Ce jeudi 31 décembre 2020. – La plus étrange année du XXIe siècle s’achève aujourd’hui, selon notre calendrier, sur fond d’incertitude planétaire, au tréfonds de la déprime pour certains et dans la plus grande perplexité en ce qui me concerne, avec le sentiment profond que la vie continue comme après toutes les calamités naturelles ou imputable à notre espèce, et comme une confiance qui se défend d’être un aveuglement.
Je lisais hier soir, dans le dernier essai, à la fois touffu et intéressant parfois, de Slavoj Zizek, intitulé Dans la tempête virale, que les bouleversements écologiques subis par la planète, et notamment la destruction du permafrost arctique, nous réservent d’autres surprises virales que le dégagement inéluctable de gaz hilarant ( !), et que les retombées des deux premières vagues de la pandémie actuelle feront partie désormais de notre environnement global.
Hier aussi, mon ami Richard Dubugnon, évidemment affecté par le fait qu’il n’ait pu donner aucun concert depuis mars dernier, m’a envoyé plusieurs documents numériques à coloration catastrophiste, notamment de l’anthropologue genevois Jean-Dominique Michel qui avait défendu le « documentaire » Hold-up, revenant ici avec un « petit essai de psychopathologie apocalyptique » où sont visés, une fois de plus, les abus de pouvoir des autorités politico-sanitaires.
Dans un premier temps, j’ai rappelé à Aliocha qu’il avait de beaux enfants, une femme adorable et un jardin où relire les classiques en plus de la musique, tout en comprenant son désarroi et sa révolte, comme Slavoj Zizek comprend la peur et la panique, même entretenue à disproportion, de la plupart des gens ne sachant pas plus ce qui leur arrive que les prétendus experts.
Nous ne savons pas : voilà la belle découverte, et qui exige de tous un peu plus d’humilité, à commencer par les scientifiques que Freeman Dyson, le physicien rebelle, a raison de classer en arrogants et en modestes.
Et qui a raison ? Les libertariens à l’américaine ou les partisans du surveiller et punir à la chinoise ? Ni les uns ni les autres, probablement, et Zizek d’invoquer alors une nouvelle donne «communiste» qui n’aurait rien de commun avec la doxa marxiste sauf qu’elle supposerait bel et bien une réadaptation complète de nos économies soumises à la seule logique du profit et du rendement – et de citer alors la notion de co-immunisme introduite par Peter Sloterdijk, et d'évoquer les mesures qui, sans doute, devront être prises désormais à grande échelle pour se protéger de nouvelles attaques virales annoncées depuis longtemps et peut-être plus prévisibles aujourd’hui...
FANTASMES & Co. – Je me demandais, hier, si j’allais poursuivre la lecture du nouveau roman « à succès » de Nicolas Feuz, intitulé Le Calendrier de l’après et qui brosse le tableau apocalyptique d’un monde ravagé par le virus Verna, en imaginant un élu au prénom d’Alexis, fils de la super-soignante Élise Marval, quasi sanctifiée et devenue égérie de la Gouvernance, puis assassinée en suite des conflits liés à la distribution inégalitaire des vaccins...
Tout cela, raconté avec la vivacité naïve d’un romancier pour ados, et jouant sur les fantasmes de peur et de défiance opposée aux autorités, dans une Suisse romande de bande dessinée, m’a d’abord semblé d’un simplisme infantile, rappelant tant de séries B américaines et autres romans-catastrophe caricaturaux à la manière du pauvre Pandemia de Franck Thilliez, et je ne me voyais pas perdre plus de temps à cette lecture, pas plus qu’à celle des élucubrations « révolutionnaires » du transgenre Paul Preciado entrevoyant l’aube d’un monde enfin libéré de siècles de tyrannie patriarcale, sur quoi je me suis dit que non : que j’allais lire « tout ça » pour en juger sur pièces, comme autant d’éléments d’un dossier vivant représentant une partie de notre roman des temps qui courent.
DE LA REALITÉ. – La faiblesse, à mes yeux, des dystopies les plus alarmistes, d’hivers nucléaires en dévastations biologiques, tient à leur manque de détails, or la réalité est dans le détail, la réalité a mille fois plus de ressources imaginatives et immunitaires qu’on ne le croit, et c’est pourquoi je reste optimiste et confiant en pariant pour le Sage inconnu…
NOUVELLE DONNE. – Mon prochain livre s’intitulera L’Année Zéro et sera constitué par le montage de mes carnets de mars 2019 à décembre 2020, avec le sous-titre de Journal des Quatre vérités. Ce sera le septième volume de mes Lectures du monde englobant les années 1973 à 2020, alors que l’avant-dernier volume, Mémoire vive (carnets 2013-2019) reste inédit.
L’éditeur qui publiera L’Année Zéro aura le privilège de publier ensuite Mémoire vive et mon roman panoptique en voie de finition, Les Tours d’illusion. Il lui sera en outre autorisé de publier ma trilogie poétique de La Maison dans l’arbre, La Chambre de l’enfant et Le chemin sur la mer.
Cela conformément à ma doctrine liée à la nouvelle donne mondiale, qui voudra désormais que les éditeurs proposent et que les auteurs disposent. J’enverrai ainsi L’Année Zéro à sept ou quatorze éditeurs choisis auxquels je communiquerai mes exigences précises, et dont les offres seront soigneusement examinées par les services sourcilleux de ma firme, etc. Dans l'attente de réponses recevables, tous mes écrits seront disponibles en ligne à l'enseigne de Wordpress dès le 30 février prochain. Voilà pour aujourd'hui...