EDITION ROMANDE Nos éditeurs accusent le coup de la déferlante française. Avec une offre à la baisse mais qui reste riche et variée. Aperçu sélectif.
Quels livres publiés en Suisse romande sont-ils à recommander ces temps prochains ? Après l’impossible exercice consistant à trier dans la masse des 727 nouveaux romans de la rentrée française, la tâche du chroniqueur est nettement plus facile. Hélas, pourrait-on dire, car l’édition romande s’étiole (lire encadré) et fait de moins en moins le poids sur le marché du livre. Autant dire que la tâche des « passeurs », consistant à repérer des livres originaux qui ne « marcheront » pas de manière aussi probable que Zaïda, le dernier pavé romanesque d’Anne Cuneo paru chez Campiche et déjà présenté en ces colonnes.
A la même enseigne, dans un registre d’observation et d’expression très vif et fouaillant le « quotidien » de 2001, Antonin Moeri nous revient avec son neuvième livre, après Le sourire de Mickey, intitulé Juste un jour et passant au scanner verbal, sur fond de « monde nickel dominé par l’urgence et la proximité », un quatuor familial en séjour dans le paradis programmé d’une station de sports d’hiver. Il y a du Houellebecq, en moins nihiliste et en plus nuancé, chez cet ironiste walsérien qui a l’art de prendre les lieux communs au piège de sa lucidité, et de jouer avec l’oralité de manière nouvelle.
On rit également à faire blêmir Calvin, loin des langueurs nombrilistes de l’âme romande, avec La Vie Mécène de Jean-Michel Olivier, à paraître à L’Age d’Homme et constituant un portrait à multiples reflets d’un affairiste genevois de haute volée, viveur et grand intuitif en matière d’art et de musique, bienfaiteur prodigue du club de foot local et de moult institutions et créateurs. Sans être un roman à clef, cette satire menée au pas de charge ne manquera pas de faire quelques vagues au bout du lac.
Dans le même club des « quinquas », Serge Bimpage propose, à L’Aire, avec Pokhara, le récit d’une virée au Népal réunissant deux vieux copains, dont les retrouvailles scellent un double bilan de leurs trajectoires respectives et de la vie en général, jusqu'au dénouement émouvant. Emotion aussi, mais sans rien de commun, dans le nouveau roman d’Asa Lanova, paru chez Campiche sous le titre de La nuit du Destin, quête existentielle et spirituelle de belle écriture, et dans le Journal de Bagdad d’Elisabeth Horem, représentant la part « brute » du roman Shrapnels.
Si la relève juvénile brille par son absence, le deuxième roman d’Angel Corredera (37 ans) à L’Aire, après une entrée remarquée en littérature avec La confrontation, était attendu et tient ses promesses dans une narration beaucoup plus ouverte qui explore, en perspective cavalière, le monde de la fin des « seventies ». De son côté, également à L’Aire, Loyse Pahud évoque les années 60-75 dans le récit choral de Casse-tête. Plus directement autobiographique et enjouée, La vallée de la jeunesse d’Eugène, publiée à La Joie de lire, revisite une enfance et une adolescence partagées entre la Roumanie d’origine de l’auteur et sa découverte du monde, par le truchement de vingt objets qui lui ont fait du bien ou du mal.
Digressions et varia
Comme souvent, « nos » écrivains brillent autant sinon plus dans l’essai digressif que dans le roman, mais c’est entre les deux genres que Jean-Bernard Vuillème module la narration très originale d’Une île au bout du doigt, paru chez Zoé où le nomadisme cher à Bouvier rebondit. De la même façon, Jil Silberstein, à L’Age d’Homme, combine profession de foi personnelle et variations littéraires dans La neuvième merveille. Chez le même éditeur, entre autres publications débordant largement nos étroites frontières (avec la poésie complète de D.H-Lawrence, La paix soit avec vous de Vassili Grossman ou Les contes de l’Arbalète de G.K. Chesterton), les « fans » de Georges Haldas retrouveront ses fameux carnets (2005) avec Paroles nuptiales. Sous le signe de l’ « état de poésie », les éditions Empreintes promettent, en fin d’année, de nouveaux recueils d’Antonio Rodriguez et de Matthias Tschabold, et L’Aire propose un recueil du Lausannois Pierre Katz, sous le titre d’Angoisses.
Forcément partiel, cet aperçu ne saurait s’achever sans faire mention, pour les vingt ans des éditions Noir sur Blanc, au rayonnement également international, de la parution de Balthazar, l’autobiographie de Slawomir Mrozek, et d’un superbe recueil de nouvelles d’auteurs de l’ancienne « autre Europe », Bienvenue à Z., titre éponyme de Mikhaïl Chichkine. Ce dernier, qui domine la rentrée française avec son génial Cheveu de Vénus (Fayard) avait marqué le dernier Salon du livre de Genève avec La Suisse russe, captivant aperçu de la découverte de notre pays par les écrivains du sien, auquel fait écho aujourd’hui Vivre en Russe de Georges Nivat. Au même rayon des regards croisés, rappelons enfin la publication, en mai dernier chez Metropolis, d’un épatant Petit guide de la Suisse insolite, sous la plume de Mavis Guinard. Autant dire que la rentrée ne se fait pas à un mois près…
Déclin ou transition ?
La rentrée littéraire romande n’est plus ce qu’elle était il y a une vingtaine d’années, où l’on pouvait annoncer chaque automne une centaine de titres nouveaux, rien qu’en littérature, témoignant d’une vitalité remarquable de nos écrivains autant que de nos éditeurs, dont le travail était suivi par une quinzaine de « passeurs » fidèles dans les journaux et à la radio, et par un public attentif.
Une édition littéraire comme nous l’avons connue au XXe siècle, de sa première « refondation » autour de Ramuz, puis avec Mermod et les grands clubs de la Guilde et de Rencontre, ensuite avec Vladimir Dimitrijevic et Bertil Galland, et la pléiade de leurs pairs plus jeunes (Marlyse Pietri, Michel Moret, Bernard Campiche), existera-t-elle encore dans vingt ans ?
La question se pose à la fois du fait de la fin de carrière des plus âgés, la modification de la donne du marché du livre en Suisse romande et la relève à peu près inexistante, tant des éditeurs que des auteurs.
Une édition vivante, dans une province comme la nôtre, ne se fait pas qu’avec des subventions mais avec ces entrepreneurs « visionnaires » que sont les vrais éditeurs, agissant en terrain socio-économique et culturel favorable, pour un public disponible. Or ces conditions, réunies jusque-là, ne le seront probablement plus demain, sauf miracle. Mais ce déclin est-il irréversible et fatal. Pour l’édition romande littéraire telle que nous l’avons connue, la chose est probable. Cela signifie-t-il la mort de la littérature dans ce pays ? Sûrement pas, mais qui pourrait dire comment le « biotope » se renouvellera ? Ramuz le disait en évoquant les grands moments de culture et de civilisation: cela dépendra des hommes. Et tant qu’il y aura des hommes…
Cette présentation a paru dans l'édition de 24Heures du 25 septembre 2007.
POST SCRIPTUM
Un livre absolument magnifique m'est arrivé ce midi, que j'ai lu d'un souffle en une heure, et que je relirai trois fois avant d'en écrire quoi que ce soit. Il s'agit du deuxième ouvrage de Philippe Rahmy, après Mouvement par la fin, portrait de la douleur, paru chez Cheyne en 2005. En soixante pages étincelantes, belles à pleurer mais sans une once d'auto-compassion ou de ressentiment tournant à vide, Demeure le corps sublime le chaos et la catastrophe avec une puissance verbale extraordinaire, alternant le cri et le blues, l'imprécation et la supplique enfantine. Philippe Rahmy, né à Genève en 1965, est-il un auteur romand et fait-il encore partie de la relève ? On s'en bat l'oeil, mais on se l'arracherait aussi bien de ne pas lire Demeure le corps.
Commentaires
Tout cela me semble bien noir... Moi, en tout cas, en lisant le "Jardin" d Elisabeth Horem, je me dis que, romande ou pas, la litterature n a pas fini de m offrir de beaux moments d enthousiasme. Et moi je dis que des fois, le reste, ben c est secondaire. Voila ce que moi, personnellement, j en dis...
Que votre tableau est sombre, JLK. Le problème ce ne sont pas les auteurs de la relève, mais l’essoufflement des éditeurs. Il y a encore quelques écrivains qui se profilent : Sprenger, Corredera et Popescu vont sans doute faire parler d’eux dans les prochaines années. Mais à force d’annoncer la fin des lettres dans ce pays, on va finir par croire que c’est vrai. N’en déplaise aux vieilles badernes graphomanes qui envahissent la culture locale, il y a encore de l’espoir, mais par éloignement. La vraie vie est sans doute ailleurs. Continuez votre travail de résistance, JLK…
Chère Juliette, merci de vos amabilités, mais je ne suis pas du tout d'accord avec vous. Je ne sais qui vous désignez par ces vieille badernes graphomanes, mais l'écriture la plus fraîche et la plus libre qui se fasse dans ce pays, à part Popescu, n'est certainement pas du côté des plus jeunes, loin de là. De très vieilles peaux comme Maurice Chappaz, Jacques Chessex ou Alexandre Voisard sont bien plus vivaces que les derniers venus en âge, et cette distinction entre générations ne rime d'ailleurs à rien. Je me suis toujours réjoui de voir apparaître un nouvel auteur, et j'ai été des premiers à saluer AS Sprenger, mais j'attends maintenant son deuxième livre, et ce n'est pas Corredera qui va cristalliser nos espoirs de renouveau. Il est évident qu'il y a un grand trou dans la relève des écrivains, et nos éditeurs n'y peuvent rien, qui sont mal aidés et s'aident très mal entre eux. Dire que l'espoir tient à l'éloignement ne rime à rien non plus. Paris a mis un demi-siècle à reconnaître Bouvier, et pas mal de jeune ou moins jeunes écrivains qui vont aux quatre coins du monde n'en ramènent rien. Tout se passe ici et partout. Dire que la vraie vie est ailleurs n'a aucun sens à mes yeux, à moins que l'ailleurs soit aussi ici, en chacun de nous. Amiel est allé au bout du monde en s'observant dans sa chambre, et la plupart ne voient rien de ce qui se passe dans ce pays plein de drames comme partout. Quant aux badernes un peu moins vieilles, lisez donc Anne-Lise Grobéty, lisez le dernier roman d'Antonin Moeri, lisez Asa Lanova, lisez le roman satirique de Jean-Michel Olivier qui est pour paraître, ou trouvez moi un seul auteur de moins de trente ans en Suisse romande qui amène réellement de l'eau fraîche au moulin et nous en reparlerons...
D’accord en partie avec vous. Mais ne pensez-vous pas que la donne ait changé ? Les auteurs les plus jeunes ont un avenir probable pour autant qu’ils trouvent les conditions nécessaires à leur épanouissement, car nous sommes très doués pour la castration dans ce petit pays. Il vont devoir démontrer ce qu’ils sont capables de donner dans les prochaines années. Quant aux badernes, ce ne sont pas les auteurs, loin de moi cette idée, mais la nébuleuse périphérique d’arbitres pontifiants qui décide du goût dans ce pays étriqué. Du reste, je ne vois pas très bien le sens de cette littérature romande. Pourquoi s’évertuer à vouloir la défendre coûte que coûte alors qu’on l’étouffe en voulant la singulariser, comme si elle était une espèce en voie de disparition ? Une sorte d’exception culturelle. Il y a des auteurs consacrés et des auteurs en devenir. Mais je vois mal comment l’édition romande peut tenir le coup à l’heure des grandes concentrations. Tout ça a peut-être un sens culturel dans notre bel arc lémanique, mais plus de sens tout court. Il est juste curieux de remarquer que parmi les auteurs les plus singuliers arrivés ces dernière années (pas forcément les meilleurs ni les plus en vue), certains viennent de l’extérieur : Popescu (un bel espoir, plus si jeune d’ailleurs), Eugène (victime d’un bel attentat radiophonique récent sur Espace 2), Corredera (il ne « cristallise » pas nos espoirs, mais il est à suivre), Milcé (où est-il passé, le Haïtien ?). A l’heure du repli national, des quotas, du complexe de supériorité, ça devrait donner à réfléchir. Vous avez vos goûts bien arrêtés (un très bon goût, je l’admets), une certaine idée de la littérature qui doit correspondre à votre protestantisme (toujours un fond de culpabilité un peu sèche. Ça rigole pas tous les jours dans vos colonnes). Le temps décidera, cher Jean-Louis. Il y a de l’espoir, autant qu’ailleurs. Je maintiens.
Ma pauvre Juliette, je vous laisse juge de la sécheresse de mon protestantisme (lequel contient le mot protester et recouvre une histoire intellectuelle dont vous n'avez probablement aucune idée), mais ce que vous racontez sur la littérature romande est d'une telle pauvreté que je vais quand même rectifier pour les nombreux lecteurs français de ce blog. La littérature romande est tellement inexistante qu'elle a fait l'objet de quatre volumes de quatre cent pages, où l'on parle de ces auteurs insignifiants que furent Benjamin Constant et Rousseau, Amiel et Cendrars, Ramuz et Cingria, Catherine Colomb et Alice Rivaz, Corinna Bille et Maurice Chappaz, Jacques Chessex et Philippe Jaccottet, entre cent et mille autres inactuels ou actuels. Moi-même en personne, je viens de commettre un ouvrage de deux cents pages consacré à la seule aire éditoriale lausannoise, qui prospère depuis le Moyen Age et eut un rayonnement européen aux XVIIIe et XXe siècles, jusqu'à l'époque de La Guilde du Livre (dont Antonio Lobo Antunes me disait qu'il ne manquait pas un nouveau titre), Rencontre et L'Age d'Homme - cette maison qui a elle seule à publié 4000 titres. Pour la période contemporaine, de l'immédiat après-guerre à nos jours, j'ai lu des centaines de livres épatants qui valent bien leurs homologues, français ou canadiens, yakoutes ou swahilous.
Dieu sait que je ne suis nationaliste ni chauvun, mais opposer les grandes concentrations où "cela se passe" selon vous et la littérature qui se fait dans notre pays, en faisant l'impasse sur l'identité culturelle de celui-ci, passant par pertes et profits tout ce qui se fait dans cette région, est exactement ce qui va tuer la culture tous azimuts au profit de la massification. Vous semblez miser sur l'aventure extérieure, sans vous douter que celle-ci a toujours existé et qu'elle n'existera plus lorsque tout sera massifié. Ce que vous ne voulez pas voir, c'est que l'individualisme arriviste ne suffira pas à produire des oeuvres cohérentes, et qu'il est déplorable de ne voir plus que quelques "coups" réussis, quelque "percées" au lieu d'envisager tout le tissu dont les oeuvres fortes procèdent, ici ou à Paris, peu importe. L'alternative n'est pas du tout ici ou Paris: l'alternative est exister pleinement, ici ou n'importe où, travailler avec un éditeur qui vous lit et vous suit, atteindre un public qui vous lira et vous suivra pour d'autres raisons que l'automatisme pavlovien d'une mode. Ceux que vous appelez les vieilles badernes n'empêchent rien ni ne dictent le goût de quiconque. Un véritable écrivain n'a rien à craindre d'une baderne vieille ou jeune. D'ailleurs parler de vieilles badernes est déjà mauvais signe. Je vous souhaite par conséquent de rajeunir...
La Juliette est un peu surprise qu'Eugène a pris plein la gueule, derrière le livre de... Popescu. La Juliette n'a pas lu les deux livres, pour qu'elle se fasse, elle-même, un avis propre qu'à elle, sur le livre de Popescu et celui d'Eugène, le "guillotinné" de l'Espace 2, comme elle "le dit", enfin , Presque!
Que Juliette lise les meilleurs livres du monde!
A bientôt!
Marius Daniel
Allez le loup, ne perds pas ton temps à causer avec des pseudos de nos provinces, à la niche le loup ! Ya un nouvel épisode des Experts Miami ce soir: à ton poste le loup gentil !
Comme dirait l’autre, « qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ». Ecrivains d’ici ou d’ailleurs, Romands ou étrangers, Tibétains ou Bretons, vieux ou jeunes, pourvu qu’ils soient bons et sincères. Ceux-ci n’ont rien à craindre ni de Dieu, ni du Diable et encore moins d’un semblable. Juliette, qui croit que le capitalisme culturel et la « main invisible », vont arranger les choses, se fourre le doigt dans l’œil. Non, mais vous imaginez une édition amélienothombisée, sarkhoatomisée, phagocytée par la superficialité et la suffisance, germanopratinisée (crétinisée) en somme. Vos emportements salutaires, JLK, font honneur aux lecteurs et pourquoi pas, aux écrivains, Guatémaltèques, Romands ou Bengalis, célèbres ou moins connus qui ont encore, j’ose l’espérer, un peu de dignité et de souffle. Je vous salue. PS : Agrippa d’Aubigné et Blaise Pascal, même combat.
Je dis pareil, Marius Daniel. Ne perds pas ton temps. Laisse causer, suis ton chemin à pas de loup. Les textes parlent pour nous, le tien en particulier.
A bientôt.
Je me permets, JLK, une modeste contribution au débat !
Il est évident, comme vous l'avez souvent dit et écrit que le livre de Marius est un évènement dans le paysage littéraire suisse romand, il est évident que ce roman se situe foncièrement au-dessus ( des kilomètres au-dessus..) de la production littéraire actuelle, suisse ou pas, le loup a tout pulverisé sur ce coup-là !
Je lis beaucoup de littérature francophone parmi ces lectures il y a beaucoup de Suisses romands....qui m'ennuyent profondément. Certains d'entre eux ont passé beaucoup ( trop ? ) de temps à l'Université, beaucoup d'ailleurs y sont encore. Résultat : un style académique au possible, sans originalité. Tout le contraire de Marius qui lui a un vrai vécu et qui a su s'en servir ! Je vous signale quand même le livre de Sylvain Boggio " Bas étages " paru aux éditions d'Autre Part. Boggio est âgé de 32 ans ( oui je sais ça fait plus que 30.. ) et son livre est très original, très oral mais aussi très écrit. C'est en tous cas un bouquin qui se détache et qui fait son bonhomme de chemin en librairie. Boggio sera le prochain auteur suisse invité à la " Librairie Francophone ", eh oui j'ai encore comploté !
Chère Marie, De nouveau il me semble qu'on tombe dans le délire. Je défends le livre de MDP avec passion, mais en faire un chef -'oeuvre absolu cent coudées au-dessus de tous est absurde. La symphonie du loup n'est pas le Voyage au bout de la nuit, de loin pas. C'est un livre fort, la voix est salubre et la matière riche, mais tout cela ne balaie pas pour autant la littérature qui se fait aujourd'hui ici et ailleurs. Votre gros problème, à vous autres libraires, est une inattention constante, pareille à celle des journalistes et des universitaires. Je pratique les libraires chaque semiane, et je constate que les vrais lecteurs fidèles sont rares. par ailleurs, je ne vois pas que la littérature romande, sauf dans la critique, soit plus académique qu'ailleurs, pas du tout. Une Anne-Lou Steininger, un Michel Layaz, une Sylviane Chatelain, une Pascale Kramer, un Jean-Bernard Vuillème, un Alain Bagnoud, un Antoni Moeri, une Rose-marie Pagnard, un Olivier Sillig et vingt autres n'ont rien de compassé ou d'universifié. Meme un universitaire avéré comme Daniel Maggetti, dans son dernier récit tessinois, est plein de sève et de suc. Il y a une façon de se flageller, dans ce pays, qui est décidément insupportable. La table rase de Millet, à un échelon hexagonal, est tout aussi dommageable, qui fait l'impasse sur des tas d'auteurs vivants intéressants. Bref, assez déliré: tâchons de garder le sens des proportions et de ne pas crier au génie à tout propos. L'apparition de MDP me fait autant de joie que lorsque j'ai découvert le premier Calaferte, mais Calaferte n'est pas Bernanos ou Céline, etc. Surtout, restons attentifs à ce qui évolue. En toute amitié, n'est-ce pas...
Cher JLK,
Je ne suis pas d'accord bien sûr ! Pour cette année 2007 j'en suis environ à 200 romans lus, vraiment lus. " La symphonie.." est celui qui m'a le plus bouleversée, qu'importe qu'il soit écrit par Popescu, je le considère comme un chef d'oeuvre, je maintiens. La notion de génie est forcément subjective et heureusement d'ailleurs. Il ne me semble pas que les libraires soient atteints d'inattention. Enfin, ne les mettons pas tous dans le même sac, tout comme les journalistes d'ailleurs. Rien ne me fait plus plaisir que de me prendre une claque littéraire, d'ailleurs je les cherche les claques mais les trouve rarement chez les Suisses romands, je maintiens aussi. Les libraires sont malheureusement de plus en plus mal formés, l'apprentissage contient maintenant plus de cours de " vente " que de cours de " littérature ". Les jeunes libraires sont de plus en plus formés par des gérants et autres chefs droit venus de Paris qui pensent qu' Haldas est une marque de pot d'échappement. Donc, la culture littéraire romande se perd en librairie, ça c'est évident...
Ceci dit ,de nombreux libraires ( que vous connaissez d'ailleurs ) continuent à mettre de l'énergie au combat et à promouvoir la littérature de ce pays. Je le fais également, mais j'y mets plus de coeur bien sûr quand un livre m'a vraiment touché.
Oui en toute amitié et sans aucune rancune, manquerait plus que ça !
C no t Marie. Mais 200 romans en 2007, c'est vraiment Guinness. Là je cale: 200 romans ! ça y en a Marie Gloutonne, Marie Gargamelle ! Quant aux nombreux libraires lecteurs passionnés, faites-mois signe, parce qu'au-delà de 7 et demi ou disons 13 dans le périmètre pour être très bon pote, je ne vois pas...