Ramallah, le 20 mars 2008
Moj velky brat,
Ach, la politik, cette superbe saloperie. C'est à croire qu'il ne faudrait jamais chercher à appliquer les idées. Elle semblait bonne au départ, vous la plantez en terrain fertile et puis ça pousse n'importe comment, ça devient carnivore, ça rampe et ça vocifère, ça traverse les murs et ça fait éclater les maisons, et à Bratislava le jeune homme n'a plus le droit d'étudier, il a vingt-cinq ans, il quitte son pays et sa famille et se retrouve en Suisse, dans un centre pour demandeurs d'asile, auprès d'une famille d'accueil ensuite, parce qu'à chaque poing dressé répond une main tendue… pour lui c'était les mains d'Albert et de Berit, que je considère aujourd'hui comme mes autres grands-parents.
Ici aussi, des hommes et des femmes ont voulu bien faire. Construire une communauté et cultiver des oranges, et puis ils ont créé une machine de guerre, et un pays qui vit dans la peur. Un ami m'a écrit, il me dit qu'il aime bien nos lettres, mais que tout de même, c'est sacrément politiquement correct, notre truc. Je pense d'abord qu'il a tort, ce n'est ni correct ni incorrect, parce que ce n'est pas politique. Et puis à y repenser, c'est forcément politique, et pas seulement parce que j'habite à Ramallah. C'est politique parce que la politique est transversale, ni plus ni moins que la littérature, elle est partout, sous nos mots aussi, bien sûr. C'est pour ça qu'elle est si difficile à tenir à distance, parce qu'elle est humaine également, qu'elle procède des mêmes mécanismes qui nous conduisent à construire une maison, à fonder une famille, et que l'homme, à un moment où un autre, ne peut que refuser de tendre la main, parce que ce serait nier jusqu'à son humanité.
J'arrête.
Tout ceci n'est pas de mon ressort, velky brat, je suis piètre philosophe, et vous avez traversé des tempêtes dont je ne connais que les noms. J'espère que vous me raconterez, quand nous nous rencontrerons, comment vous avez serré à nouveau la main de Dimitri. Je ne vous tends pas la mienne, tovarichtch, aujourd'hui je me permets l'accolade,
Pascal
PS. Le combat ordinaire, de Manu Larcenet, raconte aussi des histoires de mains tendues, entre autres. Je relis le second tome ce matin, jamais une bande dessinée ne m'a autant ému, et pourtant je suis bédéphile en diable... Elle transcende avec talent la mode de l'autobiographie nombriliste, qui sévit depuis quelques années dans le monde des bulles.
La Désirade. le 20 mars, 21h.33
Pan Towarysz,
Votre ami nous trouve trop politiquement corrects, mais dans quel sens l’entend-il ? Je me le demande, parce que la notion et ce qu’elle exprime ont pas mal évolué depuis la première fronde opposée, aux Etats-Unis, à la political correctness, par exemple sous la plume libérale d’ un Allan Bloom, en 1987, avec L’Ame désarmée stigmatisant le déclin de la culture générale dans l’enseignement américain et le verrouillage des mots d’ordre progressistes. Je me rappelle, pour ma part, avoir écrit des papiers très favorables à ce livre, alors que nos bien-pensants de gauche le taxaient de fascisme. Je n’exagère pas: c’est le terme utilisé par un professeur de l’Université de Lausanne dans un journal de nos régions. Non seulement « réactionnaire », ce qui pouvait passer, mais fasciste.
Or qu’est-ce qu’être « politiquement correct » en Europe, quarante ans après Mai 68 ? C’est être de gauche pour les gens de droite, ou rester constructif pour les nihilistes et autres cyniques de tous bords. Si la révolte démocratique, le goût de la justice ou la simple générosité relèvent du « politiquement correct », alors vive ça…
Je me suis éloigné très vite, pour ma part, de la pensée clanique du groupuscule progressiste auquel j’ai adhéré en 1966, parce que très vite diverses choses m’ont dérangé dans nos soirées enfumées: la hargne autoritaire des tenants du dogme, la surveillance mutuelle au nom de ceux-ci et la langue de bois, que je dirais plutôt langue de fer. Je me rappelle le ricanement de notre idéologue en chef me surprenant à lire Charles-Albert Cingria, illico taxé de « fasciste ». Charles-Albert fasciste ? Disons qu’il avait souscrit, autour de ses vingt ans, aux idées de Maurras, mais c’est à peu près là que s’en tient sa « pensée » politique, oubliée ensuite. Mais hélas je pêchais, moi, par « littérarisme ».
En mai 68, nous avons débarqué, petite troupe estudiantine en procession de 2CV chargées de précieux stocks de plasma sanguin pour « nos camarades des barricades », en pleine Sorbonne nocturne en proie à toutes les agitations fébriles, entre rumeurs (« Les fumiers de flics ont violé une militante du côté de l’Odéon ! » - « J’crois bien que j’ai vu Sartre passer dans la cour ! » et débats à n’en plus finir dans les auditoires, où j’ai découvert que la parole se transmettait à qui détenait le bâton. Des balais faisaient aussi l’affaire. Avais-tu quelque chose d’important à dire ? Tu t’arrangeais pour choper le bâton ou le balai, et c’était parti pour une nouvelle harangue. La nuit entière y a passé...
Ce qui m’a frappé, dès le lendemain matin, c’est mon incapacité à gober ce qui se disait et se répétait de trottoirs en terrasses: que ça y était, que la Révolution était faite, que plus jamais ce ne serait comme avant.
Or notre idéologue en chef nous attendait, au retour, avec un sourire de travers, comme à une fin de récréation. Lui non plus ne croyait pas que la révolution fût déjà faite. Du plus sérieux se préparait d’ailleurs, plus ou moins dans le secret, à quelques mois du virage trotskiste de ce qui deviendrait la Ligue marxiste révolutionnaire.
Autre flash personnel mais datant de 1967 : cette vision du petit gars invité à la télévision pour y présenter la pensée de Marcuse, et le journaliste me demandant si Marcuse pouvait être compris des ouvriers, alors le petit crevé de parler gravement de « Marcuse et des masses… », et moi l’un de ne pas reconnaître moi l’autre. Mais déjà j’avais flairé, en Pologne, la réalité réelle du socialisme appliqué…
Saloperie que la politique ? Mon père disait plus placidement que « la politique c’est la politique », mais je serais plutôt du parti de ma mère qui, dans sa vieillesse solitaire, envoya une lettre personnelle au ministre en charge des affaires du troisième âge pour l’enguirlander – je garde d’ailleurs précieusement la réponse toute personnelle du Conseiller fédéral Caspar Villiger, nimbée de fumée de cigare démocratique.
Un jour, Pascal, nous parlerons démocratie à Bratislava. Je te parlerai alors, toi qui pourrait être mon fils, sauf que je me sens ce soir 7 ans autant que 700 ans, de mon ami G.K. Chesterton qui est à mes yeux la générosité incarnée, ne serait-ce que parce que, avec son gros cul, il libérait trois places d’un coup en se levant dans l’autobus; et je te citerai de mémoire deux de ses propositions touchant au principe de la démocratie. D’abord que « ce qui est commun à tous les hommes est plus important que ce qu’ils ont en particulier ». Aussi dit-il (c’est écrit noir sur blanc dans La morale des elfes) que « les choses ordinaires ont plus de valeur que les choses extraordinaires ; bien plus, ce sont elles qui sont extraordinaires ». Ensuite que la vraie démocratie va de pair avec la tradition plus qu'à l'idéologie du progrès. Et ceci pour l’éloge de la politique qui échapperait à l’obsession du pouvoir, à la vengeance ressentimentale de Caliban ou à la démagogie des élites jouant avec le désespoir de Billancourt: « Tout démocrate récuse l’idée qu’un homme soit discrédité par le hasard de sa naissance », écrit encore Chesterton, et moi j'ajoute que ce hasard englobe la génération 68 dont tu aurais des raisons (avec Houellebecq & Co) de contester le discours « politiquement correct ». Chesterton est du parti des fées et donc de la tradition, du vrai peuple qui a une mémoire et une sensibilité forestière. « J’ai toujours été plus enclin à suivre la foule anonyme des travailleurs que la classe confinée et querelleuse des gens de lettres, à laquelle j’appartiens », persifle-t-il.
Dans le genre gendelettre, un littérateur suisse incarnant par excellence le « politiquement correct », notre cher Daniel de Roulet, qui se flatte-repent d’avoir été terroriste en 68, disons plus justement incendiaire du dimanche, n’a pas son pareil pour repérer ses pairs « politiquement suspects ». Je me flatte, sans me repentir, d’en être. Et je sens, Pascal, que vous en prenez dangereusement la voie. Continuez. Ahimè, ciao ragazzo, ciao compagno caro. Domani l’altro vi scriverò dalla Toscana cara (carissima)…
Commentaires
INCORRECTION APOLITIQUE
Des mosaïques multicolores
Courent sur des plages barbelées
Aux confins de l'orage
Des vents de teintes parcellaires
Les aromatisent galamment
D'un vieux fauteuil en cuir
Un sourire nonchalant s'imprègne
Des courants d'air qui bercent
La clameur lointaine
Des fruits d'un couchant sanguinaire
Des spirales d'atmosphère boréale
Harmonisent les intervalles de ciel
Qui peuplent la verdure ruisselante
Disséminée par la pluie pourpre
Sur l'ensemble des revêtements d'ardeurs
Des volutes moirés enflamment le satin
Des décors surréalistes qui dévorent
Le galop des imaginations encloses
Dans l'attraction sensorielle et ludique
Des procédés argentiques de la pellicule
La trame toujours virginale
S'oblitère des panoramiques fragmentaires
Dans le souffle d'un dragon d'hiver
Sur lequel dansent les elfes et les archers
Des salles de réception élyséennes
Cher JLK, cher Pascal,
Je me permets une petite insertion dans votre dialogue. Je suis l'ami, celui qui n'aime pas le politiquement correct et qui s'en excuse par avance. Il y a quelque chose de très correct aussi à ne pas aimer le politiquement correct. Et cette notion qui ne recoupe pas grand chose. Sauf que.
Sauf que le dialogue que vous nourrissez régulièrement, cher Pascal, cher JLK, passe "Par-dessus les murs". Les murs de la bêtise. De la haine. On en a trouvé des qualificatifs pour enrober les murs.
Puis il y a ce mur, celui qui revient régulièrement dans les photos envoyées par Pascal. Celui qui ne passe pas loin de Ramallah, mais loin de Jérusalem, au coeur d'Hébron. Celui qui, par les effets du politiquement correct, n'a plus de maître d'oeuvre, plus de responsable, plus d'intention. Un mur qui ne fait que séparer les deux camps. Qui les renvoie dos à dos. Un partout, balle au centre.
Ce mur se trouve au milieu d'une région. Et ce politiquement correct qui revient, le salaud. Une région martyrisée. Dans laquelle tout est tellement compliqué qu'on ne peut plus juger. Mon Dieu, juger, quelle horreur! Laissez-nous le temps de comprendre! On a déjà attendu soixante ans, on peut bien patienter encore un peu avant de rendre notre verdict, non?
Dans cette région, des gens se battent. A coups de bombes, «larguées d'avion ou portées en ceinture». Encore ce politiquement correct, qui pose un face à face entre la bombe larguée d'avion et celle portée en ceinture. Entre le soldat qui sait qu'il va poser son avion une fois le sale boulot terminé, puis déboutonner son uniforme avant d'embrasser sa bonne amie. Et celui qui pleure du désespoir de son geste, mais qui n'a pas d'uniforme pour mouler son corps, pas d'avion dans lequel monter. Et seules les chimères du paradis pour le consoler.
Absurde, ce conflit? Sans raison, sans motif, sans solution, sans fin? C'est ce qu'il est bon dire, quand on est politiquement correct. Et puis, n'oublions pas: il faut dialoguer! Surtout, ne pas juger, mais dialoguer! Ne pas prendre position, s'élever au-dessus de la masse, celle des sionistes ou des pro-palestiniens. S'élever au rang de l'observateur. Celui qui essaye de comprendre, «au-dessus des étangs, au-dessus des vallées», comme dirait le poète. Au-dessus des murs.
Triangulation étrange: la haine baveuse aux sionistes ou aux pro-palestiniens, frères structurels et opposés. Et au-dessus, l'observateur. Qui ne bave pas la haine. Qui décrète l'absurdité et la tristesse de l'humanité. Qui ne juge pas.
Et ce salon du livre. Y aller, à tous prix. Ne pas donner crédit aux obscurantistes. La littérature, Monsieur, vole bien au-dessus de la bassesse du politique. Et d'ailleurs, le livre, c'est sacré. Israël, comme invité d'honneur. Alors que l'on fête les 60 ans de la création du pays. Pure coïncidence, non? Et qui sont ces salauds qui osent croire qu'il y a là des enjeux politiques?
JLK, avez-vous vu Pérès et Sarkozy au salon du livre? Les Champs-Elysées recouverts de drapeaux israéliens? Ah, mais j'oubliais - pure coïncidence. Rien n'est politique dans cet événement.
Vous m'aurez peut-être compris, je ne sais pas trop ce que peut bien être le politiquement correct. Je ne connais ni Allan Bloom ni Bratislava - trop compliqué, laissez-moi un peu de temps pour comprendre. Par contre, je fais partie de ceux qui pensent que l'on peut quitter ce discours lénifiant qui refuse de juger. Qui s'abstient de comprendre. Qui regarde avec dédain - ou, pire, compassion - celui qui a le malheur de dénoncer.
Car il est possible, définitivement, de comprendre le conflit israélo-palestinien. De dire les inégalités. De montrer les rapports de forces. De comparer les horreurs des uns et des autres - car oui, en matière d'horreur, on peut comparer. Il est même possible, je crois, de juger. Mais là, je dépasse sans doute les bornes...
Cher Olivier, merci pour ce message. Il en dit long, autant sur vous que sur tous. Vous parlez finalement de bornes. Quelles bornes ? Vous parlez de langage lénifiant ? Lequel ? Dénoncer n'est-il pas, aussi, une façon de se donner bonne conscience ? Vous pensez que les écrivains israéliens sont lénifiants ? Et les écrivains palestiniens le sont-ils moins ou plus ? J'ai devant moi le recueil de Mahmoud Darwich, grand poète palestinien, initulé Le lit de l'étrangère. où il est question d'amour et de bien d'autres choses. Est-il plus ou moins lénifiant que La chambre de Mariana d'Aharon Applefeld l'Israélien, où il est question apparemment d'amour et de tant d'autres choses ? Au Salon de Paris, il n'a pas été question que de justifier la politique israélienne, loin s'en faut. Et que ferez-vous, Olivier, pour nous expliquer celle-ci et aider ceux qui en souffrent d'en sortir ? Vous avez la recette ? Les écrivains qui défendent, depuis des années, le mouvement amorcé par les militaires israéliens dissidents, sont-ils plus ou moins lénifiants que les intellectuels européens si prompts à dénoncer ? Je pose juste la question. Je suis content de parler avec vous, autant qu'avec Pascal, mais j'aurais tellement à vous dire à propos de la posture qui consiste à dénoncer...
Cher JLK,
Vous avez la plume plus rapide que votre ombre! Merci de prendre le temps de me lire, et désolé d'avoir manqué de précision. Je respecte infiniment les écrivains. Même s'ils sont israéliens. Même s'ils sont palestiniens. Font-ils des discours lénifiants? Je ne les connais pas, je ne les ai d'ailleurs pas lus. (Mais à vous lire vous, ça n'a pas l'air d'être le cas). Ce que je trouve lénifiant, c'est de reléguer celles et ceux qui appellent au boycott du salon du livre au rang des obscurantistes. Car à Paris, comme vous le dites si bien dans la rapidité de votre prose, «il n'a pas été question que de justifier la politique israélienne». Mais tout de même un peu. Souffrez donc que certains mettent le doigt sur ce point. Et que parmi eux certains aiment la littérature, d'où qu'elle vienne.
Vous avez entièrement raison: dénoncer, c'est aussi une manière de se donner bonne conscience. Je fais le maximum dans ma vie pour avoir bonne conscience, je suis comme ça. Et tant qu'à faire, j'aime l'idée que ma bonne conscience naisse sur le lit de la pondération et de la justice. Aïe, des grands mots, j'arrête tout de suite!
J'écris ces mots sur l'air de Brassens: «Mourrons pour des idées, d'accord. Mais de mort len-en-te. D'accord. Mais de mort len-en-en-en-te» (je sais que vous connaissez la mélodie). Un hymne à l'hésitation, au droit de ne pas dénoncer, au devoir de prendre de la hauteur. Et, paradoxalement, une dénonciation des ayatollahs de la bonne cause, des bien-pensants qui se nourrissent de la lourdeur de leur morale. C'est comme ça la vie: on ne veut pas prendre position, mais cela nous revient par derrière.
Finalement, tous ces mots sont peut-être là pour ça. Pour dire que je ne crois pas au "je ne sais pas", aux "je ne veux pas prendre position", "je ne juge pas", "je prend de la hauteur". Ne pas énoncer de jugement, c'est juger. Se taire, c'est prendre position. Le politiquement correct, pour moi, c'est justement cette formidable capacité à faire croire, et à se faire croire, que certains enjeux éminemment politiques ne le sont pas. Qu'on peut être en dehors. Comme un poisson qui ne voit pas l'eau dans laquelle il baigne.
Je vous rassure, finalement, JLK, je suis sans doute comme vous (mais peut-être cet énoncé ne vous rassure pas du tout...). Désabusé, ou en tout cas fatigué, par la politique autant que par le politique. Je préfère lire Houellebecq, Ramuz ou Kazantzaki au coin de mon poële, à la Tchaux (où il vient de neiger plus de 50cm de neige, c'est superbe!). Et qu'on me foute la paix avec les malheurs du monde pour lesquels, vous avez bien raison, je n'ai pas de recette.
J'ai connu Pascal à Ramallah. J'y étais, tout comme lui, pour écrire. Je cherchais un coin calme, moi aussi. Loin du monde. Et en matière de pois chiches, d'arak ou de narghilés, mes plaisirs sont assez proches de ceux de Pascal. Avant d'y aller, j'étais comme vous: «partisan d'aucun camp».
Ce que j'ai vu ou vécu à Ramallah et dans la région, lorsque je n'étais pas dans ma bulle, ou en train de gagner de l'argent au poker contre Pascal, a eu raison de mon âme. Il y a quelque chose en moi, aujourd'hui, qui ne me quittera sans doute pas avant longtemps. Une volonté de dire et de témoigner d'une souffrance inconnue auparavant. De politiser un débat qui souffre d'une injuste volonté de pondération.
Ce n'est pas une recette pour la paix du monde, non. Simplement une manière de me donner bonne conscience.
cher JLK
je ne comprends pas en quoi il vous semble utile de relever que les mots d'Olivier en disent beaucoup sur lui. Ce n'est pas le but de toute écriture et de tout dialogue? Ce n'est pas ce que vous faites vous-même? Et se donner bonne conscience, finalement, n'est-ce pas mieux que s'en ficher complètement? Le bien n'est-il pas plus souhaitable que le mal? Tout cela, ce ne sont que des mots. Les mots peuvent peut-être tuer, mais ce n'est pas nous qui mourrons. Nous, dans notre pays riche et plein de beauté, nous sommes absolument et irrémédiablement à l'abri d'être tués par quoi que ce soit d'autre que par Alzeimer et encore!
Alors, laissez-moi trouver mes propres moyens d'avoir de temps en temps bonne conscience. Nous, les privilégiés, notre dépression c'est la lucidité; même si elle ne change rien à l'état du monde, c'est la seule chose que nous puissions faire. C'est comme de prier; y en a pour dire que c'est du pipeau, y en a pour se croire au-dessus de cela et y en a même pour prier sans savoir si ça va servir ou non.
A peu près d'accord avec tout ce que disent vos mots, étant entendu cependant que les mots sont aussi des gens et que je ne sais plus bien, pour ma part, quels gens sont privilégiés...