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  • Fête à La Désirade

     

     

    âne.jpg« Quand je serai moins bête

    Je serai comme un âne

    Fidèle à ceux que j’aime

    Attentif à mon âme ».



    Maxime Piolot, chanteur breton.



    Maritou, Pierre et Yvan, Philip, Lucienne et Jean-Louis, vous invitent proches, voisins, amis:



    Ce samedi 11 juin 2011 dès 18h, au Vallon de Villard



    Pour La Première Nuit des musiques, des images et des mots



    Avec la présence active d’amis comédiens, chanteurs, musiciens, écrivains, bateleurs, imagiers, peintres, dames de cœur et autres turlupins...



    Pour des chansons, des concerts, des lectures, des projections, des expositions, du violon, de la balalaïka, du saxo, du pianola, des guitares, des feux, du vin, de la tchaktchouka, de l’eau de source d’origine, des surprises d’Occident et d’Orient.



    Votre venue étant souhaitée par tous les temps (ample déploiement de yourtes) mais à pied, les parcs à automobiles menaçant d’être saturés.


    Annonce appréciée, et itinéraire éventuel: 004179 / 508 97 29



    Image : notre ânesse Olympe au milieu des prés

  • Semprun pour mémoire

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    Acteur et témoin du cruel XXe siècle, l’écrivain « émigré de partout » aura prôné toutes les réconciliations.

    C’est une grande figure, marquée par toutes les déchirures du XXe siècle, qui vient de disparaître en la personne de Jorge Semprun, décédé à Paris ce mardi 7 juin à l’âge de 87 ans.

    Issu d’une grande famille de républicains espagnols, petit-fils d’un ministre du roi Alfonso XIII, neveu d’un fondateur de la République de 1931, fils d’un juriste catholique et antifranquiste, le jeune Jorge fut résistant communiste et déporté à vingt ans. Exclu du Parti communiste de Santiago Carrillo en 1964, l’ «Espagnol rouge», très féru de culture germanique, devint romancier « français » à la quarantaine, avec Le Grand voyage. Vingt ans plus tard, il fut ministre de la culture dans le gouvernement de Felipe Gonzalez, de 1988 à 1991. Un lustre encore et il était élu à l’Académie Goncourt, dès 1996 !

    Dans la foulée de Primo Levi, Robert Antelme et Elie Wiesel, Jorge Semprun fut l’un des grands témoins des camps d’extermination nazis, notamment par le truchement de L’Ecriture et la vie, couronné par divers prix. Mais l’ancien déporté de Buchenwald rappela aussi la filiation directe entre le camp nazi et celui qui lui succéda immédiatement, au même lieu et sous contrôle soviétique, dont les charniers ont été « effacés » de la mémoire par les autorités de la RDA.

    Entre politique, roman et cinéma

    Type même de l’humaniste européen de gauche, Jorge Semprun disait avoir une expérience « charnelle » de la politique, héritage de famille et vécue « dans la rue ». Naturellement anti-franquiste et anti-nazi, le jeune Jorge, au bénéfice de la meilleure instruction française acquise grâce à l’exil de sa famille à Paris, préféra rejoindre la Résistance au lieu de poursuivre ses études en Sorbonne. Déporté en 1943, à Buchenwald, il y fut  protégé par ses camarades communistes allemands. Il a raconté en outre, dans ses récits, comment la poésie mémorisée, y compris allemande, l’aida à survivre au bout de l’horreur.

    Or les romans de Jorge Semprun sont nourris par cette expérience «charnelle». Du Grand voyage (1964), qui relate son transfert de  Compiègne à Buchenwald, à l’  Autobiographie de Federico Sanchez, (1978), où il interpelle le stalinien espagnol qu’il a été, Semprun acquiert « une mémoire lucide et critique » activée, dès les années 60, par la lecture de Soljenitsyne et de Chalamov.

    À côté de la transposition romanesque de ses tribulations personnelles passées, comme dans Quel beau dimanche (1980) ou La Deuxième mort de Ramon Mercader (prix Femina 1968) filtrant son désenchantement à l’égard du rêve socialiste, l’écrivain s’est également attaché au présent et à l’avenir, engagé sur tous les fronts d’une réconciliation européenne. Ainsi le disciple de Goethe et de Brecht, traducteur et adaptateur pour la scène  du scandaleux  Vicaire de Rolf Hochuth, s’est-il fait l’avocat généreux d’une nouvelle Allemagne, «mère blafarde et tendre sœur».

    Au cinéma, Jorge Semprun a réalisé, pour Alain Resnais le scénario de La guerre est finie (1966), évoquant l’opposition franquiste en exil ; et pour Costa-Gravas, celui de Z (1968) dont l’interprétation d’Yves Montand a fait date, avant que l’écrivain ne rende hommage au comédien dans le récit  Montand la vie continue (1988) fraternelle évocation d’une aventure artistique, d’un engagement et d’une amitié coupant son propre parcours

    La vie continue : belle formule pour engager les nouvelles générations à ne pas ignorer ou rejeter le travail de mémoire accompli par Jorge Semprun… 

      

    Le grand voyage

    Son premier roman, Jorge Semprun l’écrivit au début des années 60, alors que, clandestin du Parti communiste espagnol, il se terrait à Madrid, traqué par la police franquiste. Coupé de tout, il céda alors à l’afflux de ses souvenirs, de la Résistance à Buchenwald. Non linéaire, cette première plongée dans la mémoire douloureuse nourrira ensuite Quel beau dimanche ! et L’écriture ou la vie. Ecrit en français, censuré en Espagne, le livre, immédiatement traduit en 13 langues,  reçut le Prix Formentor en 1964.

    Gallimard, 1963.

     

    Autobiographie de Federico Sanchez

    «Le communisme a abouti à la construction politique la plus injuste et la plus inégalitaire qui soit», déclarait Jorge Semprun des années après avoir coordonné la résistance communiste au régime de Franco. Au Comité central du PCE en 1954, en plein stalinisme, il participa à la lutte clandestine sous le nom de Federico Sanchez, jusqu’à sa rupture avec le parti, faisant suite à celle de Dolores Ibarruri, dite la Pasionaria, très présente aussi dans ce livre d’expiation. Rédigé en espagnol, ce roman fut couronné par le prestigieux prix Planeta.

    L’écriture ou la vie

    « À Ascona dans le Tessin, écrit Jorge Semprun, un jour d'hiver ensoleillé, en décembre 1945, je m'étais mis en demeure de choisir entre l'écriture et la vie». Or il lui faudra plus de vingt ans pour accéder à cette écriture de la résilience qui trop longtemps l’étouffait dans «l’air irrespirable» de ses brouillons. Dans la filiation de Primo Levi, le récit mêle autobiographie et réflexion sur la difficulté de raconter la déportation. Sa réception éclatante, en 1994, prouva qu’un demi-siècle n’avait rien effacé.

    Gallimard, Folio, 400p 

  • Ceux qui veillent en lisière

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    Celui qui lave une aquarelle à la fenêtre / Celle qui boit le couleurs du monde / Ceux qui se pressent à l’expo de Bonnard / Celui qui fait l’inventaire des belles personnes de sa connaissance / Celle qui cultive des bonsaïs à Malmö / Ceux qui se promènent nus dans la neige / Celui qui joue de son clavier muet sur l’armoire de son cagibi / Celle qui déchiffre une partition d’Arvo Pärt dans le métro de Moscou / Ceux qui défient la bise noire pour se fondre dans la lumière des rochers rouges / Celui que la voix d’Aretha Franklin conforte dans la jouissance de son infortune / Celle qui rêve qu’elle joue au trictrac avec les deux plus beaux garçons de la cité portuaire / Ceux qui aiment se faire masser par les aveugles japonais / Celui qui dit à son fils unique Mika qu’il honore son sperme / Celle qui se dit contre le nucléaire pour se sentir bien avec son professeur de luth dont elle a rêvé plusieurs fois / Ceux qui en ont assez de la méchanceté de la femme du pasteur Lebougon / Celui qui regrette de ne pas occuper une situation assez importante pour nuire à ses collègues / Celle à laquelle la voix de Lady Day rappelle les beaux soirs du square du Roule / Ceux qui se retrouvent avec la Comtesse chez Francis pour parler poésie chinoise et chiffons / Celui qui redoute que sa fille Louloute lui demande de sortir avec elle tant qu’elle a la boule à zéro et cet os dans le nez / Celle qui raconte à son ami écrivain des histoires dont il ne sait rien faire / Ceux qui patinent sur les parquets du Négresco / Celui qui se vante d’avoir volé un dessin de Matisse dans l’antichambre des Aragon où Louis l’a peloté / Celle qui se prétend invisible quand elle défèque les yeux fermés / Ceux qui écoutent Bach dans les aérogares / Celui qui pleure chaque fois que Wanda lui repasse la Sonate posthume No21 en B flat major de Franz Schubert (1797-1828) / Celle qui aime lécher les larmes de celui qu’elle fait pleurer, etc.