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Le cercle des niaiseux

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Cercle de Yannick Haenel ou la quadrature du vide. Le Prix Décembre 2007 conforte les Gallimardeux. Mais JLK persiste et signe, le blaireau... 

Il est divertissant de suivre, de loin, les ronds-de-jambes ou les coups d’épée dans l’eau que provoque, depuis sa parution, le livre le plus niais de la rentrée littéraire, je veux parler évidemment de Cercle d’Yannick Haenel. Qu’on le porte aux nues en faisant de ce pavé de vent un « roman total », comme Sébastien Lapaque dans le Figaro littéraire, ou qu’on en fasse le vortex de l’abjection plagiaire ainsi que s’y emploie Alina Reyes dans une polémique aussi bécassine que son bécasson d'objet, celui-ci reste évidemment ce qu’il est à nos yeux éberlués : une espèce de course du rat chic dans un dédale toc.

Si l’auteur de Cercle avait dix-sept ans et qu’il déboulât avec son air crâne et sa jolie plume dansante, ses références en veux-tu en voilà et ses pastiches d’un peu tout, dès la première scène du pont sur la Seine d’où le protagoniste jette son ancienne vie à l’instant, hop, de sauter dans la nouvelle et de s’écrier : chic c’est la joie, je revis, enfin je vais pouvoir mettre le doigt au cul de Clarine et me palucher en lisant Moby Dick, si tout cela était le fait d’un paluchon ludique et que son premier bouquin eût trois cent pages de moins, oui certes, oui-da, nous marcherions plus volontiers, comme nous marchons le pied-léger à travers les cinq premières pages, qui en deviennent hélas cinq cents. Mais Yannick Haenel a quarante balais et n'est plus ingénu que de posture en sémillant émule du pape Sollers.

Et cinq cents pages pour dire quoi ? Rien que de convenu, rien que de pseudo-rimbaldien, rien que de sous-sollersien dans la conjonction d’un hédonisme de pacotille et d’un usage germanopratin de la semi-culture. Cela se veut alerte, ouvert, oui-disant et dansant, mais sans quitter la manière du petit marquis, et ensuite non moins affecté dans le simulacre de gravité puisque du cul de Clarine il faut bien passer au trou noir de l’Histoire. Or tout cela est lourd quand cela se veut ludique, et léger devant le tragique.

Enfin quel roman total ? Du total chiqué sans doute. Et cela vaut-il la moindre polémique ? Qu’on lui colle plutôt un prix (c'est fait !) et le cercle se bouclera comme on l'espère du piapia niaiseux qui en a émané à grosses bubulles…

Yannick Haenel. Cercle. Gallimard, L’Infini.

Commentaires

  • Superbe tir en plein centre de la cible !
    Conclusion : la cible est totalement anéantie.
    Félicitations.

  • Mes enfants adorent les sketches des Inconnus. Il y en a un qui se passe dans un commissariat de police, les flics expliquent leur boulot à un journaliste, à moment donné ils disent : "et maintenant, cette jeune fille va devoir se justifier de son viol..."
    Cher Jean-Louis, je ne comprends pas bien ce qui vous gêne dans ma démarche. Vous semblez voir que son livre est nul, rien de plus. Que toute la dimension humaine de cette histoire vous échappe, cela m'étonne beaucoup de vous. Dira-t-on à la fille agressée "bah, ne fais pas attention, ce n'est qu'un pauvre type" ?
    Bon, je crois qu'il faut que j'en écrive un livre, c'est le mieux !

  • Je prends le viol très au sérieux, qui n'est pas un jeu de femme de lettres. Figurez-vous que je l'ai vécu cette année encore, dans la chair de ma chair. Alors cessez ces simagrées car vous valez mieux que l'image que vous donnez de vous depuis quelque temps.

  • Et que savez-vous de ce que j'ai vécu, moi aussi, dans ma chair ? Je dis la vérité de mon être car c'est mon devoir, dans la douleur comme dans les joies, je la dis de mon mieux, et peu m'importe l'image que je donne de moi. Je ne vais certes rien cesser, que cela plaise ou non - du reste, j'ai le soutien de personnes bien plus estimables que mon adversaire. Vraiment, je ne vous comprends pas.

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