UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le courage de Boualem Sansal

b2fed6a83c56b851a1cbe309fd7dc078.jpg
Le village de l’Allemand, entre Shoah et Djihad

La lecture du Village de l’Allemand, nouveau roman de l’écrivain algérien Boualem Sansal, est immédiatement prenante. Aussitôt on plonge dans un drame aux multiples occurrences personnelles et autres ramifications historico-politiques, dont le Mal du XXe siècle et de celui qui a si dangereusement commencé, entre Shoah et Djihad, tisse la trame de sang et de destruction, d’ignominie et de honte.
Cela commence, en octobre 1996, par le journal du jeune Malrich (prénom condensant Malek et Ulrich), dont le langage signale un beur de banlieue plutôt atypique, puisque son père est d’origine allemande, et qui commence d’écrire six mois après le suicide de son grand frère Rachel (condensé de Rachid et Helmut), brillant sujet, comme on dit, mais sombré dans le désespoir on ne sait pourquoi.
On le comprend mieux après que Com’Dad, le commissaire de quartier de la « zone urbaine sensible de première catégorie » où survivote Malrich, remet à celui-ci les quatre cahiers chiffonnés constituant le journal de Rachel, ledit Com’Dad lançant au plus ou moins voyou : « Faut lire, ça te mettra du plomb dans la tête. Ton frère était un type bien ». Et de fait, ces cahiers vont changer la vie de Malrich, comme la vie de Rachel a changé, au lendemain d’un massacre, en 1994, qui a coûté la vie à ses parents, là-bas dans un douar du bout du monde du nom d’Aïn Deb, quand il découvrit qui fut en réalité son père déclaré « martyr », l’ancien SS Hans Schiller…
On sait le grand talent de Boualem Sansal, auteur de l’admirable Serment des Barbares, et son courage intellectuel, qui lui a dicté l’an dernier la lettre ouverte de colère et d'espoir au pouvoir et au peuple algérien intitulée Poste restante : Alger. On se rappelle l’amitié qui le liait à Rachid Mimouni, autre romancier intègre qui mourut désespéré en Europe et dont le corps rapatrié dans son pays fut déterré par les islamistes pour être dépecé et livré aux chiens de la nuit. Je me souviens qu’à ma dernière rencontre de Mimouni je lui souhaitai d’être protégé par Allah. Or c’est le même Allah que j’invoque en lisant ce nouveau livre, inspiré par une histoire vraie, où alternent les voix des deux frères, celle de Rachel relayant elle-même les voix de tous les témoins de l’horreur, Primo Levi en tête et transmettant à celle de Malrich une nouvelle conscience et l’espoir que la honte puisse être dépassée par le « geste d’amour » de son sacrifice…
Boualem Sansal. Le village de l'Allemand, ou le journal des frères Schiller. Gallimard, 263p. 

Commentaires

  • Cher Monsieur Kuffer,
    Je cherche à vous contacter.
    Cordialement

  • Ce n'est pas sorcier: de la face nord du Grammont, photographiée sur votre blog au 14 janvier 2008, vous vous trouvez exactemnent en face de la Désirade. La petite lumière en haut à gauche, c'est la lampe de mon écritoire. Donc vous n'avez qu'à faire signe. Sinon, mon e-mail se trouve dans la colonne de gauche, sous A Propos. Bonsoir les nomades...

  • Boualem Sansal, un véritable écrivain. Je ne savais pas pour le corps de Rachid Mimouni. Ce scandale n'a pas été assez dénoncé.

  • Rachid Mimouni n'est pas mort en Europe mais à Tanger. Il n'avait pas eu la chance d'avoir un visa pour la France. Cette histoire morbide de son corps "deterré et livré en pature aux chiens" est une pure invention. Ce n'est pas respectueux pour Rachid Mimouni.

  • Cette histoire de "village de l'allemand" près de Setif est une fiction. Il y a effectivement un village "des allemands" près de Tiaret qui avait accueilli des refugiés d'Alsace fuyant la conquête alllemande en 1871. Ce village s'appelait "La fontaine". Il a repris son ancienne identité à l'indépendance pour devenir Ain Dheb.Le sobriquet moqueur de "village des allemands" date de l'époque coloniale. Les alsaciens étant considérés comme trop proche des allemands, culturellement parlant. M. Sansal, en bon économiste, fait du marketing pour son livre en instrumentalisant les victimes de l'haulocauste et en réduisant son pays et la banlieue en une série de clichés trop loin de la réalité. Il sait par alleurs qu'il peut tout dire et écrire sur l'Algérie sans la moindre inquiétude. L'odre nazi qui fait tant frémir de peur M. Sansal est une chimère.

  • Vous n'y êtes pas du tout: c'est vous qui faites dans la chimère. L'histoire dont s'inspire Boualem Sansal est authentique et je tiens à votre disposition de sûrs témoignages du fait que l'Algérie révolutionnaire a fait très bon accueil à d'anciens nazis. Quant à votre phrase sur "l'ordre nazi" réduit à une chimère, elle a effectivement de quoi faire frémir !

  • J'attends vos témoignages "authentiques" sur le nazisme dans mon pays. Merci d'avance.

  • Lisez donc Le banquier noir François Genoud, de Karl Laske, ou François Genoud l'extrémiste - de Hitler à Carlos, de Pierre Péan. Banquier suisse fasciste, Genoud, qui s'est suicidé en 1996 à Lausanne, fut, entre autres, le financier du FLN algérien et ces deux ouvrages parlent des filières d'exfiltration des anciens nazis vers l'Afrique du Nord. Ce n'est pas moi qui fantasme ou désinforme: ce sont les faits, et ils sont têtus.

  • Ne detournez pas le problème, Monsieur. Avez-vous ces preuves authentiques sur l'existence de criminels nazis ayant été protégés par l'Algérie comme le suggère Boualem Sansal. Si oui, pourquoi ne l'avez-vous pas dénoncé auprès des institutions qui traquent les nazis depuis des lustres?
    Pour ce qui est de M. Genoud, "nazi d'opinion" pour reprendre l'expression de Maître Verges, vous dites bien qu'il a vécu en Suisse et décédé en Suisse! En quoi le FLN algérien est-il comptable du vécu de ce banquier en Suisse ?

  • Le FLN en est comptable vu que Genoud en a été le banquier attitré. Soutien des Palestiniens, il a par ailleurs adhéré aux options islamistes les plus radicales. Mais tout cela n'est pas mon affaire, et moins encore de dénoncer je ne sais qui. Renseignez-vous si cela vous intéresse. Pierre Péan et Karl Laske, entre beaucoup d'autres, sont bien mieux indiqués que moi pour vous éclairer, à supposer que vous le désiriez. Boualem Sansal, que je sais un honnête homme, a déclaré partout que l'histoire dont il s'inspire est absolument avérée. Un argument de plus dont vous ferez ce que vous voudrez.

Les commentaires sont fermés.