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Prends garde à la douceur

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De la croix .- Vie et destin et tout est dit de la croisée de vos chemins à lentes foulées de pieds sarclant le temps de vos pensers profonds, ou dansant parfois, rampant ou vous tordant cloués sur vos lits de douleur - et c’est pourtant de tout cœur et l’âme sereine que vous l’inscrirez enfin: vie et destin...

 

Des vies conjuguées.- Comment allez-vous, ont-ils commencé de vous demander comme si vous n’étiez qu’un, et au sortir du cinéma : comment l’avez-vous trouvé, sans supposer que l’avis de l’un puisse différer du jugement de l’autre, et de fait l’illusion parfaite vous convenait sans vous contenir tout à fait, trop occupés tous deux à voir au-delà de ce que voyaient vos regards conjugués...

 

De la théopoésie.- Hélas nous autres bohèmes n’avons jamais été de trop fins théologiens, trop impatients ou trop librement emportés alors que vous argumentiez avant de manger du corps de l’Absolu comme s’il fût plus qu’une symbolique idée, et tant de mots latins pour en imposer quand la poésie le disait les yeux fermés dans la langue du tout humain...

 

Des marteaux et des marées.- La Raison m’était trop froide, et le seul sentiment trop tiède, te diras-tu in petto en te rappelant leurs chicanes de fauves intelligents mâles et femelles se jetant à la gueule l’argument entre cafés et chapelles, et c’est ce manque de plus tendre collaboration que tu déplores aujourd’hui dans le tintamarre et la confusion des principes, entre jactance hagarde et robotique...

 

Des doublures .- La séparation des genres et des âges ne les a jamais occupés ni préoccupés, elle dans le cambouis et lui troquant le bracelet de force pour les vocalises imitées de l’oiseau Soprane, elle et lui se complétant sans ignorer la compétence inusitée de l’autre ou son envie d’en tâter (la subite attirance d’Ophélie pour la conduite motorisée à tombeau ouvert), et pourquoi ne pas ignorer les frontières ou brouiller les critères si ceux-ci ou celles-là réfrènent nos élans conjugués...

 

Du trouble-fête.- Celui que vous avez rejeté était peut-être un Veilleur, mais on n’en est pas sûr: on n’est sûr de rien dans votre semblant de fête où veiller ne peut qu’être suspect...

 

Des motifs oubliés. - Nous ne savons pas qui étaient les millions d’affamés de toutes les terres où sévirent les affameurs, nous sommes en vie sans être sûrs de notre droit à l’être, nous ignorons ce qu’aurait été la vie de millions de suicidés aux motifs obscurs ou occultés, nous croyons savoir qui nous sommes sans en être sûrs...

 

Des illuminés.- Distinguer les porteurs de lumière des imposteurs n’est pas donné à qui n’a pas reconnu la lumière en lui, et conclure à la folie des lumineux relève trop souvent de la crainte de la découvrir...

 

De l’abnégation.- Celui qui se croit rejeté, ou celle qui l’est en effet, ceux qu’on ignore ou qu’on écarte ont la chance d’être rendus à eux-mêmes où il leur sera donné de renaître s’ils ne se rejettent pas...

 

De l’évidence.- Ton mystère ne résidait pas dans ce qui m’était caché de toi, tes secrets ou tes obscurités, mais dans ce que je découvrais chaque jour de toi de nouveau, qui me semblait chaque jour plus beau d’être révélé en pleine lumière...

 

De la vanité.- À se reprocher dans ses écrits le néant de ceux -ci, et d’y insister sans répit, il ne faisait qu’y ajouter avec l’amère volupté de qui n’a rien à dire et fait comme s’il le savait...

 

De la confiance .- Nous n’avons pas eu besoin de nous confier beaucoup pour nous fier l’un à l’autre, sans trop le seriner aux autres vu que ceux-ci le voyaient assez: que nous étions confiés l’un à l’autre...

 

De la bonté gratuite.- Qu’une bonne pensée, un beau geste, et toutes les formes de l’attention bienveillante fussent l’objet d’une rétribution, et donc d’une sorte de commerce, nous révulsait également, nous qui n’étions pas ce qu’on peut dire des gens bien de naissance ni n’étions sûrs d’être bons par nature, juste convaincus de la beauté sans prix de la bonté...

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