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Matricule 2000

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Trois ans de Carnets de JLK. De l'écriture et de la lecture sur la Toile. Notes en chemin... 

A La Désirade, ce samedi 7 février 2009. – La nuit tombe sur la montagne enneigée, on se dirait hors du temps, et les mots qui me viennent à l’instant voudraient refléter la sérénité d’une soirée d’hiver au coin du feu, auprès de personnes aimées – ma bonne amie et son frère. Celui-ci, sous le nom de Philip Seelen, est devenu familier ces derniers mois des lecteurs de ces Carnets de JLK, notamment du fait de la série Panopticon, contrepoint d’images et de brefs textes, inspirés par celles-là, que nous filons tous les jours à quatre mains. Si j’évoque la sérénité de notre petit clan, ma bonne amie, que j’appelle aussi Lady L., en est la première inspiratrice en dépit des charges qu’elle assume dans sa profession de formatrice d’enseignants, spécialisée dans la recherche en matière de récits de vie. Notre vie commune se poursuit en harmonie depuis 27 ans, étroitement associée à celle de nos deux filles Sophie Cécile et Julie Loyse. Je note cela en toute transparence sans me préoccuper du fait que ces mots peuvent être lus n’importe où et par n’importe qui, à commencer par les 500 lecteurs réguliers de ce blog, qui furent 938 le 21 janvier, à consulter 4223 pages en un jour, et 1078 le 28 janvier, à consulter 11091 pages, sans que je n’aie la moindre idée de ce qui, ces jours-là, m’a valu cette attention – je préfère d’ailleurs ne pas le savoir…
Ce qui m’importe, en revanche, est la continuité parfaitement régulière de ces consultations, en légère baisse le samedi. J’y vois comme une marque de curiosité soutenue et peut-être de confiance, parfois même d’amitié, manifestées par quelques signes. Dès l’ouverture de ce blog, en juin 2005, j’ai eu la bonne surprise de voir se constituer un réseau de lecteurs, parfois à visages découverts, marqué par de vrais échanges ici et là prolongés sous forme de publications ou d’articles de ma part. C’est ainsi que j’’ai publié, dans le journal littéraire que je dirige, à l’enseigne du Passe-Muraille, des textes de Raymond Alcovère, de Joël Perino, d'Hubert Simard, de Frédérique Hirsch-Noir, puis de Bruno Pellegrino ou de Pascal Janovjak, notamment, et j’ai présenté, dans le journal 24 Heures dont je suis le mercenaire, quelques livres de ces complices, tels Christian Cottet-Emard, Alina Reyes, Raymond Alcovère, Jean-Jacques Nuel, ou Bona Mangangu, plus récemment François Bon, entre autres.

Bon4.jpgRemue.net & Co
François Bon, avec son formidable réseau virtuel, tant à l’enseigne de Remue.net que du Tiers.livre ou de Publie.net, représente à mes yeux l’illustration la plus remarquable de la mutation profonde que peut signifier l’écriture ou la publication en ligne, par un nouveau vecteur arborescent. Fort peu porté, à l’origine sur les nouvelles technologies, j’ai trouvé initialement, dans la pratique du blog, la prolongation des carnets que je tiens depuis une quarantaine d’année, et qui ont fait l’objet de deux publications substantielles (L’Ambassade du papillon, 1993-1999, et Les Passions partagées, 1973-1992), et, d’autre part, l’occasion de déployer mes activités de passeur de littérature ou de chroniqueur en matière de théâtre ou de cinéma.
De plus en plus, cependant, le support du blog me semble lui-même induire de nouvelles pratiques, et c’est ainsi que trois nouvelles arborescences, au moins, se sont développées sur ces Carnets de JLK au fil des mois : je veux parler des 150 lettres que j’ai échangées à ce jour avec Pascal13.jpgPascal Janovjak, écrivain franco-suisse établi à Ramallah, et qui constituent après un an, sous le titre de Lettres par-dessus les murs, un livre virtuel de plus de 300 pages ; de la série déjà citée du Panopticon, comptant déjà plus de 200 séquences, et de plus récentes méditations poétiques modulées sous le titre de Pensées de l’aube, qui me sont comme une hygiène spirituelle quotidienne.

Du blog au livre

Le passage du blog au livre n’est pas, à mes yeux, un transit obligatoire, mais je me réjouis de publier, sous peu, un ouvrage de 280 pages, sous le titre de Riches Heures, constitué de textes tous publiés en ce lieu, à paraître aux éditions L’Age d’Homme à l’instigation de mon ami Jean-Michel Olivier. Par ailleurs, je suis reconnaissant à François Bon d’avoir établi, sans que je ne lui demande rien, un recueil de mes listes sous le titre de Ceux qui songent avant l’aube, à l’enseigne de Publie.net, avec une belle couverture de Philippe de Jonckhere. Ces nouvelles procédures d’édition feront-elles florès demain ? Je n’en sais rien mais n’y suis nullement rétif, quoique préférant toujours un livre de papier à un e-book dernier cri, et me réjouissant comme au premier jour de voir paraître un livre ordinaire…
N’empêche : une société est en train d’en remplacer une autre. Hier encore, je parlais avec le jeune nonagénaire René de Obaldia de la société littéraire que nous avons connue et qui est en train de disparaître. Le vieil académicien au regard vif s’étonnait de ce que les noms de Max Jacob, d’Oscar de Lubicz-Milosz ou d’Audiberti me disent encore quelque chose (!), mais à l’opposé de ceux-là qui retirent l’échelle derrière eux, comme il en est tant aujourd’hui à marmonner leur « après nous le déluge », je me suis réjoui de l’entendre parier pour de nouvelles formes tout en concluant à la fin d’une ère.
Georges Nivat évoque, dans soin dernier livre, Vivre en Russe, l’importance cruciale des blogs dans la nouvelle Russie, et le niveau élevé de leurs réseaux en matière littéraire. De la même façon, j’entendais parler l’autre jour, à la radio, du rôle décisif de la blogosphère iranienne en matière de débat démocratique - sans parler de la galaxie Obama...
Dans cette optique de l’échange vivifiant, je regrette pour ma part de ne pas consacrer assez de temps aux blogs de qualité qui constellent la toile francophone, dont François Bon ou Christine Genin  (http://blog.lignesdefuite.fr/) ont établi d’utiles répertoires. Les lecteurs de ces Carnets de JLK connaissent déjà, sans doute, ceux que j’ai cités en Liens, du passeur de poésie Jalel El-Gharbi à Eric Poindron en son Cabinet de curiosités ou de Feuilly à Soulef, d’Alain Bagnoud à Jean-Michel Olivier et à bien d’autres dont la liste (incomplète) figure ci-contre.
Le Labyrinthe ne cesse de jeter de nouvelles allées et l'Arborescence de nouvelles relations entre scripteurs et lecteurs. Or l’attention et la présence, mais aussi les réactions de ceux-ci sont autant de viatiques et de pierres d’achoppement pour ceux-là dans le Work in progress. Bref, à «mes» 500, parmi lesquels je distingue de plus en plus de visages amis, je dis une fois de plus ce soir, ma vive reconnaissance. E la nave va…

Images: Lucienne K: Le feu dans la neige. Philip Seelen: Neige à La Désirade.

Panopticon662.jpg

 

Commentaires

  • C'est marrant qu'il y ait une légère baisse le samedi, on pourrait attendre le contraire. Cela veut dire que la lecture des blogs est vraiment intégrée au boulot de chacun quel que soit ce boulot. Une pratique de vie au même titre que l'est (un peu trop) le gagne-pain.

    "Spécialisation dans la recherche en matière de récits de vie", ça, ça me fait rêver.
    S'agit-il de la mise en place d'ateliers d'écriture, ou de techniques pour l'écriture de récits de vie, ou d'autre chose ?
    Je me disais l'autre jour (après une émission de télé où un écrivain public recueillait auprès de personnes en soins palliatifs le récit de leur vie et en donnait ensuite la version écrite et éditée aux proches qui témoignaient de l'effet à découvrir la vie telle que racontée par ce parent souvent disparu avant la parution écrite du récit), je me disais que les blogs ouvraient bien une autre ère.
    Je pense au perecquien Philippe Didion qui envoie chaque dimanche à ses abonnés (dont je suis) ses "Notules dominicales de culture domestique" et qui écrivait dans l'avant-dernière notule que, dérogeant à la règle de l'anonymat concernant les abonnés, il accueillait officiellement sa fille Lucie, qui venait de s'abonner.

  • Bonjour Michèle,
    Une fois n'est pas coutume, je réponds à votre commentaire. La notion de spécialiste me paraît un peu ambitieuse: je ne me sens pas spécialiste, même si mon bonami me gratifie de ce qualificatif. Toujours est-il que en me fondant sur la notion d'identité professionnelle dans le champs de la formation des enseignants qui est le mien, je creuse la piste des liens qui se tissent entre la vie et la profession. Ayant été formée à l'Ecole de Genève dans les histoires de vie en formation, je travaille avec les professionnels en formation vers l'enseignement spécialisé à la construction de leur nouvelle identité professionnelle en fondant la réflexion sur le récit de vie.
    En effet lorsque l'on prend le temps de s'arrêter et de se raconter et que l'on "publie" ce récit d'abord oral et puis écrit à l'intention des membre du groupe de réflexion constitué par les étudiants qui participent à la réflexion, des liens se tissent, des ponts sont jetés entre soi et la vie, ses valeurs et leur expression dans le quotidien professionnel, ses expériences scolaires ou d'adulescent (qui tend vers l'état d'adulte) et le travail qui s'accomplit au quotidien avec les élèves. Ces liens, ces ponts permettent à la personne de devenir consciente (au sens de Searle) de faire le point, de faire ressortir ses qualités, ce en quoi elle croit et ses compétences ( on n'y échappe pas dans le métier) pour de construire de nouvelles connaissances et de renforcer ses compétences.
    Rien de nouveau sous le soleil, aujourd'hui prendre le temps de s'arrêter est un luxe que ne peuvent s'accorder que celles et ceux qui prennent conscience de leur éphémère et de l'unicité de leur existence. Pouvoir considérer son existence et en faire une vie avec son histoire est certes complexe, mais d'autant plus passionnant que cela correspond à notre capacité humaine de mettre des mots en mémoire et parfois de favoriser l'anticipation plutôt que de se laisser entraîner vers le futur .
    J'évoque souvent ce processus de recherche comme une tête de choux-fleur ( Gainsbourg n'y est pas étranger) qui bourgeonne dans diverses directions tout en gardant cette magnifique couleur blanc lait cachée sous les feuilles protectrices de l'enveloppe de verdure).
    Avec mes amitiés bloguesques

  • Je vous remercie Madame, je vous remercie Lucienne, de votre longue réponse. Je dois vous dire que je n'en reviens pas de ce que j'apprends là. Je n'en reviens pas qu'existe dans votre Haute Ecole Pédagogique ce que je rêve voir exister dans l'institution scolaire chez nous. Que l'écriture littéraire soit un contenu à part entière, un outil de vie, un outil de pensée. Qu'elle puisse se vivre et se pratiquer tout au long de la vie, en lien étroit avec la lecture littéraire.
    Découvrir que vous pratiquez avec de futurs enseignants (ou enseignants en exercice) le récit de vie professionnelle, comme moyen de construire cette identité professionnelle, de la regarder, de l'interroger, pour soi et avec d'autres, me fait me dire que tout n'est pas perdu. Peut-être un jour aurons-nous un ministre formé à cette intelligence-là.
    Plus sérieusement, dans cette Europe que l'on voudrait des gens, des personnes (je n'ose plus écrire des peuples, un mot pourtant à sa place, là) et pas de l'argent, c'est à des échanges, des ouvertures de ce type qu'il faudrait s'atteler.
    Je suis professeur des écoles détachée à la Ligue de l'Enseignement et reprends une classe en septembre par suite de suppression de ces postes par notre gouvernement; et dans le cadre de ce détachement, les ateliers d'écriture dont j'ai pu tenter de bien modestes pratiques, à l'Institut de formation des maîtres, ou en direct avec des élèves, pour leurs formations de délégués d'élèves, n'ont aucun statut officiel et seraient bien considérés comme un supplément d'âme, fruit de lubies de lecteurs affairés.
    Je vous remercie infiniment de la bonne nouvelle dont vous éclairez ce dimanche.
    Avec mes amitiés bloguesques et ma reconnaissance.

  • Si je puis me permettre, pour rendre mon propos plus juste, je précise qu'il y a, dans notre beau pays de France, des responsables académiques, qui, sans appui ni statut, incluent dans les dispositifs de formation continue des enseignants, la pratique d'écriture créative.

    Ainsi de l'Académie de Versailles qui a fait appel, deux années de suite, à François BON. Pas moins.

    Et rappeler ce livre formidable "TOUS LES MOTS SONT ADULTES, Méthode pour l'atelier d'écriture", édité en 2000 chez Fayard puis réédité dans une version augmentée et enrichie, en 2005. Livre par lequel François BON donne des outils sans précédents à tous ceux qui s'intéressent à, et souhaitent faire pratiquer en ateliers, l'écriture de création, comme formidable vecteur pour l'appropriation de la littérature.

    Je reste persuadée que les récits de vie vont d'autant plus loin qu'ils ont pu être nourris aux sources vivifiantes de la littérature mondiale, patrimoine de tous les hommes.
    Bien à vous.

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