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Friture sur Les Grandes ondes

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À Locarno, la première édition de Carlo Chatrian fait florès avec une Piazza bondée et des salles combles, une rétrospective Cukor de haut vol et une kyrielle de découvertes.  En attendant L'Expérience Blocher de Bron, Lionel Baier fait de l'oeil au public.

Joli moment d'émotion dimanche soir, sur la scène de la Piazza Grande, lorsque le Vaudois Lionel Baier, posant son micro par terre, s'est relevé pour appeler de toute sa voix  lancée aux étoiles: "Jacqueline, la projection va commencer !".

Locarno41.jpgBelle façon, pour l'ancien projectionniste du cinéma d'Aubonne, devenu prof à l'ECAL et réalisateur des plus doués de la nouvelle génération du cinéma suisse, de rendre hommage à Jacqueline Veuve qui a "marrainé" ses premiers pas de cinéaste. Deux jours plus tôt et sur la même scène, la même complicité entre générations était manifestée par la toujours très belle Faye Dunaway félicitant le nouveau directeur artistique Carlo Chatrian de faire, à Locarno, une si bonne place au jeune cinéma.  

Quant au dernier film de Lionel Baier, Les grandes ondes (à l'ouest), il a fait se gondoler, gentiment, le public de la Piazza Grande, visiblement sensible à cette satire rappelant assez, par son esprit, l'humour d'un Alain Tanner ou d'un Michel Soutter.

Lionel Baier est une encyclopédie de cinéma sur pattes, qui a le grand mérite, en artiste plus personnel, de dire et répéter sa reconnaissance aux "anciens", dont un Claude Goretta, entre autres clins d'yeux et citations tous azimuts. Les "grandes ondes" de son nouveau film sont celles de la SSR en 1974, dont le patron Roulet (un Jean-Stéphane Bron barbu et coincé dans son costard), aux ordres d'un conseiller fédéral blochérien avant la lettre, décide d'envoyer une équipe de télé au Portugal pour illustrer l'excellence résolument positive de l'aide suisse à ce pays méritant d'être aidé, n'est-ce pas...

Locarno40.jpgC'est parti sur le ton doux-acide de Comme des voleurs, où Baier n'avait pas encore assez de subventions pour se payer un "combi" VW. Cette fois on passe, après Un autre homme jouant également sur la satire des médias, au grand format tenant mieux l'écran géant de la Piazza en dépit de dialogues manquant illico de naturel, en bonne tradition romande, et de gags d'une légèreté relative... La mise en place de la comédie et sa première partie, avecLocarno44.jpg l'équipe  du reportage (Valérie Donzelli en journaliste affirmant sa féminité, Michel Vuillermoz au lourd passé de grand reporter luttant contre l'amnésie après un "pépin" au Vietnam, et Patrick Lapp en ingénieur du son de pus tendre composition ) sillonnant les routes du Portugal, est un peu lente voire laborieuse. Du moins est-elle marquée, après visite de stations d'épurations et autres relevés de bienfaits helvétiques (l'eau tiède amenée dans un collège par voie de robinets mélangeurs), par l'apparition du jeune Pelé, 18 ans et une passion folle pour les films de Pagnol, qui vivra la Révolution des oeillets avec le joli trio, dès le 24 avril. L'évocation de ladite révolution, avec poings brandis  et culs nuls évocateurs de folles orgies (!), fait gentiment sourire, mais s'inscrit en somme dans l'esthétique "vintage" des Tanner-Soutter-Reusser-Moraz. Bref, Lionel Baier cligne de l'oeil au public comme son combi VW, ou certaine Coccinelle de fameuse mémoire, mais ceux qui croient en son grand talent savent qu'il peut mieux faire...

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