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De l'oison torche-cul

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Le viatique de Rabelais, selon Alexandre Jollien.

Alexandre Jollien est impayable, sur son tricycle zigzaguant dans les rues de La Tour-de-Peilz. En d’autres temps et d’autres lieux ça ne faisait pas un pli : c’était le cortège de mômes, les lazzis et les horions, hé le tordu ! tandis qu’ici et maintenant ça roule ma poule, on le reconnaît, on le salue gentiment, c’est Jollien le philosophe et passe le Diogène automobile…
Or le rencontrant après avoir lu La construction de soi, où il tente d’exprimer combien le bonheur lui est difficile, à lui qui en a plus que bavé toute son enfance et son adolescence et qui s’en est fait un blindage de volonté et de tenir-prise, je suis touché d’abord de le voir me demander timidement, devant la petite porte de bois de son minuscule bureau, dans telle vieille maison de La Tour, de glisser à sa place la clef dans la serrure, d’un geste qui lui reste difficile, comme on oublie que difficile lui reste la vie dans sa sacrée carcasse.
Ce garçon pourrait être mon fils, me dis-je en l’écoutant me parler de Boèce, auquel il a consacré son mémoire de philosophie à Fribourg, puis d’Etty Hillesum la déportée qui lui a rendu courage par sa façon, aux portes de la mort, de rester crâne et joyeuse – il a à peine passé la trentaine et je lui sens pourtant une maturité rare chez les gens de son âge, avec cette nouvelle façon surtout d’accepter ce qu’il est et de commencer de s’en torcher le cul avec l’oison de Rabelais. Crâne et joyeux, mais aussi fragile, je le sens, restant handicapé dans chaque geste et pour s’exprimer aussi, mais dansant à sa façon de pensée en parole et me confrontant à mon propre empêtrement.
Cette histoire de Rabelais me fait surtout plaisir, que j’aimerais répandre chez mes proches qui s’en font trop pour pas assez ; voyons, voyez tous tant que nous sommes et que vous êtes si bêtes : torchez-vous le cul à l’oison !
« Rabelais me réconcilie avec mon être », écrit Alexandre Jollien, et quand je lui demande de développer, il m’explique que la lecture de Rabelais, après Spinoza, l’a aidé à accepter la réalité du corps, alors qu’il tendait jusque-là à son idéalisation, notre corps qui boite et qui désire, qui exulte et qui chie, notre frère l’âne comme disait l’autre et voici Gargantua décliner les façons siverses et possiblement confortables de se torcher, que ce soit avec un oreiller, une pantoufle, une gibecière ou un panier…
« Mais pour conclure, conclut Gargantua, ainsi que le cite Jollien, je dis et je maintiens qu’il n’y a pas de meilleur torche-cul qu’un oison bien duveteux, pourvu qu’on lui tienne la tête entre les jambes. Croyez-m’en sur l’honneur, vous ressentez au trou du cul une volupté mirifique, tant à cause de la douceur de ce duvet qu’à cause de la bonne chaleur de l’oison qui se communique facilement du boyau du cul et des autres intestins jusqu’à se transmettre à la région du cœur et à celle du cerveau. Ne croyez pas que la béatitude des héros et des demi-dieux qui sont aux Champs Elysées tienne à leur asphodèle, à leur ambroisie ou à leur nectar comme disent les vieilles de par ici. Elle tient, selon mon opinion, à ce qu’ils se torchent le cul avec un oison… »

Alexandre Jollien, La construction de soi. Cette note date de décembre 2006.

Commentaires

  • "torchez-vous le cul à l’oison !" conseillait il (mais Rabelais l'avait dit avant lui, et bien mieux)

    Toujours laisse aux couilles une amorce
    Qui son cul sale de papier torche

    puis apres une longue reponsede Grandgousier, Gargantua conclut

    "qu'il n'y a pas de meilleur torche-cul qu'un oison bien duveteux, pourvu qu'on lui tienne la tête entre les jambes"

    le denier point est important, le becdes petits oisons est d'un piquant....
    (c'est a vrai dire comme les pattes du canard dont il faut maintenir la tete dans un tiroir avant de le sodomiser)

    il faut esperer que la SPA (ou la LPO) ne s'offusque pas trop
    (mais apres tout, on sait actuellement rendre consentant les palmides que l'on gave) , et en plus, on leur donne, apres gavage, du bicarbonate....
    comme quoi tout fout le camp (meme le ballonnement du canard)

  • Oserai-je une note dissonante? Oui, il le faudra bien.
    La démarche d'Alexandre Jollien est intéressante. Sa relation névrotique à la philosophie, ce besoin psychotique d'interpeller les auteurs du passé pour l'aider à vivre, cette manière de mettre en scène son humanité.
    Vous avez raison de parler de Diogène. Ce dernier se masturbait en public (au mieux) pour susciter l'interrogation, mettre en question les pratiques civiles, les habitudes, les coutumes, les automatismes. La philosophie, qui peut vraiment le dire?, ce n'est peut-être pas la consolation, la béquille pour supporter la condition humaine. La philosophie, peut-être est-ce la mise en abîme, l'absurdité du destin, vivre les yeux ouverts, accepter et ne pas accepter (simultanément) la lucidité, la douleur, la mort.
    Accepter de vomir d'angoisse, même après avoir lu Sénèque, Augustin, Rabelais, Montaigne et Schopenhauer.
    Socratisme vomitif, accepter le malheur de la lucidité et de l'angoisse.
    Et ne pas vendre, tel un sophiste, les méandres scolaires et superficiels d'une angoisse cosmétique et facile.
    Même tordu par le destin, le philosophe est celui qui sait se taire face au gouffre.

  • Quel manque de coeur, quel manque de tact, quel manque d'humanité. Hélas vous aurez beau vous taire devant votre glace, vous n'en serez pas moins sophiste sans entrailles, coulé dans vos belles phrases, impeccable et vide à simuler le malheur et l'angoisse lucide.

  • le silence n'est pas le vide.

    Ainsi, je serais vide à SIMULER le malheur et l'angoisse lucide? Je parlais de la véritable acidia, celle qui affecte les philosophes; vous me parlez d'incapacité à mimer le malheur.

    Je vous parle d'humanité et de philosophie, vous me répondez que je suis indigne du malheur simulé et incapable d'un élan factice du coeur.
    Le reflet factice et l'abîme nu: malgré vous, nous disons la même chose.

    Malgré vous, vous n'êtes pas encore un sophiste: encore un effort à faire.

    Ne pas oser désapprouver le Diogène automobile, c'est l'exclure du cercle des Hommes, ceux qui se confrontent, s'opposent et s'unissent dans l'amitié de l'espèce commune, celle de l'animal rationnel.

  • Je comprends la réaction de Fabien, qui incriminait votre manque de délicatesse. Les arguties de votre réponse ont peu à voir avec la philosophie que vit Jollien dans La construction de soi, que votre seule excuse serait de n'avoir pas lu. Vous parlez de lui comme d'un bateleur à la mode, ce qui me semble absolument injuste. Le rôle qu'on lui a fait jouer parfois est une chose, auquel il se dérobe précisément, mais votre façon de conclure à la névrose, à la psychose (ainsi recourir aux grands textes serait une psychose: bonne nouvelle !) est indécente, relevant au mieux de la rhétorique académique.

  • Ainsi, dans l'ordre: je n'aurais pas lu La construction de soi, j'affirmerait que l'invocation des grands textes est une psychose et ma critique ne serait, au mieux, qu'une éructation académique.

    Ainsi, il faut bien s'expliquer, dans le désordre: la philosophie, peut-être est-elle une activité radicale, qui s'accommode mal des postures du malheur, vrai ou factice. Les textes philosophiques, talismans pour mieux vivre, sont-ils lus dans leur complexité, dans leur ambivalence, devant l'abîme sans fin qu'ils ouvrent parfois? Dame philosophie de Boèce, celle de la Consolation, n'est pas la philosophie incarnée, qui préconise le détachement. C'est une femme en guenilles, une femme qui change de taille (lisez le texte... avez-vous lu le texte de Boèce?), une femme monstrueuse, inspirée par la littérature populaire de la romanité finissante. Que faire de cette figure féminine? La philosophie, incarnée par une prostituée, une femme trop maquillée, mal vêtue. Comment comprendre cela?

    Vomir d'angoisse après avoir lu La Consolation, parce que rien n'est réglé, parce qu'une femme monstreuse s'est penché sur le sort d'un Boèce enchaîné sans pour autant le sortir de sa geôle; parce que la vie continue, avec honneurs, sans honneurs, avec richesses, sans richesses.

    Mais l'exigence de l'ambivalence, de l'opacité symbolique, de l'ambiguité métaphorique, est sans doute née de mon ignorance du texte de Jollien (qui peut savoir ce qu'un homme a lu?) et de ma rhétorique académique (Platon, fondateur de l'Académie, serait heureux de cet épithète).

  • Relisez-vous cher ami: c'est vous qui parlez de névrose et de psychose à propos d'Alexandre Jollien, ou quoi ? Ce qui m'a fait réagir à vos propos, après Fabien, tient à ces façons de réduire une démarche de façon si péremptoire, en décidant que telle doit être la philosophie (pourquoi ne serait-elle que détachement et pas attachement ?), et de jeter le soupçon sur une démarche que vous caricaturez. Qui peut savoir ce qu'un homme a lu ? Disons qu'avoir lu ou pas lu ne revient pas tout à fait au même pour une conversation de bonne foi... En tout cas je suis ravi de voir que vous avez lu Boèce. Moi je ne l'ai approché qu'à travers Jollien, mais comme il me l'a gentiment offert, je vais m'y mettre un de ces quatre...

  • Quelle belle dispute.

    Pardon de citer mon premier commentaire:
    "La philosophie, qui peut vraiment le dire?, ce n'est peut-être pas la consolation, la béquille pour supporter la condition humaine".
    Nullement je n'ai donné de définition péremptoire de la philosophie, l'incise interrogative suggère le doute. Qui peut dire ce qu'est vraiment la philosophie?

    Caricature? Vous, le premier, m'avez accusé, sans preuve, de n'avoir pas lu l'oeuvre de Jollien, invoquant par là mon ignorance présumée et l'illégitimité de ma critique. Qui est de bonne foi?

    Ma critique de la démarche de Jollien repose sur mon désaccord interprétatif concernant les oeuvres qu'il cite. Le cas de la Consolation de Boèce est exemplaire, il réduit la portée et l'ambiguité de l'oeuvre. Vous le défendez, sans pour autant avoir lu La Consolation et sans pouvoir, de ce fait, valider ou invalider une option herméneutique.

    De proche en proche, au fil des textes, les divergences s'accumulent et aboutissent à une vision radicalement différente de ce que pourrait être la philosophie. C'est mon droit, c'est le sien.

  • Passant par ici pour y chercher ma pitance quotidienne et quelque réconfort, je survole cette désolation… La tristesse m’envahie.

    Est-ce un remake de Gulliver, du petit ou du gros bout de l’œuf… qui de la poule ou de l’œuf … Ou bien les médecins de Molière, que je connais trop bien, tentant seuls, de poursuivre son œuvre…

    Pauvre canard, oie sauvage en migration, au dessus des roseaux, le fracas des grands chênes m’effraie. Moi qui ne suis ni philosophe, ni écrivain, je ne sais ce qu’est le sophiste, mais je reconnais les sophismes …

    Loin de moi l’idée de semer la zizanie dans ce débat d’érudits. Le sage se tairait, mais je ne peux que jouer l’oie du capitole, de mon caquetage … il ne me reste que l’humour pour tout bouclier.

    Pour avoir trop souvent torché les culs dans mon enfance, j’ai appris à cueillir, de mon bec au croupion, la saine graisse et à m’en oindre les pennes avant l’intempérie… Je n’en tire qu’une gloire : celle d’avoir donné un plaisir vite oublié à ces illustres périnées…
    Etanche, au chaud dans mon duvet, je laisse couler le fiel et la bile de ceux qui ne savent exister qu’en répandant autour d’eux leurs humeurs étriquées et visqueuses.

    Levant la queue une dernière fois, je retourne en tortillant du derrière, aux eaux putrides de la mare, pour fouiller la vase à la recherche de gros vers dodus… sans penser plus avant au plomb qui alourdira mon aile ou au couteau qui me tranchera le cou…

    Bonne soirée à tous, ces cancanages me ravissent…coin coin !

  • Niels Holgersson de la philosophie,
    vous n'êtes pas assis sur les épaules d'un géant,
    mais vous chevauchez une oie.
    Votre fiente putride m'a achevé.

    R.I.P.: resquiescat in philosophiam

  • Words, words, words...

  • J'ai connu dans mes basses cours des miracles, des putes en guenilles, des clochards se masturbant en public et de vils animaux ayant plus de compassion et d'humanité...

    S'il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, laissons à ce Saint Esprit seul le soin de juger et de reconnaître les chiens!...

  • Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes?...

    Un serpent piqua Picrochole, que croyez vous qu'il arriva?

  • C'est le serpent qui creva.... On connait!

  • Cha chuffi comme cha che chahut!

    La volaille au bercail et en escadrille! enfermez moi la Fred chez les poulets, elle couve une grippe aviaire...

    Donnez voir un cholérétique à Bob pour sa crise de foie, et traitez lui sa chaude pisse qu'il soit moins pisse froid.

    Allez! allez! sortez tous de ce toon, chacun dans son film et Picrochole guerri s'en retourne chez Gargantua et Grangousier pour trinquer avec tout le monde et faire honneur à ce banquet, tous les jours garni par JLK... Y en aura pour tout le monde!

    Oust, fini... Otez vous voir de son soleil, que Diogène automobile revienne à la lumière... Il va je crois, essayer son tricycle dans jour de fête et retrouver mon oncle...
    Il vous laisse même son tonneau pour finir la fête!

  • L'oison je le croque avant ou après?

  • Je suis convaincu que les chiens ont une âme: y a qu'à regarder leurs yeux quand ils regardent leur maître...

  • Vous éludez tous la question, les canetons, et j'y reviens donc têtu: mais pourquoi Charles Kinbote a-t-il disposé deux tables de ping-pong dans sa cave ? Est-ce juste pour pouvoir répondre que si ce n'est pas un crime d'en avoir une, ce n'en serait pas deux que de doubler la mise ?

  • Pour pouvoir jouer seul à quatre ou huit!

    L'enfant peut être virtuellement héros et jouer à fond son rôle virtuel, sans en ressentir aucune angoisse et jouir (jouer et jouir ont la même origine!) de ses aventures imaginées...tout en étant toujours lui même sans ambiguité...

    L'adulte, par son conditionnement social, son éducation et les références acquises a perdu cette liberté, cette capacité de rêver. Il s'angoisse et souffre lorsqu'il doute de ce qu'il est et que ses pensées le dérangent... c'est la névrose... et nous sommes tous plus ou moins névrosés...

    L'adulte schizophrène, atteint d'une pathologie psychiatrique grave, qui touche 1% de la population, présente plusieurs personalités, mais reste intimement convaincu du vécu de chacune, sans aucun accès à la critique rationelle: il est dissocié... c'est une psychose...

    Est cela JLK la question? La définition des termes employés est importante et ma vive réaction (comme celle de Fabien?) est peut être plus en rapport avec ce diagnostic choquant qu'avec la définition de la philosophie... Déformation professionnelle, excusez moi!

    Les Sabines

  • Le rire ? Rire de la déraison humaine. Le rire comme une faille dans le conformisme du monde, comme une vague irrépressible qui nous renvoie à la modestie. Il est bon aussi de rire de soi !Le rire peut être tout plein de bonté, ça se voit dans les yeux et dans les mots. Rire c'est continuer le chemin en donnant la main à la vie ...

  • Plein de coqs vivaient en paix, une poule survint....

  • Des coqs qui vivaient en paix ? A relire les joutes des premiers commentaires , il se suffisent à eux-mêmes pour se quereller !!!! et ils aiment cela !!!!

  • Souvenirs, souvenirs!...

    Lu ce jour:
    "Nous avons cette lumière intérieure que vous avez perdue et que nous avons conservée..."
    dans la bouche d'une femme parlant aux hommes... feu intérieur et souterrain... Rabelais, Cinquième livre!

    Amicalement,

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