vivez par procuration:
même le vent s’est absenté,
le vent, la mer aussi blessée
d’être exclue de vos rêves,
et vos rêves perdus -
le rythme et la rime exclus
de vos seuls algorithmes...
L’haleine du chien me revient:
le souvenir des crocs
mordant au plus tendre du corps
de l’enfant pour jouer -
l’enfant qui jouait à la guerre,
le plaisir solitaire
de l’Être se reconnaissant
dans la caresse des amants...
À trier vos déchets,
ceux des enfants qui restent là,
retrouvant si jamais
le temps en regrets égarés,
vont-ils oser le chant ?
Retrouver les saveurs du chant
de la diva qui s’extasie,
et toute l’ironie
du sort et des fééries
d’avant la vallée de la mort ...
Revivre enfin la douce vie
capable de mystère,
relancer la cérémonie
du chemin sur la mer...