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C'est arrivé près de chez nous

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L’enfance volée de Markus Imboden, succès phénoménal outre-Sarine, dévoile une forme d’esclavage longtemps pratiqué en Suisse.

C’est arrivé chez nous: dans notre pays « au-dessus de tout soupçon », entre 1800 et 1950, des enfants orphelins, de parents divorcés ou de « filles-mères », ont été placés dans des familles d’accueil contre rémunération et, parfois, utilisés comme des bêtes de somme, maltraités, battus, violés.

Souvent occultée, admise pour des motifs de crise économique, cautionnée par les autorités civiles ou religieuses, cette sombre réalité nous revient aujourd’hui en pleine figure avec L’Enfance volée, le dernier film du réalisateur bernois Markus Imboden (né en 1955), déjà vu par plus de 220.000 spectateurs alémaniques.

L’émotion, mais aussi l’indignation sont au rendez-vous de ce film parfois bouleversant, dont les beaux paysages  rassurants contrastent avec la dureté des paysans auxquels deux ados - un garçon et une fille dans la quinzaine-, ont été confiés.

Sans donner dans la caricature opposant bourreaux et victimes, L’Enfance volée montre bien la difficulté de survivre des paysans, autant que leur misère morale ou sexuelle : le père trimant comme un damné et fuyant dans l’alcool, la mère compensant sa frustration par des claques, le fils beau et salaud exerçant son « droit » de cuissage sur la gamine pour se venger de sa propre humiliation.

Baissant la tête en apparence, le jeune protagoniste (admirablement campé par le jeune Max Hubacher), orphelin placé dans cette famille avec l’assentiment aveugle du pasteur, ne vit que pour son accordéon, dont il joue merveilleusement ; et Berteli, enlevée à sa mère et confiée aux mêmes paysans, ne pense qu’à fuguer avec lui avant d’être violée.

Pour les défendre,  il y a la jeune institutrice débarquée dans ce bled perdu de la campagne bernoise, que l’esclavage des jeunes scandalise et qui essaie d’alerter les autorités. Mais le pasteur est lâche, et les services sociaux lointains. Il faudra la mort tragique de Berteli pour « actionner » la police...

Enfin le happy end du film fait penser à celui de Vitus, autre film suisse à succès de ces dernières années, signé Fredi M. Murer. Ainsi retrouvons-nous le jeune accordéoniste dans la figure d’un musicien adulé,  en Argentine, qui a réalisé son rêve de gosse humilié. Belle histoire où l’on sort son mouchoir, mais la réalité documenté de L’Enfance volée, représentant environ 100.000 enfants, secoue et scandalise au-delà du film ! 

Le succès de celui-ci aura permis à de nombreux « enfants loués » de parler de leur passé et de se retrouver. 150 d’entre eux se sont ainsi réunis à Berne à l’occasion d’une projection spéciale. Nul doute que le public romand fasse à son tour bon accueil à ce film poignant et nécessaire…

 Imboden2.gifCote critique. ***

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