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  • La série dans la cour des grands

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     Produit de la spéculation immobilière sauvage et de la téléréalité, l’Ubu «réel» de la Maison Blanche a suscité son contraire virtuel dans la percutante fiction de Designated survivor. De Woody Allen et Gore Vidal aux séries les plus créatives, des «effets de réel» pimentent la critique des pouvoirs et autres formes d’aliénation. La fiction au secours du réel ? Ou le contraire ? Et si tous deux fusionnaient dans le monde actuel ?

    Chronique de JLK

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    Que s’est-il réellement passé ce soir-là, au cinéma Jewel, lorsque le bel aventurier Tom Baxter est sorti de l’écran pour venir au secours de la tendre Cecilia malmenée par sa brute de conjoint - lui-même victime de la crise économique – et rêvant d’un monde meilleur, si possible plus romantique ?

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    La question, posée par Woody Allen dans La Rose pourpre du Caire, datant de 1985, rebondit à la lecture de Duluth, roman satirique de Gore Vidal paru deux ans plus tôt et jouant lui aussi sur la confusion entre réalité et fiction puisque ses personnages, inspirés par les figures principales de la série Dallas, évoluent à la fois à l’écran et dans la réalité en 3D de la ville de Duluth.

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    Phénomène nouveau ? Pas vraiment, puisque le poète-politicien Dante Alighieri multiplia lui aussi les «effets de réel» dans La Divine Comédie, usant notamment du name dropping six siècles et des poussières avant Michel Houellebecq, et fourrant parfois certains de ses contemporains toujours vivants, qui l’avaient plus ou moins chicané en politique, dans tel cercle de l’enfer ou sur telle corniche du purgatoire.

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    Pourtant on ne saurait confondre le poème de Dante avec un reportage sur son époque, ni comparer ses terribles jugements sur ses semblables, jusqu’aux plus hauts placés sur les trônes ou sous les tiares papales, avec l’imagerie pourtant virulente des séries italiennes récentes Gomorra ou Suburra. Il en va évidemment du prodigieux compactage du fichier informatique, si j’ose dire, représenté par la Commedia, combinant tous le savoirs de l’Antiquité et du Moyen Âge dans la perspective d’un triptyque lyrico-théologique à valeur de somme édifiante.

    Cependant on n’est pas obligé de vénérer ce Monument à genoux. On peut aussi lui tourner autour et voir comment s’agencent son scénar, sa mise en scène oscillant entre le Metropolis de Fritz Lang et les déconstructions à la Fellini, ses dialogues et tout le toutim.        

    Arts « majeurs » et genres « mineurs » en mutation

    Il fut un temps, pas si lointain, où les élites culturelles en général, et littéraires en particulier, notamment en France académique et plus ou moins snob, se penchaient avec dédain sur les production de la culture dite populaire, classant à part les genres «mineurs», du roman policier à la science fiction ou, comme un résidu vulgaire du 7e art, les séries télévisées.

    Bien entendu, l’on se gardera de la démagogie au goût du jour qui voudrait qu’une BD tirée de L’Odyssée fût comparable à l’original. La série à venir tirée de La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, premier best-seller mondial de Joël Dicker, sera-t-elle seulement à la hauteur de l’original ? Wait and see.

    Reste que, depuis la série Twin Peaks, co-signée par David Lynch, le genre présumé mineur a pris du galon en matière de créativité, tant du point de vue de la dramaturgie que du filmage, des thématiques et des dialogues. Comme Hollywood a bénéficié jadis des services d’écrivains de haute volée (un Faulkner, entre tant d’autres) et d’équipes de pros de plus en plus ferrés dans tous les domaines de la réalisation, certaines chaînes de télévision américaines (notamment HBO) ont osé parier pour la qualité et l’originalité, qui nous ont valu The Wire (À l’écoute), exceptionnelle plongée d’une docu-fiction dans les strates sociales d’une grande ville (Baltimore) ou Les Soprano et True detective, séries policières qui laissent loin derrière elles les feuilletons plan-plan à la Julie Lescaut et autres Navarro, entre tant d’autres.

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    Même tributaires de l’audience, les séries les plus intéressantes (il doit bien y en avoir une ou deux centaines sur des milliers), tant aux States qu’en Grande-Bretagne ou dans les pays nordiques, en arrivent parfois à surclasser la production cinématographique, où les pépites ne sont pas moins rares.

    Or ce nouveau bouillon de culture me semble intéressant à considérer, aussi, de par son impact sur les nouvelles générations, pour sa fonction critique en matière d’observation sociale ou psychologique autant que pour ses virtualités en matière d’invention formelle. Tout près de nous, un cinéaste comme Jean-Stéphane Bron (dont le mémorable Cleveland contre Wall street pourrait être le « pilote » d’une série développée), ou des écrivains tels Quentin Mouron, Antoine Jaquier ou Sacha Desprès, et les nouveaux auteurs du polar romand (Marc Voltenauer, Nicolas Feuz, Sébastien Meier ou Julien Sansonnens) participent ainsi à leur façon, me semble-t-il, de cette dynamique «transgenre»…    

     

    Des visions du réel à valeur de fiction

    Comme on l’a vu, là encore près de chez nous, notamment à l’enseigne du festival Visions du réel, la frontière naguère très nette entre documentaire et films de fiction s’est estompée ces dernières décennies, et la comparaison, du point de vue de la qualité du produit, n’est d’ailleurs pas toujours favorable à la fiction, genre supposé plus «noble» a priori. Cela étant, la confusion entre faits et fiction risque d’aboutir à un nivellement progressif tendant à la dilution de tous les critères d’appréciation, comme si le romancier travaillait la matière du réel de la même façon qu’un poète ou un reporter de guerre.

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    Romancier lui-même, historien-biographe magistral (de Julien l’apostat et de Lincoln, notamment), essayiste et polémiste, Gore Vidal a très bien marqué, dans Les faits et la fiction, préfacé par son ami Italo Calvino, la différence entre l’enregistrement précis et fidèle des faits et la transposition de ceux-ci par le travail de l’imagination et l’alchimie de ce qu’on appelle la poésie. Mais on ajoutera que le grand artiste brouille les cartes à l’envi, et c’est ainsi que les films d’Alexandre Sokourov ou de Federico Fellini, de Wim Wenders ou de Werner Herzog zigzaguent parfois entre faits et fiction…

    Des fake news au mentir vrai 

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    La persuasion clandestine, qu’il s’agisse de publicité ou de propagande politique, joue à tout moment sur la distorsion des faits, et le meilleur exemple en est donné aujourd’hui par les tweets constituant la «novlangue» orwellienne de Donald Trump. Mais que signifie cette comédie juste digne d’un ado énervé, en apparence tout au moins ? À quoi joue réellement l’actuel président des Etats-Unis ? Ce comportement de serial twitter ne cache-t-il pas autre chose ?

    C’est évidemment ce que le sens commun et un soupçon de culture politique incitent à penser: que ce personnage de feuilleton débile, qu’on dirait sorti des épisodes les plus caricaturaux de Black Mirror - série satirique britannique explorant précisément les télescopages du réel et du virtuel -, pratique un enfumage tout à fait approprié à la nouvelle inculture mondialisée par Internet et les réseaux sociaux, au service d’un pouvoir ploutocratique plus verrouillé que jamais. Vous prenez Donald pour un canard de BD sympa ? Doigt dans l’œil : cet homme est, virtuellement en tout cas, une arme de destruction massive à lui seul…

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    En contraste avec la sinistre série «réelle» mise en scène à la Maison-Blanche depuis janvier dernier, la fiction développée depuis quelques mois, sur Netflix, sous le titre de Designated survivor, fait alors figure de revigorant antidote.

    On en rappelle l’argument : après un attentat terroriste anéantissant le Capitole, le gouvernement américain et le congrès, un brave type du nom de Tom Kirkman, ancien prof et secrétaire d’État en matière d’urbanisme et d’environnement, se trouve propulsé au top de la gouvernance mondiale en tant que douzième suppléant survivant.

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    Le personnage, style humaniste en pull-over (Kiefer Sutherland), fait d’abord figure de figurant peu crédible. Mais très vite les occurrences de la réalité le font s’affirmer contre les gouverneurs racistes, les sénateurs magouilleurs, un milliardaire terroriste (sic) et les multiples instances nationales et internationales, en patriote indépendant, démocrate de fibre et d’une humanité combien rassurante

    Pieux mensonge que tout ça ? Pas si sûr. Car la série, moins cynique que la version américaine de House of cards, et plus attachante affectivement que West Wing, illustre bel et bien une part réelle de l’idéal nord-américain des fondateurs.

    purple_rose_of_cairo_3.pngSortie d’écran et ce qui s’ensuit…

    Lorsqu’il sort de l’écran pour rejoindre la romantique Cecilia, dans La rose pourpre du Caire, le fringant Jeff Daniels (interprète glamoureux de Tom Baxter) ne se doute pas que, vingt ans plus tard, juste un peu empâté, il incarnera le patron d’une chaîne de télé en quête d’indépendance, dans la magnifique série Newsroom, dont le directeur de rédaction (Sam Waterston) se pacsera avec un autre président des States (Martin Sheen, dans West Wing), dans Frankie and Grace où Jane Fonda voit, aussi bien, son jules faire son coming out au tournant de la septantaine…

    Sur quoi l’on apprenait récemment, pour compléter l’inventaire des ces glissements du virtuel au réel, que l’affreux président des USA de House of cards (Kevin Spacey) a été viré de la série en question pour faits (réels) de pédérastie. Tout ça en amont et en aval de l’affaire Weinstein, et les abus en série continuent…

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    De fait, la mini-série en huit épisodes de Big little Lies, coproduite et interprétée par Nicole Kidman, module le thème du prédateur sexuel sur fond de fresque sociale détaillée, dans une atmosphère quotidienne et provinciale (les agréable rivages californiens de Monterey) où les petits conflits personnels s’exacerbent en terrifiantes violences.

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    Or le sale mec suavement prédateur des huit épisodes de Big little Lies nous évoque immédiatement, et avec quelle puissance et quel art de la peinture sociale et psychologique, ce séducteur à la douce voix de loukoum et aux manières de cogneur qu’incarne un certain Tariq Ramadan dans le dernier feuilleton plus-que-réel au (dé)goût du jour…

    Et si Tom Kirkman se pointait à la Maison Blanche ?

    Tout ça pour dire que l’opposition du réel et du virtuel, dans l’univers mondialement connecté qui est devenu le nôtre, n’est pas plus fondée que la vieille croyance selon laquelle l’art serait moins réel que la vie.

    Reste à savoir comment jouer de ces nouvelles données pour en faire quelque chose d’intéressant, quitte à nous amuser, à faire rêver les jeunes filles romantiques ou à nous la jouer roseaux pensifs, voire sauveteurs de notre espèce en danger.

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    Donc on imaginerait ceci en attendant mieux: de même que Tom Baxter est sorti de l’écran pour consoler la douce Cecilia, l’on verrait aujourd’hui Tom Kirkman traverser le miroir ovale de la Maison Blanche et proposer au compère Donald, avec la voix douce et le ton posé de Kiefer Surtherland, de réviser complètement sa politique.

    Objectivement parlant, le cher Tom a sans doute, après une trentaine d’épisodes parfois très éprouvants, des conseils de sagesse à prodiguer à son imprévisible collègue, mais Donald est-il seulement abonné à Netflix ? Première question. Et seconde question plus décisive : Trump a-t-il assez le sens des réalités pour écouter un personnage de fiction ?

    Dessin original pour la chronique parue initialement à l'enseigne du média indocile Bon pour la tête: Matthias Rihs.

     

  • Je préférerais mieux pas...



    En écoutant Bartleby le scribe, lu par Daniel Pennac.

    Du brave soldat Schweijk à l’indolent Oblomov, en passant par le protagoniste de Je ne joue plus du romancier croate Miroslav Krleza, la figure de celui qui dit non au jeu social, aussi doucement que fermement, a trouvé de belles illustrations, mais la plus émouvante reste sans doute celle du jeune scribe Bartleby, employé dans un bureau de Wall Street et limitant progressivement son activité en opposant, aux multilpes ordres et propositions de son patron, un doux et têtu « je préférerais pas… », traduction plus ou moins satisfaisante de « I would prefer not to… »
    De cette magnifique nouvelle d’Hermann Melvlle, où s’entremêlent le refus à la fois exaspérant et mystérieux de Bartleby (préfiguration du « zéro » social d’un Robert Walser) et l’indignation frottée de grande compréhension de son employeur, Daniel Pennac propose ici une lecture vivante et prenante, dont les coupes ne se voient quasiment pas. Après écoute des sublimes dernières pages évoquant ces êtres de plus en plus nombreux aujourd’hui qu’une société productiviste à outrance et impitoyable condamne au rebut, l’on n’a de cesse de (re)lire la nouvelle complète, disponible dans la collection de poche Folio (No 2903).
    A préciser enfin que Daniel Pennac fait précéder sa lecture d’une introduction non moins bienvenue.


    CD Gallimard, A voix haute. Daniel Pennac lit Bartleby le scribe d’Hermann Melville.

  • Mémoire vive (113)

     
    Ceci de Philippe Rahmy, que je reprends en partie à mon compte, tant l’amour, tel que je le ressens et le vis tous les jours, excède les mots de l’amour: « L’amour est mon seul besoin, un amour troué, disloqué, mais obstiné, tout entier ramassé dans la littérature, notre petite éternité avant la mort ».
     
    Ce dimanche 1er octobre. – Le ciel était tout plombagin ce matin à sept heures, puis il s’est découvert en bleu brumeux d’automne approprié à un 1er octobre que marquera, peut-être, la venue au monde de l’Enfant.
     
    °°°
     
    Pour ma part je reprends la rédaction de ma prochaine chronique de Bon Pour La Tête que je vais pimenter d’un extrait d’Aux confins du monde de Karl Ove Knausgaard :
     
    « Ravissement.
    « Et puis il y avait le silence. Le bruissement de la mer là-bas, nos pas sur le gravier, un bruit par-ci par-là quand quelqu’un ouvrait une porte ou appelait, tout était enveloppé de silence, comme s’il montait de la terre, émanait des choses et nous enveloppait d’une façon que je ne formulai pas comme originelle mais ressentais comme telle, car je pensais au silence des matins de Sørbøvåg quand j’étais enfant, le silence sur le fjord, à l’abri du versant de Lihesten, à demi caché par la brume. Le silence du monde. Il était là aussi pendant que je montais le côte, ivre, avec mes nouveaux amis et, bien que ni lui ni la lumière ne fussent l’essentiel, ils comptaient pour leur part.
    « Ravissement.
    « Dix-huit ans et en route pour faire la fête »…
     
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    J’apprends ce soir, avec autant de stupéfaction que de tristesse, la mort de Philippe Rahmy, dont je comprends maintenant le silence de ces derniers jours après nos derniers échanges. Mort subite à ce qu’il semble, comme celle de Maître Jacques. Méchante mort d’une espèce d’enfant demeuré, d’ange mal portant et de juste à sa façon – comme un saint poète malmené par la vie et montrant un courage de héros en armure malgré ses os de verre, mort fauché en plein vol alors qu’il avait encore, sans doute, tant à dire...
     
    Ce lundi 2 octobre. L’Enfant vient de naître, à 15h47. Nous ne savons pas encore son prénom mais il a l’air entier et tout joli dans les bras de notre fille qui sourit aux anges. Me rappelle tant deux autres naissances qui ont changé notre vie, et me ramène à ma bonne amie et à notre vie – notre précieuse vie.

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    Ce mardi 3 octobre. Nous avons fait connaissance, cet après-midi, de notre petit Anthony Nolan – tel étant le prénom que ses parents lui ont choisi ce matin -, et ce fut une tendre émotion de découvrir ce tout petit Monsieur aux minuscules mains déjà parfaites, et notre fille en maman – notre toute petite fille en maman !
     
    Ce mercredi 4 octobre. Je sors à l’instant de la vision de presse des Grandes traversées, du réalisateur David Maye, qui m’a beaucoup touché et m’a fait penser aussitôt à ce que nous vivons ces jours avec la naissance du petit Anthony Nolan. En outre ce beau film, qui met en rapport les derniers mois de la mère du réalisateur, cancéreuse en phase terminale, et la venue au monde de la fille de sa sœur, m’a rappelé le regard de Knausgaard sur son enfance et sur son entourage, procédant de la même honnêteté, pure de tout pathos, et de la même tendre attention.
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    Le film se veut modestement documentaire, mais son montage est plutôt celui d’un poème vital.
     
     
     
    Toujours plus intéressé, littérairement et affectivement, par la lecture de Knausgaard, pour sa façon de restituer le temps et l’espace de son adolescence et de sa jeunesse, dans Aux confins du monde, relatant son séjour de jeune enseignant parachuté dans un village du nord de la Norvège. Vraiment il y a là une ressaisie de la réalité vécue, d’une fraîcheur et d’une honnêteté qui va bien au-delà de la plate remémoration décriée par les pédants ou les fumistes du milieu littéraire parisien.
     
     
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    Egalement captivé par la série Designated Survivor, développant le thème d’une présidence américaine « accidentelle », après l’anéantissement du Capitole et du gouvernement, dont le protagoniste est un secrétaire de ministère de l’environnement et de l’urbanisme soudain propulsé, à son corps défendant, au premier rang de la gouvernance mondiale, avec sa brave femme écolo et ses beaux enfants. Ce nouveau président non élu est en somme l’anti-Trump à tous égards, et sa façon de gouverner en homme de bonne volonté, qui s’impose peu à peu, mérite plus qu’un regard de dédain…
     
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    Je viens de reprendre mon commentaire de la Commedia, en écho à la lecture de la nouvelle traduction de René de Ceccaty, à la fois claire et très lisible, toute conçue en octosyllabes aussi fluides que « musicaux ». La longue introduction très érudite à cette attrayante version sans notes (!) est également d’un grand intérêt, notamment pour ses observations sur les problèmes de traduction, après un bel hommage à celle de Jacqueline Risset. C’est d’ailleurs en suivant ces deux versions, plus le commentaire de Mégroz, que je vais continuer ma traversée en me forçant à plus de régularité.
     
    °°°
    Contre toute attente, le livre consacré par Michel Onfray à la vie et aux œuvres de Thoreau me plaît assez, alors que les dernières interventions publiques du personnage, notamment contre Emmanuel Macron, m’ont plutôt horripilé par leur ton et leurs termes.
     
    D’entrée de jeu, cependant, son chapitre consacré aux Grands Hommes ne laisse de m’agacer, avec son éloge de la volonté de puissance si mal accordée aux figures d’Emerson et de Thoreau, mais les éléments documentaires qu’il apporte ne sont pas sans intérêt. Le lascar parle assez bien de ce qu’il aime, mais ce qui est exaspérant, et ça s’aggrave de page en page, est sa façon de dénigrer tous ceux qui n’entrent pas dans le cadre de son idéologie libertaire, à commencer par ses collègues profs d’université (comme s’il était au-dessus d’eux) et les médias après lesquels il ne cesse de courir.
     
     
    Il y a huit ans , jour pour jour, que Maître Jacques s’effondrait en séance publique, à Payerne, foudroyé par une crise cardiaque, mais je me demande qui aujourd’hui se soucie de sa postérité, alors qu’on a parlé à sa mort, et assez bruyamment, d’un AVANT et d’un APRÈS Chessex ; mais les gens des Archives littéraires me disent que son fonds ne suscite guère de consultations ou de demandes quelconques, et j’ai l’impression d’être l’un des seuls à entretenir tant soit peu son souvenir, non sans réserve mentale au demeurant…
     
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    La lecture de La Divine Comédie suppose autant d’attention que de résistance positive, si j’ose dire, à savoir plus précisément: de réserve critique liée au postulat de la foi chrétienne autant qu’à l’idiosyncrasie culturelle du XIVe siècle, etc.
     
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    La lecture du livre de Michel Onfray sur Thoreau m’intéresse et me fait sourire, non sans un grain de sel ironique, tant il y a là-dedans, en mélange à la fois mégalo et démago, de justes observations et de raccourcis réducteurs ou jobards. Michel Onfray voudrait tout dire sur tout, il occupe le terrain, il sature les vitrines de librairies et les estrades médiatiques, il est partout, il prétend à la connaissance universelle ; il y a chez lui quelque chose de l’hyperactivité bricoleuse de Bouvard et Pécuchet, avec une volonté de puissance et comme un besoin de revanche sous-jacent très particulier, une précipitation enfin qui va complètement à l’opposé de la démarche solitaire et contemplative du philosophe dans les bois.
    Finalement ce livre, qui tourne au traité de développement personnel en version gauchiste, ne fait qu’alimenter une vision du monde simpliste avec sa façon de prôner la simplicité. Quant à Thoreau, il passe bonnement sur le lit de Procuste d’un équarisseur « libertaire » dont l’utopie relève de la fantasmagorie immature.
     
    Ce jeudi 12 octobre. - C’est avec tristesse que j’ai appris tout à l’heure, en ouvrant une enveloppe affranchie en Allemagne au liséré noir, la mort de mon cher Thomas – mort subite et inattendue à ce qui est précisé, le 2 octobre dernier à Schelklingen.
    Sa disparition brutale me chagrine d’autant plus que j’avais prévu une virée prochaine en Souabe et que j’allais le contacter pour lui en parler. Aussi, j’aurais aimé passer plus de temps avec lui en tête à tête pour évoquer nos vies, après deux mois estivaux partagés en notre adolescence et cinquante ans sans nous voir, suivis de trois ou quatre revoyures depuis que je l’avais relancé dans son chalet valaisan où nous nous sommes retrouvés bien plantureux tous deux et bien recuits, mais «en phase» à divers égards, et nos bonnes amies frayant gentiment elles aussi.
     
    Ah mon Thomas, le bel ami blond de mes quatorze ans au physique de pur Aryen semblant sorti de la collection Signe de poste, lisse et parfumé à l’eau de Cologne 4711, et ses parents adorables s’activant de concert à la Praxis du Herr Doktor, et le petit frère Goetz alias Luppi ; nos balades le long du « jeune » Danube et par les forêts, nos baignades dans la piscine familiale, la chasse avec le père, et l’année suivante nos retrouvailles à Lausanne et le tour du lac en vélo, nos premières cigarettes et notre chaste amitié particulière, etc. Et voilà bien ce qui menacera de plus en plus les jeunes gens de nos âges, tout à coup : crac dans le sac !
    Dessin original de Matthias Rihs.
     
    J’avais abordé le livre de Michel Onfray sur Thoreau avec un mélange d’intérêt et de quasi adhésion, mais cette impression semi-positive, après le début en fanfare sur les « grands hommes », a été gâchée en crescendo par la jobardise du lascar, qui en arrive à distiller des « règles de vie » bien dignes d’un prêcheur de gauche. J’ai pas mal peiné sur cette onzième chronique consacrée à la lecture de Thoreau selon Onfray, mais aussi selon Jim Harrison et Annie Dillard, or il me semble avoir dit l’essentiel sans trop assassiner le pauvre graphomane.
     
    °°°
    Gombrowicz à propos de Witkacy : «Ce graphomane de génie». Ce qui était un peu mesquin, mais en somme juste. Et bien plus juste alors la qualification, aujourd’hui, d’un Michel Onfray dont on dirait que c’est un graphomane sans génie, qui se la joue grand homme en selfie…
     
    °°°
    La lecture de Knausgaard me ramène à la question du tout-dire. Je vais me concentrer sur ce livre avant d’en tirer une nouvelle chronique que je cadre ainsi à l’attention de Matthias Rihs, mon illustrateur préféré : « Cher Matthias, encore merci pour cette peinture splendide captant en couleur le lyrisme naturaliste de l’anar des champs que je lis toujours à petites doses tranquillisantes comme à la contemplation silencieuse de la pousse des haricots - Thoreau en a planté des carreaux géants et il se demande ce qu’ils pensent de lui!
    Ma prochaine chronique portera sur un autre énergumène du nom de Karl Ove Knausgaard, qui raconte sa vie dans une fresque autobiographique fluviale à grand succès dans les pays scandinaves et anglo-saxons et qu’on a dit le Proust norvégien. Du coup certains pédants français lui ont râpé sur le blouson au motif qu’il écrit simple et parle d’un monde qui est le nôtre avec un père glacial et chiant (une espèce de socialiste moralisant et méchant avec ses fils) fuyant dans l’alcool et terrifiant l’enfant et l’ado, les 500 premières pages étaient consacrées à sa déchéance et à sa mort et ensuite on a eu droit à l’enfance et après ça a été la première femme et le divorce de Karl Ovee et dans le 4ème tome que voici c’est le premier poste de jeune enseignant de 19 balais dans un port du nord où il fait nuit la deuxième partie du récit qui s’intitule Aux confins du monde.
    Karl Ove Knausgaard.
     
    J’aime beaucoup cette façon de tout dire et surtout de parler de ce qui est un peu gauche et un peu con voire ridicule quand on a seize ans et qu’on décroche son premier poste de critique rock dans un magazine du coin et qu’à dix-huit ans on bande dès qu’on voit une girl et qu’on se cuite à mort et qu’on veut devenir aussi grand qu’Hemingway et qu’on ressent tous les détails de la vie et du fjord et des élèves ricanants et des gens du bled qui se connaissent tous et le frère aîné et les Danoises qu’on essaie de tirer et la nouvelle Stratocaster et les Stones qu’on n’aime pas et Simple Minds qui virent commercial, bref la vie.
    Un charme incroyable. Tu te retrouves à 14, 17, 12, 42 ans avec tous ces gens et Breivik qui flingue 89 gamins et certains qui croient à la vie éternelle et lui pas. De Dieu ce que c’est beau ces maison en bois bleu au bord du fjord et ces odeurs de poissons et de femmes et la fille rêvée qu’on ose pas lui dire, etc.
    Vous voyez ça ? C’est la nuit en plein jour et c’est beau comme un blues de Björk ou de Sinead O’Connor la punk-nonne qui chante Mother do you think they drop the Bomb, etc Belle journée en été indien, l’artiste ! Amitiés, JLs. »
    Dessin original de Matthias Rihs pour la chronique de BPLT.
     
     
    Ce jeudi 19 octobre. - Très crevé hier soir par notre marche d’une heure (!) du Gornergrat à Rotenboden et trois décis (!!) de Chianti, je me réveille à deux heures et trouve deux ou trois bonnes formules pour ma chronique sur Knausgaard, à commencer par sa première phrase: « Vous n’en avez peut-être rien à souder, mais moi ça me parle, et je ne suis pas seul. Si ça ne vous intéresse pas de savoir ce que ressent un jeune Norvégien qui se réveille avec un slip poisseux et n’en trouve pas de rechange parce que sa mère n’a pas eu le temps de faire la lessive , si cela vous bassine, passez votre chemin… »
    Lady L. au Gornergrat, avec Snoopy.
     
    °°°
    La question du degree, comme l’entendait Shakespeare (notamment par la voix d’Ulysse dans Troïlus et Cressida) est aujourd’hui à réévaluer à tout moment pour faire pièce à la confusion générale.
     
    °°°
    La littérature d’anticipation reste assez marginale aujourd’hui, plus que la littérature policière, et les grands auteurs « littéraires » relevant de ce qu’on appelle abusivement la science fiction, sont peu nombreux, et c’est donc une surprise que de revenir à Doris Lessing par un roman conjectural au titre étrange – Les mariages entres les zones trois, quatre et cinq -, immédiatement captivant par ses résonances aussi profondes qu’inattendues, qui me semblent prolonger les observations d’un Bruno Latour sur la dialectique du féminin-masculin, et plus largement sur nos rapports avec la Terre, dans son dernier essai initulé Où atterrir.
     
    Ce mercredi 25 octobre. Pas en forme aujourd’hui. Comme des vertiges, et soudain voici qu’une petite guêpe me poursuit de ci de là sans que je ne puisse ni la chasser ni l’occire, à croire qu’elle le fasse exprès, connaissant ma phobie…
    °°°
     
    Très bonne surprise ce soir, accompagnant un message d’un des collaborateurs des Archives littéraires de la Bibliothèque nationale : la découverte du catalogue complet, en l’état actuel, des 50 cartons de mon fonds dûment classé par une jeune stagiaire - une vaillante Pauline Bloch dont j’apprends qu’elle a été très intéressée par le contenu de mes archives. Pour ma part, c’est avec autant d’émotion que d’intérêt que j’ai découvert ce vaste et minutieux inventaire dont tous les objets revivent pour ainsi dire de se trouver décrits par le détail, jusqu'aux lettres et multiples papiers isolés qui restaient entre les pages de mes nombreux carnets et autres albums. Ce qui me touche, surtout, c’est l’attention réelle que semblent susciter mes archives, dont je présume qu’on n’imaginait pas la richesse et moins encore la beauté plastique, avec leur foison d’aquarelles, notamment.
     
    °°°
    La qualité majeure des récits d’Annie Dillard me semble tenir à leur capacité d’intensifier la présence - notre présence au monde -, et notamment notre présence devant la nature.
     
    °°°
    Certaines gens – certains beaux esprits plus précisément -, se sont bien moqués de l’usage fréquent que j’ai pu faire – et continue de faire – du terme de métaphysique, mais leur réaction, leur ricanement (ah, ah, ah), leur supérieur haussement d’épaules m’en disent plus sur eux que sur moi, car je sais, moi, de quoi je parle alors qu’eux ne veulent surtout pas évoquer ce qui, pour moi, n’est en rien borné à l’histoire de la philosophie, au sens académique (ou anti-académique, ce qui revient au même) mais ressortit juste à un sentiment ontologique fondamental que Witkiewicz a exprimé mieux que personne et dont je me sens aujourd’hui aussi proche qu’à mes vingt-cinq ans, à savoir qu’il y a un vertige décidément métaphysique à percevoir le fait qu’on est soi et pas un autre, etc.
     
    Ce samedi 28 octobre. - En train de revenir à un lieu intérieur de mes territoires sensibles qui furent mes refuges immunitaires entre, disons, quatorze et dix-huit ans, dans mes cabanes successives et autres réduits, en tel galetas de notre maison natale ou en tel poulailler désaffecté que je réaménageai à ma guise.
     
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    La lecture d’Une enfance américaine d’Annie Dillard, autant que celle de L’amour des Maytree, contribue à cette plongée rétrospective que je vais tâcher de développer dans Retour amont. Dans cette optique, je sens le projet des Jardins suspendus rebondir de façon plus concertée et peut-être plus concertante, au fil d’un nouveau récit lié et plus organiquement structuré...
    JLK, Pinson du nord. Gouache pour S. le 23 novembre 2017.

  • Ceux qui en ont

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    Celui viole un œuf avant de se faire le bœuf / Celle qui préfère la viande rouge / Ceux qui l’appellent Mobbing Dick / Celui que la virilité interpelle au niveau du manque / Celle qui t’a recommandé deux psys à choix avant de t’offrir le dernier Jacques Salomé / Ceux qui lacancanent dans la salle d’attente du rebouteux / Celui qui vit la domination masculine comme vocation surdéterminée par la lecture d’Althusser première période / Celle qui lit du Michel Onfray pour se faire une idée / Ceux qui se tiennent par les couilles en tant que membres du Rotary / Celui qui se présentera à la prochaine érection / Celle qui lui met un noeud papillon pour s’envoler avec / Ceux qui n’aiment pas se vanter mais / Celui qui n’est pas homophobe mais / Celle qui n’est pas machiste mais / Ceux qui considèrent que pour les Africains c’est différent / Celui qui tient le cordon de ses bourses / Celle qui précise ses exigences sur Meetic et réclame un selfie sur Instagram / Ceux qui en parlent volontiers lors des sorties du bureau où l’échange est facilité par le plein air / Celui qu’on dit le Mâle Alpha des garcons de la bande / Celle qui ne suce pas mais avale tout / Ceux qui ne s’attardent pas en zones moites / Celui dont les préférences sexuelles ne sont pas spécifiées par le pasteur Desbiolles dans son éloge funebre pourtant assez open-minded / Celle qui prétend que le Che n’était pas le meilleur coup de la Sierra mais c’est son opinion et ça compte au niveau du groupe / Ceux qui concluent que Trônes et Dominations ne durent qu’un temps et vous le notez vous aussi, les filles, etc.

    Image JLK: le solitaire de Carmel Heights.

  • Ceux qui préfèrent ne pas...

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    Celui qu’on croit autiste parce qu’il se tait au milieu de la jactance / Celle qui espionne les visiteurs à table avant de leur faire les poches sur le lit aux manteaux / Ceux qui n’osent pas dire que quand ils seront grands ils veulent mourir / Celui qui est né par hasard de mère passionnée de roulette / Celle qui actionne le Bureau des personnes disparues pour retrouver son ami d’enfance aux initiales de F.K. / Ceux qui se retrouvent près du monument de Sissi au bord du lac d’un bleu vert-de-gris de lissu de lessive / Celui qui va au Contrôle des habitants pour voir si l’on a une trace de lui / Celle qui classe les camarades de classe de son lycée tyrolien par ordre de beauté intérieure ou ce qu’on en pouvait subodorer à l’époque / Ceux qui refusent de distinguer les qualités dites supérieures de leurs anciens condisciples des cours de tango vu qu’on est tous égaux aux yeux d’Allah même les femmes n’en déplaise à ce petit trublion de M. prophète auto-proclamé / Celui qui revêt un tailleur strict pour honorer sa nouvelle famille sociale de transgenres de centre gauche / Celle qui évite les marchés de Noël ces lieux de perdition pour un esprit sain sans corset / Ceux qui estiment qu’il faut crier contre les marchands du temple mais cette humeur dopée à la moralise nous fatigue à la longue n’est-ce pas Suzanne ? / Celui qui promettait à douze ans mais ensuite il s’est mis à lire ce Sartre et tu ne sais pas ce que ça veut dire Monique alors je ne te dis que ça / Ceux qui évitent l’héroïne même si ça fait moins de cendres que le cigare / Celui qui se rappelle la petite fille parlant aux escargots dans le jardin voisin après la pluie / Celle qui en veut à la Nature d’afficher tant de bonheur en tout cas en apparence / Ceux qui ne s’engagent pas au niveau de l’entretien de leur jardin privatif / Celui qui te demande si tu veux lui parler en tant qu’intermittent de l’écoute compassionnelle / Celle qui se demande ce qu’entendent ses appareils auditifs quand ils reposent dans leurs boîtes noires / Ceux qui préfèrent ne pas trancher dans le vif même en tant que seconds couteaux, etc.

  • Ceux qui vendent des larmes


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    Celui qui finance l’atelier protégé de construction de missiles pacifiques longue portée / Celle dont le string en treillis cache une arme de destruction massive / Ceux qui font l’amour comme on fait la guerre / Celui qui a un génocide d’avance dans ses plans de colombe armée / Celle qui se parfume à l’eau de rose Empire / Ceux qui n’ont plus de larmes pour pleurer vu qu’on leur a coupé l’eau / Celui qui reste droit dans ses bottes dans le champ de ruines avec son Coca zéro morts pour tenir le coup / Celle qui ne regarde jamais les infos sur la Syrie sans sa petite laine / Ceux qui comptent sur le FBI pour réparer les dégâts de la CIA / Celui qui va se faire des couilles en or en défendant Ramadan sans aucun souci d’enrichissement personnel vu qu’on est tous des musulmans modestes au paradis fiscal / Celle qui a rêvé que Tariq la sodomisait par l’oreille mais personne n’a rien entendu dans la mosquée / Ceux qui ont baptisé leur chienne Laïcité pour la noyer selon l’ordre du prophète / Celui qui a le cœur sur la main et le doigt sur la gâchette / Celle qui attend le prêcheur au Paradis pour la lui couper / Ceux qui s’éloignent du front de guerre au motif que c’est plus sûr/ Celui qui est à Mahomet ce que Trotzky (Léon, pas Jean-Paul) fut à Lénine / Ceux qui s’envoient des drones à la récré / Celui que son père soupçonne d’idées subversives au motif qu’il l’a vu avec un Coran dans sa poche revolver / Celle qui explique à son neveu Marcelin que le rabbi Ieshouah était en fait un Juif palestinien dont le nom est cité dans le Coran et qu’aujourdui il serait plutôt du coté d’Edwy Plenel que de Manuel Valls mais le débat est ouvert on est bien d’accord / Ceux qui sont repartis pour la croisade dont le Grand Armageddon scellera la victoire au meilleur qui gagne ou le contraire si c’est l’autre, etc.