Notules et notuscules sur les arrivages quotidiens de La Désirade, tous genres confondus…
Marco Lodoli. Îles ; guide vagabond de Rome. Traduit de l’italien par Louise Boudonnat. La Fosse aux ours, 218p.
En préambule, Louis Boudonnat situe assez exactement le type et le ton de ce recueil de chroniques, initialement parues dans les pages romaines de La Repubblica : « La Rome vagabonde de Lodoli n’appartient à aucun guide touristique : c’est une ville d’îlots de beauté et de poésie qui émergent d’un dimanche pluvieux, ou d’un après-midi ensoleillé, mais que seul un œil clairvoyant est capable de saisir. C’est une place immobile redevenue une peinture métaphysique ; une statue nichée dans une église hors des sentiers battus ; un bar où la nuit se transforme en odyssée de solitudes, d’amours et d’existences fortuites ».
Ledit bar est à visiter, plus précisément, à la toute fin de la nuit, Piazza Venezia, à l’enseigne du Castellino. Et pour des jours à musarder, ou simplement à lire ce livre ailleurs que dans la Ville éternelle, les cent curiosités citées (telle l’église lilliputienne de Largo dei Librari, jouxtant un vieux resto à terrasse où se déguste le filet de morue, à trois pas du Campo de Fiori…) constituent un parcours extrêmement plaisant, agrémenté de commentaires épatants de l’auteur, d’une belle écriture fluide et fantaisiste. En se pointant par exemple place Saint Eustache, juste à côté du Panthéon, en levant les yeux, on apercevra une tête de cerf surmontée d’une croix, dont l’auteur raconte l’histoire intéressante avant de conclure sur la triste fin du saint, cuit tout vif dans un taureau d’airain chauffé à blanc. Dire enfin qu’il y a quelque chose d’un Ramon Gomez de La Serna dans les observations et la poésie de Marco Lodoli…
Nota bene : bon exercice de lecture pour l’amateur de langue italienne : Isole ; guida vagabonda di Roma, Einaudi.
Cormac Mc Carthy. Un enfant de Dieu. Traduit de l’anglais par Guillemette Bellesteste. Actes sud,1992 ; Points Seuil- roman noir, 2008.
On a beaucoup parlé de Cormac Mc Carthy à propos de ses deux derniers romans, Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme, mémorable plongée dans les ténèbres du Mal contemporain, et La Route, admirable fresque apocalyptique, mais Un Enfant de Dieu, datant de 1973, est resté assez méconnu, en tout cas moins en vue que la fameuse Trilogie des confins, Le gardien du verger ou Méridien de sang, alors qu’il relève sans doute de la vision la plus radicale de l’écrivain, du côté du Faulkner du Bruit et la fureur ou de Tandis que j’agonise. Le protagoniste, du nom de Lester, genre innocent monstrueux, marqué en son enfance par le suicide de son père survenu après la disparition de la mère en galante compagnie, préfigure le serial killer dont la morne répétition, en littérature ou au cinéma, n’aura que très rarement l’aura symbolique, voire théologique, de ce muet avatar de l’ange exterminateur. L’écriture de Cormac McCarthy touche ici à l’os de la réalité, avec la même âpre grâce que dans La Route ou Méridien de sang, une phrase après l’autre, un os après l’autre, un os et un clou, un pas et un coup. Relatés par un narrateur neutre rappelant l'implacable murmure d’un choryphée, le roman vibre d’humanité fruste « autour » du trou noir que constitue la présence-absence de l’enfant appliquant à sa façon la « justice divine ». Bref, c’est du haut lyrisme puritain et ça ne se lit pas sur la plage…
Jacques Perry-Salkow. Anagrammes ; pour sourire ou rêver. Le Seuil, 176p.
Le jeu de l’anagramme fut très prisé dans les cours (et les arrière-cours) aux XVIe et XVIIe siècles, qui consiste à mélanger et intervertir les lettres d’un mot ou d’une expression pour en tirer un autre mot ou une nouvelle expression. Par exemple : Arielle Dombasle – À l’ombre de l’asile. S’il n’est tenu compte ni des accents ni des expressions, le jeu n’en est pas moins délicat, voire ardu. Est-il bien sérieux de s’y livrer alors que le prolétaire se tue à l’usine tant que la ménagère en cuisine ? Cette éthique question ne semble pas avoir troublé Jacques Perry-Salkow qui, après Le Pékinois, en 2007, remet ça pour l’agrément de la mère ou foyer et de l’ouvrier. La France d’en bas goûtera sans doute, ainsi: Jean-Luc Delarue – Le jeune Dracula, ou mieux encore : Jean-pierre Foucault – Purée, la France jouit ! Ou encore : Daniela Lumbroso – Roulis à l’abdomen, et Miou-Miou – Mmm…oui…oui ! Quant à la France qui se dit d’en haut, elle appréciera non moins : La princesse Stéphanie – Hantée par les piscines, ou La madeleine de Proust – Don réel au temps idéal. La fantaisie est au rendez-vous avec La Fontaine gorillé : Le lièvre et la tortue – Le lévrier et le tatou, et le lyrisme embué d’Alain-Fournier : Le Grand Meaulnes – Le sang d’une larme. Enfin, le dernier chapitre consacré aux secreta de la Bible (on sait que la Kabbale fit grand usage de l'anagramme) n’est pas des moindres, où « Je suis le Seigneur ton Dieu » devient « Je souris et déguise l’ennui » et, top de l’esprit évaangélique, où «Aimez-vous les uns autres » donne « Tous, sans mesure, suivez le la »…
Commentaires
Ah! bonjour cher Olympe aux narcisses!
Comme j'aime lire l'essentiel dans vos grands yeux sombres, quand vos longues oreilles de sage aux aguets attendent les échos du monde...
ce n'est pas du tout que je n'aime pas mccarthy,c'est un grand écrivain,mais je suis las de le voir comparer à faulkner.à part l'amérique et son mal,les oeuvres sont totalement différentes et pour moi celle de faulkner globalement occupe toute la vie d'un homme,c'est à dire d'un lecteur.tout le mal qui est dans son oeuvre,se balade dans tous les livres de la bible,tout un monde naît et puis meurt entièrement,de la genese à l'apocalypse comme dans absalon absalon.l'espace et la géométrie aussi chez faulkner et le toucher direct comme d'écrire avec de la glaise d'un monde encore nouveau et déjà plus est comme une:il s'est fait poète ou plutôt tout à coup il est devenu poète,c'est magique comme dans sartoris une métamorphose se fait et qu'il écrit autour d'une coupe d'or de grâce des chef d'oeuvres,tous inouïs:le bruit et la fureur,lumière,tandis que j'agonise,sanctuaire,pylône,les palmiers sauvages,absalon absalon,descend moïse,treize histoires et la grace qui petit à petit s'estompe avec l'invaincu,le hameau la ville le domaine l'intrus c'est génial mais la grâce comme partagée nous quitte à lui comme à moi pauvre lecteur qui aurait voulu rester si haut et parabole et les beaux larrons comme me disant ne t'en fais pas bob,d'autres arriverons.sa géographie reste de l'amérique du rêve américain avec le souvenir,mais aussi l'oublie,et le souvenir du souvenir,le souvenir de la mémoire,la mémoire du souvenir(pour parler comme marc cholodenko dans un rêve ou un rêve je ne sais pas qui ne parle en rien de faulkner mais qui moi m'a parler),et puis il y a l'acquit des plus grand livres de faulkner on les connait par coeur ses grand livres et cela cette connaissance de la ville de faulkner vient d'une lecture violente claudellienne d'ulysse de joyce,pas les lectures à la sollers ou eco des vrais tueurs de joyce,ou comment supporter les divagations d'un françois bon tout compris sur le poignant de faulkner et mettant simon à coté de l'américain,disant qu'encore il a besoin des deux!combien de génies bon a avalé et comme il en est cool,et comme moi je crois pas ça,des paroles pas pour donner de génération en génération,mais pour être dans le coup et dire moi f bon mon travail d'éditeur est mon sacrifice,mon livre à venir.quand on a un nord,un bruit et la fureur,des beinveillantes,un suttree,un 2666,un arc en ciel de la gravité,on pense édition?c'est des paroles lues qui te prennent du temps,et être vanté pour tout ce travail,et pour ses mots,c'est détruisant pour de jeunes espérant.je dis ça car sa morale presque orale l'ami(l'ami poète!sic...)m'affecte en lecteur,le mensonge(je veux dire quand on parle de faulkner,de lowry comme nos beaux souvenirs de jeunesse blanchot que des grands bien sur,pas de déchet de lecture... l'intuition....moi je suis usez par tant de déchet de lecture,et encore comme neuf devant mes livres aimés,il y a pas le bon temps toujours la passion est là et quand elle part c'est pour une détestation appris avec le temps d'une trahison pas d'homme mais trahison dans l'oeuvre même!ou elle part aussi mais pour le désespoir,la ténèbres,la fin et la manière car on en avait un peu trop fait subir à jean pierre duprey!et alain jouffroy publie encore des âneries à la blanche,l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie,passent de jean pierre duprey le plus grand poète français depuis rimbaud,qui n'est pas seulement celui qui clôt l'humour noir de breton mais c'est celui qui met fin à l'humour noir et au surréalismes.il y a un jeune talent à venir françois lacire qui a écrit un texte sur duprey.duprey aurait raté sa mort,comment écrire ça quelle lecture universitaire de duprey du surréalisme,comment parlé d'un homme,le pendu duprey écrivit sur une grande enveloppe la fin et la mamière et l'adresse de monsieur andré breton,qu'il donna à poster à sa femme travaillant à la poste dans le social son manuscrit quand elle revint il s'était non il était pendu mort à sa poutre d'atelier de sculpteur de poète.l'idée de breton était morte et l'action à venir de breton finie!lacire veut surement créer un groupe genre surréaliste plus lettré plus linguiste dans la lignée du génial écrivain christian prigent,mais avec qui,sa manière sera de choisir,que des bons,mais prigent son oeuvre se suffit seul,même si elle s'ouvre sur des voies nouvelles,sont oeuvre compte surtout seul et elle est de poids,oh oui.
mais pour mccarthy il n'est pas en péril tous l'aime!mais lire mccarthy n'est pas lire faulkner,c'est très facile,et le complexe chez faulkner donne tant à son lecteur si lui aussi se donne,et puis un enfant de dieu,cela fait pas mal de temps qu'on le vante,plus que "grand mère quéquette" de prigent,on en parle tout le temps quand on parle d'américan psycho,et on les compare,et que le plus térible c'est qu'on aurait presque de l'affection pour le héros de mccarthy,on surparle de mccarthy,mais lui c'est livres restent dans isaïe et le mal,il ne créait pas un monde,il décrit le mal,le raconte,et tient presque qu'à chaque le héros continu,vers le mal le triste(suttree)vers le mal qui fait le ménage(mais ce n'est plus pour le vieil homme)il y a une logique morale,lucide,sans concession.chez faulkner tout ça est tourments tragédies concédant car pouvant tuer à chaque fois son livre.mccarthy lui ne peut pas faire naitre un livre et le faire disparaitre,d'où un certain sadisme obligé,et être le réac cynique mais comme on fait son portrait sur facebook,mccarthy veut choquer,faulkner n'est pas morale,est sans portrait(toutes les bios le gronde,on s'en fout si on l'a lu on les lis les bios,bien plus lourde que les fers à repasser de quentin)seuls les larrons parlent avec humour et nostalgie du grand poète ïvre sur son cheval,le chapeau bondissant en avant quand faulkner se paye une branche et paye de sa vie le chapeau par là derrière comme celui de robert walser dans la neige.mais pour moi sans commentaires ce jour le génie après faulkner est pynchon et de loin.mais tout le monde s'en fout,et tous continue leur petite entreprise,malheurs aux vrais momo,c'est un vrais malheur on t'abandonne.j'avais dis que j'aimais le vers de bashung "la nuit je m'en lave les mains"je savais que c'était un vrai beau vert,et je trouve par ci par là des phrases se servant mais à moitié en douce de ce vers,je m'en lave les mains....mais le vers aimé c'est "la nuit je m'en lave les mains"c'est de la poésie.
Cormac Mc Carthy cynique ? L'auteur de La route cherchant à choquer ? Ah bon ? Mais oui Bob: vous vivez vos lectures, pas de doute, à fond le caisson, mais le problème de Lison, qui lit aussi à ses heures, ce sera de trier, dans ce que vous lui balancez, la paille d'or et le tout-venant foutraque. Dire qu'il n'y a aucun rapport entre Mc Carthy et Faulkner, et citer Pynchon dans la postérité directe et seulabre du même Faulkner, c'est votre droit, mais c'est aussi le mien de trouver que c'est n'importe quoi, comme de faire de Cholodenko un grand écrivain ou de Prigent la révélation du siècle. Par ailleurs, je n'apprécie pas vraiment qu'on dégomme mes amis sur mon blog, en l'occurrence François Bon, d'une façon aussi oblique et noiseuse...
Tiens, comme J.Asensio, et d'autres, vous êtes tombé sous le feu apocalyptique de "La route", cette petite promenade sous la neige avé le fiston, jusqu'à l'océan. Moi, ça m'a laissé totalement froid — pour le coup, puisque l'hiver y fut rude, je crois. Ce road-muffin surmédiatisé et maxmadien, mal traduit (ah tous ces et, et, et, et, et !...), mérite-t-il vraiment tout ce raffut ? Adapté au cinéma, môssieur ! (Ah oui c'est vrai, je m'incline, pardon.) Et puis vous savez, les Américains... (Imaginez deux secondes la même histoire, qui se passerait entre Besançon et La Baule, même décor, même "fin du monde", même style soi-disant "épuré", mais écrite par André Bouchot, de Clermont-Ferrand : AUCUN SUCCES ! ;-)
On n'est peu de chose, je sais, je sais...
Ceci dit, le goûts-les-couleurs, hein ! (Votre blog est bien, je viens parfois y respirer quelques helvétiques molécules.)
(Voyez aussi dans vos archives de février 2009, sur Chessex, j'ai laissé un short message ce matin.)
"On est peu de choses". Voulais-je dire.
Bonne journée à vous.
Bah, je ne crois pas que le film tiré de The Road donnera autre chose que le maxmadien auquel vous réduisez le livre: on en voit d'inquiétants extraits sur Youtube. On a l'époque qu'on peut, et l'écrivain se défend tout à fait sans médias. Habiterait-il en Auvergne que je lui ferais volontiers une chtite visite. Quand à aimer son oeuvre (qui se défend, elle mieux en V.O., c'est vrai), chacun ses faiblesses n'est-il pas ? Nabokov prenait des chaud-froid à la lecture de Faulkner et de Dostoïevski, moi non plus, mais j'aime assez Nabokov et Ronald Firbank, qui ne prisait guère les puritains du Deep South et environs, bref je ne vais pas chercher à vous convaincre un si joli dimanche matin. Le bonjour à Anselme Boudot.
tout ces et et et et ça c'est faulkner!d'où je préfère le mccarthy sans faulkner,car et et et et avec faulkner ça creuse dur la mémoire et la mémoire de sa région...il y a peu de mémoire chez mccarthy,presque des descriptions de fantômes.mais j'aime les deux et j'aime votre blog et tous les blogs de vos amis.sinon finie ma voix.
et je ne met pas pynchon dans la lignée de faulkner.je pense que depuis faulkner c'est le plus grand écrivain américain.et je ne cherche pas les lignées en général.faulkner me semble unique,et si je dirais à le lire cela me fait penser à faulkner,et bien je dirais que c'est chez gaddis que je trouve le plus de souvenir.je compare pas sans arrêt d'un chateau l'autre les ressemblances,c'est dans la mémoire dans le souvenir que je me dis ça ressemble,ou en lisant...comme gothique charpentier me fait penser plus à faulkner,que tous les livres de mccarthy.et pas les écrivains du sud,où on a trouvé bien des faulkner de pacotilles.quand à cholodenko je veux pas le défendre à tout prix,pas du tout,je lui ai écrit au moins cinq cent lettres depuis vingt ans et des dix quinze pages.Quand il y a un an j'avais de la peine(pour une raison personnelle qu'on ne peut dire car personnelle mais qu'on voudrait bien la crier,mais je sais maintenant les règles...)je lui ai dis marc tu as gardé mes lettres,je reçu une très courte réponse:malheureusement non.cela ne remet pas en question l'amour de ses livres anciens,mais depuis pas mal de temps j'avais lu de plus grand livres,mais les siens anciens furent pour moi très profondément aimés
En anglais, le "and, and, and..." passe mieux, on comprend, il y a litanie, c'est une habitude assez ancrée chez les storytellers et la tradition orale. Le traducteur n'a pas du tout respecté ce "mood", ne l'a pas ajusté, et nous donne cet atroce "et et et" à l'emporte pièce, quand même très casse-couilles en français. Mais bon, comme dit JLK, on fait ce qu'on peux.
peuT
Le Grand Meaulnes – Le sang d’une larme.
Etrange, vraiment
Je suis en train de relire 'Le Grand Meaulnes'
'1 extrait _____________''Le grand Meaulnes était là, dressé, tout équipé, sa pèlerine sur le dos, prêt à partir, et chaque fois, au bord de ce pays mystérieux où une fois déjà il s'était évadé, il s'arrêtait, hésitait...Puis, durant les longues heures du milieu de la nuit, fiévreusement, il arpentait, en réfléchissant, les greniers abandonnés.''_____________________