Notes sur le Kierkegaard de Jean Wahl
- Préface de Vincent Delecroix. Qui commence par rappeler ce que Kierkegaard, « classé » ceci ou cela, n’est pas.
- Ni (seulement) penseur romantique ni « père de l’existentialisme », ni l'adversaire irréductible de Hegel ni le séducteur du Journal, ni le frère d’Hamlet. Tout cela et tout autre chose...
- Qu’il y a un malentendu avec K.
- Qui échappe à tout coup aux classements, dont l’image « bouge » toujours.
- Pseudonymes, changements de styles et de genres, polémiques font partie pour K de sa façon de vivre la philosophie.
- Ils correspondent à un dessein général.
- Qui suppose une lecture inventive.
- K lui-même affirme « que c’est un art d’être un bon lecteur », via Constantius.
- Que l’existence peut et doit se dire. Que l’auteur est un existant qui s’adresse à un autre existant et le convie à une rencontre.
- Jean Wahl vécut celle-ci au plein sens du terme.
- Lorsqu’il commence à en parler dans les années 30, K. est mal connu et mal copris. Il ne fait pas très sérieux comme philosophe.
- JW le prend comme objet philosophique à part entière. Révèle l’élément irrationnel et affectif qu’il recherche lui-même.
- Etablit la singularité de la démarche de K., comparable à celles de Montaigne ou de Pascal.
- Introduit lui-même la notion de rencontre et de confrontation subjective, de lecture personnelle et d’appropriation d’une vérité dont l’effort pour y parvenir est plus important que la vérité elle-même.
- Le recueil contient la totalité des articles et conférences donnés par JW de 1930 à 1960. Dans leur état premier.
- Une approche « en miettes », mimant par sa multiplicité et son unité intime la multiplicité et le caractère organique des écrits de K.
- Note sur le Journal du Séducteur (NRF, 1930)
- JW souligne le fait que K n’eût pas aimé être abordé par cette œuvre, surtout séparé de l’ensemble D’Où bien ou bien…
- Premier malentendu possible : assimiler K au séducteur, alors que celui-ci n’incarne que le premier stade, esthétique, des catégories du philosophe.
- C’est sa réponse à Régine Olsen.
- K a vu qu’il était trop profondément religieux pour être compris par elle.
- Découvre sa peur et le fait que la peur et l’amour vont de pair.
- Edouard le séducteur, parangon du stade esthétique, est un premier avatar de la progression du philosophe qui aspire aux stades éthique et religieux.
- Kierkegaard et le mysticisme (Revue Hermès, 1933)
- JW va distinguer la pensée de K d’un pur illuminisme, pour éclairer le lien chez lui du sentiment religieux et d’une théorie de la subjectivité.
- K rétablit les « concepts chrétiens » dans leurs caractères propres, fort d’une expérience personnelle dont le Séducteur porte des traces.
- Notamment dans les manifestations de la joie, que K dit vivre de manière effusive, car « seul peut être inconditionnellement joyeux celui qui est la joie. Alors, même dans les plus grands soucis, nous sommes la joie ».
- Cette joie marque la relation de l’existant avec Dieu, conjointement à un malaise profond.
- « Kierkegaard a le sentiment de la cime, de la pointe de l’âme comme les mystiques ; mais il a aussi le sentiment du fond résistant de l’âme, comme Boehme ».
- La théorie de la subjectivité de K. aboutit à une théologie négative de la béatitude.
- La plus haute des fins reste indéterminée, alors que le chemin lui-même fait figure d’absolu, étant le chemin du « risque absolu ».
- JW apparente la démarche de K à certains aspects du mysticisme, sans l’y réduire pour autant.
- La pensée de K se développe aux confins du mysticisme, avec ses instants de joie irrationnelle, ses instants de douleur suffocante, « rencontre solitaire avec le Dieu caché, avec le Dieu de la théologie négative, mais qui n’est pas si profondément caché que nous ne puissions savoir qu’il est amour ». (A suivre…)
WAHL Jean. Kierkegaard. Hachette, 320p.