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Sweet scruffy Bobby

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La saga de Dylan selon François Bon

On se dit d’abord qu’il attige la moindre, François Bon, en commençant de lire sa chronique biographique de Bob Dylan, quand il se demande par exemple comment il est « donné à un garçon de vingt et un ans d’incarner, avec seulement l’écriture et la voix, cette secousse historique d’un monde», avant d’évoquer, à propos des récentes Chronicles du sexa, l’écrivain nomade avant la lettre que fut Jehan Froissart… Mais dès qu’on s’y coule, dans ce grand livre chaleureux et charpenté à fines chevilles, la crainte d’un excès d’emphase, s’agissant d’un mythe et plus encore, pour toute une génération et plus encore, s’efface dans la matière d’un roman qui m’a aussitôt rappelé l’Amérique lyrique de Thomas Wolfe (pas le Tom Wolfe aux guêtres blanches : le géant de Look homeward, Angel) ou, plus près de nous, et dans cette autre filiation, les romans de jazz d’Alain Gerber. D’emblée, comme celui-ci, François Bon rappelle ce que fut pour nous autres «petits provinciaux», et plus encore que lui les contemporains exacts de Dylan qui ont découvert les premiers rockers (Bill Haley & his Comets, Elvis ou Buddy Holly notre premier deuil avant James Dean…) ce que fut cette Amérique rêvée sur nos transistors puis avec la première TV en noir et blanc, merveilleusement évoqués dans le Radio Days de Woody Allen (cité par FB), entre autres emblèmes mythologiques des fifties finissantes.
« C’est soi-même qu’on recherche», écrit François Bon à la première ligne de son introduction, « et c’est en se cherchant soi-même qu’on trouve Bob Dylan installé. Vieux compagnon, compagnon sombre. Parfois énervant, toujours instable. Ce n’est pas le meilleur côté de nous-mêmes, celui par quel il nous touche ».
Et comme c’est vrai, me dis-je à l’instant en écoutant nasiller le Dylan de 64 sur All I really want do to, qui m’évoque un vieux frangin d'Amérique à drôle de dégaine, combien touchant en effet avec ses yeux bleus et sa gueule d’ange mal coiffé tombé de nulle part.
Or le nulle part d’où débarque le futur Dylan (dont le pseudo découle à la fois de la lecture de Dylan Thomas et de la contraction de deux autres pseudos possibles) fonde entre Duluth, le nulle part des migrants et des mines,  et Minneapolis, première vraie ville du jeune Bob,  la préhistoire « épique » du récit-roman de François Bon, clair et vif, nourri de diverses bios antérieures mais porté par un ton et des traits personnels, éclairé de surcroît par l’ « autre bout », puisque FB cite volontiers les Chronicles, à découvrir dans la foulée se promet-on...
Mais bon, là, je n’en suis qu’à la page 105 et j’ai déjà l‘impression d’avoir traversé un bout de siècle, alors que Robert Allen Zimmermann, Shabtai Zisel ben Avraham de son nom hébreu, n'en est lui qu'à jeter sur le papier son premier Song to Woody à la gloire du vrai clochard céleste que fut Woodie Guthrie, dans la foulée duquel s’engage le nouvel Ariel du folk en colère – et c’est sur Song to Woody que s’ouvre aussi bien le triptyque de la dernière compil parue cette année sous une belle couve rouge sang de poète, sobrement intitulée Dylan... (A suivre)
e2739e908343d9930bc794c2ea76758d.jpgFrançois Bon. Bob Dylan, une biographie. Albin Michel, 485p.

Commentaires

  • Hier la super compil, aujourd'hui la bio de Bon.. et demain le film aux multiples interprètes du maître dont Cate Blanchett ("I'm not there, the lives and time of Bob Dylan"http://cinema.fluctuat.net/films/i-m-not-there/affiche.html) ....wawww quelle année .. même si oh j'échangerais toute cette Bobbypanoplie contre un vrai disque de nouvelles chansons ou même le tome II de ses Chroniques!

  • Et le film de Scorsese, toi qui sais tout, vaut-il l'osse ?

  • merci, JLK, pour la "fine charpente" en particulier ! en partage, donc...

    quant au film de Scorcese, basé sur les archives réelles, il n'a rien de caduque - voir comment Todd Haynes, n'arrête pas de le citer, voire de le rejouer, comme dans cette séquence de la fausse Joan Baez - étonnant!

    quant aux Chroniques 2, apparemment le maître ne s'y est pas encore collé...

  • Ma mauvaise conscience me rattrape. Comme j'ai quelques jours à ne rien faire, et donc à faire deux fois plus, je vais m'accorder le plaisir de finir ce good trip. Amitiés des hauteurs enneigées, dans un chateau préalpin aux madriers entièrement chevillés à clous de bois, donc je ne blaguais pas question charpente...

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