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Oiseaux de jeunesse

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Quand Anne Wiazemsky racontait « son » Godard… En attendat de voir, pas plus tard que ce soir, Le Redoutable...

Anne Wiazemsky était, à dix-neuf ans, une crâne jeune fille déjà bien en selle et plus très rangée quand elle mit le grappin sur Jean-Luc Godard, qui n’attendait à vrai dire que ça.

À la veille d'une séance de rattrapage au bac, la petite-fille de François Mauriac avait certes déjà défié la morale de grand-papa une première fois avec un Monsieur plus âgé qu’elle, mais le véritable amour restait à découvrir. Or son apparition dans Au hasard Balthazar du grand Robert Bresson, très admiré de Godard et de Truffaut, n’était pas passée inaperçue de ces deux-là. Aussi, lorsqu’après avoir entrevu Godard sur le tournage du film, la lycéenne folle de Sartre et Beauvoir, qui avait beaucoup aimé Masculin Féminin, écrivit au cinéaste qu’elle l’aimait, celui-ci embraya-t-il de tous les cylindres de sa rutilante Alfa et s’en vint-il aussitôt soupirer sous ses fenêtres en Roméo de photo-roman…

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Cela se passait en 1966, en ces années où les jeunes filles n’atteignaient la majorité qu’à vingt et un an. Or c’est le premier intérêt d’Une année studieuse que de rendre à la fois le charme et les rigueurs plus ou moins hypocrites de la morale sociale d’une époque. Une époque qui avait poussé François Mauriac à voir, en l’amorale Françoise Sagan, une déléguée spéciale de Satan sur terre.

Cela étant Anne Wiazemsky, qui se coula vite dans les draps de Jean-Luc Godard, et avec un (premier) plaisir largement partagé, n’en était pas moins très respectueuse de l’avis de pépé François et de la fille de celui-ci, sa mère sourcilleuse.

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Oscillant entre son prince charmeur mal fringué, mais plein d’attentions délicates, et les préventions de son clan familial, la jeune fille défendit sa liberté avec l’aide de son frère Pierre et du philosophe Francis Jeanson, auquel elle eut le culot de réclamer des leçons particulières lors d’un cocktail de Gallimard. Il faut préciser alors que la demoiselle était une amie d’enfance d’Antoine, le futur patron de la célèbre maison d’édition.

Très snob et très parisien tout ça? Pas du tout: gentil et intéressant. Parce que Jean-Luc Godard y apparaît au naturel. Il est tout doux avec Anne et très autoritaire en tournage, véritable toutou quand il s’agit de demander la main de la «mineure» à Bon-papa Mauriac, et soudain violent, puant, lorsque des flics l’interceptent dans la rue et le prient de ramener ladite «mineure» à la maison…

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Etudiante à Nanterre, Anne s’y fait draguer par un rouquin prénommé Dany, futur député européen comme chacun l’a deviné. À la veille de Mai 68, Godard apparaît aussi en jobard «maoïste», dont La Chinoise sera taxée de crétinerie par… les Chinois.

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Anne Wiazemsky le raconte en souriant, comme elle sourit au souvenir de son mariage vaudois, sans lendemain même si le pasteur lance narquoisement au marié : « À le prochaine, M’sieur Godard ». Cela s'intitule roman mais ce récit, bien filé, sensible, lumineux, relève plutôt des mémoires d'une jeune fille jamais vraiment rangée, aussi bonne finalement à l'écrit qu'à son oral de géo  décroché au charme...

Anne Wiazemsky, Une année studieuse. Gallimard, 272p.

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