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Ceux qui citent encore Debord

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Celui qui se dit marqué à vie par Debord sans en avoir jamais rien lu / Celle qui pense que les lunettes du Penseur indiquent une double référence spéculaire à Karl Kraus et Groucho Marx / Ceux qui affirment que la vraie réussite de Debord est son échec / Celui qui a toujours senti la prétention du cuistre sous les poses pseudo-libertaires de cet enfonceur de portes ouvertes / Celle qui avoue à ses copines de fac qu’elle tend à l’orgasme à la Debord / Ceux qui pensent sérieusement que Debord aurait été scandalisé de se voir sacré « trésor de la nation » / Celui dont le t-shirt s’exclame : Je kiffe Debord ! / Celle qui essaie d’expliquer à ses ados en quoi Debord relève d’un antécédent du rap /Ceux qui relisent volontiers les commentaires de Debord à sa Société du spectacle, « juste pour rire » / Celui qui a découvert que Debord était consommable comme la poule trouve un couteau sous le mot COUTEAU / Celle qui a cosigné le texte recommandant la lecture de Debord aux responsbles du Conseil Général de la Moselle / Ceux qui s’entendent sur le fait qu’on se sent tout petit en voyant Debord parlant de Debord à l’émission de télé consacrée à Debord / Celui qui a lancé lui-même la légende selon laquelle les médias avaient reçu de très haut la consigne de ne pas parler de lui / Celle qui estime que Guy Debord fut l’agent d’influence et même l’idiot utile de son propre pouvoir / Ceux qui pourront dire du festival de Taormina de 1991, où se tint un mémorable débat sur les films de Debord que personne n’avait vus : « J’y étais » / Ceux qui ont vu les films de Debord mais leur préfèrent les photos d’adolescents languides que le baron pédéraste Von Gloeden a prises à Taormina / Celui qui se rappelle l’article de Village Voice qui accusait Debord d’avoir été recruté par la CIA alors que l’Agence en avait jugé le profil même pas digne du KGB / Celle qui a bien connu Joseph Mouton à l'époque de ses Commentaires aux commentaires de Debord jusqu’au jour où elle lui a lancé sur le seuil d’Art Press : « Joseph, maintenant choisis, c’est lui ou moi… »  / Ceux qui se pâment encore devant des sentences du genre « Ne jamais travailler demande de grands talents », etc.

Commentaires

  • Celle et ceux qui vous souhaitent un bon anniversaire en ce gracieux dimanche 14 juin huit heures quarante sept. Pensées douces de Soues pour Vous, Lady L. et tous les Résidents de La Désirade. Happy Birthday to you Jean-Louis.

  • Yep, je me joins à la fête ! Happy happy year JL !

  • Un énorme bouquet de roses pour toute la Désirade en ce jour heureux.

  • Merci Soulef, merci Raymond, merci Michèle, et rappelons-nous le mot de Picasso: qu'il faut toute une vie pour devenir jeune... En ce qui me concerne, en dépit de l'indéniable poids des ans et l'état de mes rotules, j'ose dire que je me sens plus léger qu'à vingt ans...

  • Un joyeux anniversaire au fringant jouvenceau. De ma colline du Yorkshire je vois la Désirade, sa lumière, les feux du jour qui s'éteignent doucement. L'or jeune sur le poids de tes ans.

    Mon amitié vigilante.

  • Merci mon grand Yorkshire, wap do wap, je pense à toi chaque fois que je passe devant ta fleur de volcan, j'espère que toute la smala se porte aussi bien que tes mots.
    Mes amitiés à toi, à ta douce et à tous.

    Jls

  • Celui que Debord, abscon, difficile, maniaque de l'exclusion à la Joseph et qui en avait causé avec Cheval un jour que nous étions bourrés dans un bar de la rue des Pyrénées, bref, celui que Debord a toujours fait chier parce que pas le temps, quand
    on a vingt ans, de vérifier l'exactitude d'une théorie.
    Attendre qu'elle nous ressemble, qu'elle se fossilise mais tout ça aussi pour te remercier de ton amitié pour Zozo qui, lui, n'a jamais prétendu lire Debord mais qui peut-être l'avait mieux compris que Debord lui-même.

  • (...) Tel est le cas moderne de blabla, voire blablabla, onomatopées pures des années quarante, « paroles creuses destinées à masquer le vide et à faire impression sur l’auditeur » (Robert historique). Origine : invention de Céline, affirme Albert Paraz. Mais Alice Becker-Ho nous apprend qu’on trouve blah-blah dans l’argot américain au sens de « propos creux, paroles pour ne rien dire » (à partir de blah, qui signifierait sornette, fadaise et, plus lointainement, du nom a blah qui désigne, en anglais populaire, « an indiscreet talker », baratineur assommant.


    Jour JLK +1 !

  • Vive le changement Debord ! On ne m'enlèvera pas de l'idée que son livre sorti en 1967 décrit par le menu ce qui se passe aujourd'hui, et c'est sans équivalent !

  • Le problème avec Debord, c’est qu’on dirait bien qu’il est devenu impossible de parler de lui sans tomber dans l’excès – dans le dénigrement comme dans l’adulation (et c’est encore dans l’adulation que l’excès est le plus ridicule, comme vous le montrez bien : les « debordiens » font de leur maître à penser une espèce de prophète, de gourou, de mage… Si je puis oser une contrepétrie, je dirais que pour eux « le Debord est toujours vaudou ! »)

    Ce qui fait que, par réaction, on serait presque tenté d’oublier :
    1. que Debord a eu, principalement dans ‘La Société du spectacle’ et les ‘Commentaires’, sur l’évolution « spectaculaire » du système capitaliste et des appareils d’Etat, des intuitions qui se sont révélées d’une grande justesse (bien plus par exemple que les analyses d’esprits infiniment plus rigoureux – d’Althusser à Castoriadis) ;
    2. que Debord demeure l’auteur de quelques-unes des plus belles pages de prose française classique (souligner « classique »), dans le genre de l’autobiographie (‘Panégyrique’) ou du pamphlet (‘Cette mauvaise réputation…’) ;
    3. qu’il a au moins réalisé un très beau film (‘In girum imus nocte et consumimur igni’) qui s’inscrit dans la meilleure veine française du « documentaire » inclassable ou de l’essai subjectif, aux côtés de certains films de Resnais, Eustache, Pollet ou Chris Marker.
    Pas plus, mais pas moins ; et ce n’est déjà pas négligeable.

    (Au fait, puisque cette note semble surtout appeler en commentaires des messages personnels, en voici un : http://limprobable.hautetfort.com/archive/2009/06/15/pourquoi-yves-bonnefoy.html )

  • Et le Veau d'or est toujours debout !

  • @improbable :

    Vous dites des choses incontestables sur Guy Debord.
    Des choses que seule la malhonnêteté ou l'ignorance, passée, présente ou à venir, peuvent nier.
    Vous dressez cependant un curriculum vitae intellectuel incomplet.
    Et, en la matière, ce qui est incomplet parle plus fort que ce qui est énoncé.

    Je rajoute donc que, ne me faisant ni adulateur, ni dénigreur aboyeur, Guy Debord, dans son soutien à Sanguinetti (Du terrorisme et de l'Etat, livre puant s'il en fut, vu l'état des luttes souterraines de 1980 et la facilité avec laquelle on jetait au cachot les dernières velléités révolutionnaires) a sciemment énoncé une foule de contre-vérités désastreuses, idéologiques, allant même jusqu'à soupçonner un livre publié sous le manteau, (et dont je connais très bien les tenants et les aboutissants) :" - Protestations devant les libertaires sur les capitulations de 1980 - d'être l'œuvre d'un flic !
    Réduite à de tels arguments, Improbable, l'intelligence dont avait fait montre Debord dans les années précédentes est réduite, sinon à néant, du moins à la portion congrue.
    Ceci dit sans dépit.

  • D'accord avec Ray pour l'effet qu'a pu avoir Debord à son apparition à la fin des années 60, que j'ai vécue avec la même surprise enthousiaste de jeune romantique dégoûté par la grisaille du discours "révolutionnaire", comme à découvrir la lecture du quotidien par Henri Lefebvre, encore que d'autres auteurs de l'époque (de Marcuse à McLuhan et surtout à J.B. Ballard, avec ses prémonitions visionnaires) m'ont semblé aller bien plus loin dans le détail concret de l'aliénation.
    Quant à l'écriture de Guy Debord, Improbable: pas d'accord du tout à avec vous quand vous parlez de classicisme, sauf à l'entendre comme une rhétorique bien filée de beaustyle, qui est le contraire du style. Mais quel manque de souffle et de corps, quelle volonté d'en imposer, quel manque total de porosité et de sensibilité. En relisant sa prose dans le volume de Quarto, je ressens exactement le contraire qu'en relisant Lévi-Strauss dans La Pléiade, dès Tristes Tropiques et jusqu'à la fin...
    Enfin, pour les incidences politiques dont parle Bertrand, elles en disent aussi long sur la pertinence de cette pensée dans le cité et dans le temps...

  • Bertrand : mon but n’était pas de dresser un curriculum vitae complet de Debord, mais plutôt de rappeler justement ces « choses incontestables » que les « anti-debordiens » plus pourraient aujourd’hui non pas nier mais passer sous silence (je pense en particulier à cet article, où l’analyse me semble par ailleurs assez juste de Pierre-André Taguieff : http://www.lefigaro.fr/livres/2009/06/11/03005-20090611ARTFIG00413-guy-debord-se-donne-en-spectacle-.php ); pour le reste, c’est-à-dire ce qui peut et doit être contesté chez Debord, je souscris à ce que vous écrivez.

    JLK : oui, Debord fut loin d’être le seul à pointer de ce côté-là dans l’analyse de l’aliénation ; je ne connais pas Ballard, mais outre Marcuse et McLuhan je serais tenté de rajouter à votre liste le Pasolini des ‘Ecrits corsaires’. Quant au style, il faudrait sans doute en discuter plus longuement ; car si je ne conteste pas que l’écriture de Debord soit enfermée dans un carcan de rhétorique, resterait encore à se demander si ledit carcan, qui en effet bride le souffle et le corps, n’a pas malgré tout d’autres vertus littéraires (après tout, je ne suis pas sûr que le même reproche ne pourrait pas être adressé à Cioran). Mais oui, bien sûr, rien à comparer avec le classicisme de Lévy-Strauss (où Quignard, dans un de ses ouvrages récents, explique-t-il comment les collections mythiques de Lévy-Strauss ont joué un rôle de modèle stylistique secret pour toute une génération ?)

  • Nous sommes entièrement d'accord, et la référence aux écrits corsaires de PPP (auxquels il faudrait ajouter les Lettere luterane) est tout à fait pertinente. Quant à Ballard, c'est un prodigieux observateur du futur antérieur, si j'ose dire. Dans la filière d'Orwell, avec une fantaisie sans pareille et de l'humour - ce qui me manque aussi chez Debord et dans tous les "ismes" des années 60-70. Enfin pour le "drapé" un peu trop parfait de Cioran, vous n'avez pas besoin de me pousser... mais ses carnets sont d'un autre homme, bien plus intéressant à mon sens et vivant et amusant...

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