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Les Bienveillantes hors de prix

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Retour sur Allemandes II
Le Prix Goncourt ou le Prix Renaudot vont-ils s’ajouter aujourd'hui, sur le palmarès de Jonathan Littell, au Grand Prix du roman de l’Académie Française ? A vrai dire la question me semble sans importance, même un peu déplacée à propos des Bienveillantes. La nature de ce livre échappe, de fait, à la logique des prix et même de la vie littéraire, ressortissant à un grand acte humain bien plus qu’à une performance d’écrivain, tout extraordinaire que soit celle-ci. J’y songeais en relisant les dernières pages (261 à 312) de la seconde partie des deux chapitres intitulés Allemandes, dans lesquelles on trouve un concentré saisissant de la puissance illustrative de ce roman au cours d’une scène bouleversante, un débat sur la race aux conséquences humaines immédiates qui fait aussi apparaître la rivalité féroce entre la Wehrmacht et la SS, et l’imbrication de l’idéologique et de la vérité des faits, sur fond de catastrophe militaire (les Allemands sont encerclés à Stalingrad) et de lente descente aux enfers éthiques et psychiques du protagoniste.
Tandis que la Wehrmacht porte l’offensive sur Grozny, Max Aue est confronté à un vieillard qui s’est présenté spontanément comme Juif aux Allemands et prétend avoir le souvenir, que lui a soufflé un ange, du lieu où il va être enterré. C’est une véritable apparition que ce vieux savant, qui s’exprime en grec classique pour se faire comprendre du SS lettré, à qui il explique ses origines composites de savant chassé du Daghestan par les Russes. En somme prié de lui donner la mort, par un homme qui représente une culture ancestrale et se comporte avec une majesté évoquant un autre monde, Max s’en va au lieu prévu en compagnie d’un soldat voué à l’exécution. Cela se passe en face de la chaîne du Caucase que Max voit pour la première fois, d'une beauté lui rappelant les harmonies de Bach, dans un endroit qui semble idéal au vieillard pour y être enterré. Sa dignité lui interdit pourtant de creuser sa propre tombe. Ainsi est-ce le soldat, puis Max lui-même, qui vont le faire sous les yeux de l’exigeant personnage, lequel réclame une tombe aussi confortable que le ventre de sa mère. Or c’est en souriant que le vieux Juif meurt sous la balle de l’Allemand, que Max Aue considère en tremblant avant d’ordonner à son sbire d’enfouir le corps.
Et que fait Max après cela ? Il se rend aux bains, desquels il sort revigoré. Et quand il rejoint au casino un officier médecin qui le trouve « en pleine forme », c’est pour remarquer qu’il se sent « renaître » après une « journée curieuse ». Or chaque fois que Max se dit renaître, nous devons comprendre qu’il fait un pas de plus dans le consentement à sa mort spirituelle. Cela requiert, de la part du lecteur, une grande attention et un grand effort de compréhension, car jamais l’auteur ne lui tend la perche. Dans la foulée, un épisode également significatif, et non moins incarné que le précédent, relate les menées d’un officier persuadé que Max entretient, avec le jeune linguiste Voss, des relations indignes d’un SS. Comme il l’a insulté devant témoins, Max le provoque en duel (on est sur les lieux de la mort de Lermontov, soit dit en passant), mais son projet est éventé et immédiatement interdit, lui inspirant la réflexion que « toute action pure » lui sera refusée. Un peu plus tard, une discussion stupéfiante se tiendra entre le jeune linguiste et Max, au cours de laquelle le très brillant Voss lui fera valoir que les dogmes racistes du nazisme ne valent pas un clou du point de vue scientifique. Ces propos pourraient lui valoir une exécution immédiate, mais Max respecte le savoir du jeune homme en admettant que son propre racisme relève de la foi plus que de la science.
En romancier, Littell fait revivre tous ce qu’il a découvert par ses études extrêmement poussées, entre autre sur les opérations « scientifiques » conduites en marge de la conquête militaire. A ce propos, il faut lire le récit de la conférence (pp.300-310) durant laquelle le sort de milliers de montagnards prétendus juifs par les uns et non-juifs par d’autres, sera décidé, réunissant des gradés de la Wehrmacht (soucieux de ménager les peuples qu’ils vont soumettre) et leurs homologues de la SS (jaloux de leur nettoyage racial) ainsi que des experts venus de Berlin, dont une linguiste teigneuse figurant la science idéologisée la plus brutale. Dans la foulée, la haine provoquée par Max chez l’officier qui l’accuse d’homosexualité, et qui a dû s’excuser, avant que Max l’humilie plus encore au cours de la conférence en prenant le parti de la clémence, finalement victorieux - cette haine aboutit à la mutation de Max Aue à Stalingrad, préludant à cent nouvelles pages admirables.
On a parlé de Vassili Grossman à propos des Bienveillantes, et c’est vrai qu’il y a du souffle  de Vie et destin dans l’évocation du Kessel (chaudron) de Stalingrad encerclé par les Russes, avec un sens de l'espace impressionnant et des scènes insoutenables. Mais on pourrait parler, aussi, d’un certain fantastique à la Boulgakov dans le long délire de Max consécutif à sa blessure à la tête, d’une force expressive et d’une beauté qui fait doucement sourire quand le pauvre Yann Moix reproche à Jonathan Littell d’écrire « comme en 1926 ».
Jonathan Littell n’est pas, comme le fut Céline, un fondateur de langue. Fera-t-il œuvre littéraire après Les Bienveillantes ? Ce n’est même pas sûr. Mais serait-il l’homme de ce seul livre qu’il aurait droit, me semble-t-il, à une reconnaissance spéciale de ses frères humains. Après les vaguelettes annuelles du Goncourt & Co, il sera très intéressant de voir l’accueil que lui réserveront les lecteurs allemands (il a dit que cela lui importait particulièrement) et ceux du monde entier, étant entendu que ce livre a valeur universelle.

Commentaires

  • c'est amusant (?) je n'ose pas rentrer dans ce livre il me fait peur, pas par son volume mais par ce que j risque d'y trouver j'ai peur de ploger et de ne pas remonter à la surface

  • On y entre aussi facilement que dans La vie mode d'emploi dont vous sortez, ensuite de quoi, c'est vrai, les gens de la maison sont moins avenants, mais c'est si intéressant qu'il faut s'accrocher et se pousser dans quelques tunnels, et puis on peut s'en arracher à tout moment quitte à y revenir, pas de risque de se noyer sauf, évidemment, si l'on n'a pas l'estomac bien accroché...

  • du coup achat vendredi soir et lecture au coin du feu ce week end 175 pages avalées et le goût d'y revenir en permanance tout en étant effrayé par la banalité du mal je vous tiendrai au courant de mes avancées

  • Grand plaisir de vous lire. A cela que sert ce blog. Merci.

  • Est-ce la fin du Tégévisme en littérature ? Le prix Goncourt à un Américain semble le prouver : tégévisme, lecture d'un roman entre Paris et Marseille? Trois heures de TGV: 200pages en caractères de mal voyants! Arrive le pavé, ce qui montre que les Français sont capables de s'attaquer à un roman complet, complexe, controverse. Mais un pavé approche sur le webb : c'est le roman de R. Denger, un autre américain: titre ILKYA. Il paraît en français sur le site http://une-page-par-jour.over-blog.com/ Publié en 2000 sur le webb aux Etats-Unis en anglais
    il est brutalement arrêté après le 9 11: il décrit la montée du terrorisme ces cinquante dernières années. Un pavé aussi ( 965 pages) il commence à être lu par des milliers de E lecteurs
    A lire Commentaires ?

  • J'aime bien tégévisme... mais avec 900 pages et américain, c'est du transatlantisme :-)

    Le site est
    http://unepageparjour.over-blog.com/
    sans les tirets

  • Me réjouis de lire "Les Bienveillantes" même si j'appréhende aussi. De toute manière, il faudra attendre que celui à qui je l'ai offert (cher certes, mais surtout très lourd...) le finisse. Appréhension teintée de guilis ravis au ventre, comme avant de plonger, en somme. Mais les quelques passages lus par celui... sont atroces. Et attirants. On verra.

  • Publication du roman de Jonathan Littel

    Jonathan Littel a fait publier son livre les Bienveillantes en passant par un agent, ce qui est dans la tradition anglo-saxonne. L’agent connaît toutes les ficelles et sait comment opérer en face de l’éditeur qui n’est plus maître de la situation : l’agent cherche un moyen d’éditer le travail de l’écrivain, signe des contrats et surtout défend l’intérêt de son client, ce que ne fait jamais un éditeur français. En France l’éditeur a le droit de vie ou de mort sur l’œuvre et les prix littéraires ne renforcent que cette dictature. En Amérique par exemple, l’écrivain, par l’intermédiaire de son agent est sur un pied d’égalité avec l’éditeur. Un écrivain ne connaît pas tous les pièges de l’édition, les contrats tronqués, le calcul de sa part financière et bien souvent les écrivains français ne peuvent vivre de leur plume car ils sont au départ grugés par les éditeurs. Au contraire des écrivains anglo-saxons. De plus une oeuvre en anglais peut avoir un potentiel de plus de 500 millions de lecteurs par rapport à un livre en français qui n’a qu’une audience de 40 millions. Les méthodes utilisées pour faire connaître son œuvre sont aussi d’ une autre amplitude que le marché français ne le permet. L’exemple du distributeur Amazon.com est signifiant de ce qui attend les libraires en France. Associer alors un roman avec un réseau de distribution sera la clé du succès à présent, ce que maîtrisent très bien les Anglo-Saxons. J’ai fait partie pendant 2 ans de l’atelier de Littérature de Paul Engle à l’Université de l’Iowa où l’on recevait parmi nous les grands écrivains. On étudiait non seulement la littérature mais aussi les méthodes de publication à la sortie d’un livre.
    Jonathan Littel a raison de refuser les droits de publication à l’étranger car Gallimard n’est pas équipé pour négocier la vente de l’oeuvre de Jonathan aux Etats-Unis. D’ailleurs très peu d’œuvres d’écrivains français ne franchissent les frontières de la France devant l’incapacité et l’incompétence du monde de l’édition française devant les monstres de l’édition américaine.
    Une autre méthode prend un essor en Amérique : la publication en ligne soit à titre individuel via un blog soit par un regroupement d’écrivains. Ce sera à eux de faire connaître leur travail dans les forums ou par des articles. Ils échappent entièrement – et c’est tant mieux – aux comités de lecture vétustes et archaïques. Les éditeurs français comme d’ailleurs la presse française – voir Libération et ses problèmes – tremblent devant les nouvelles technologies qui permettent à chacun de s’auto-éditer. Pour ne citer qu’un exemple, celui du roman ILKYA montre que les lecteurs peuvent être très vite juges de ce qu’ils pensent être bon et de leur intérêt et non pas ce qui leur a été distillé à la petite cuillère depuis des générations. Quand l’éditeur dit : "je publie, donc c’est forcément bon" va faire partie des méthodes obsolètes, tout comme le poinçonneur de métro. Vive l’édition électronique qui bientôt sera seule maîtresse du monde littéraire.

  • Ce que dit Louis Garo à propos du rôle des agents est à la fois intéressant et sans rapport avec la majeure partie de ce qui constitue la littérature vivante, laquelle n'accède pas au marché international sans cesser pour autant d'exister. Idéaliser l'agent littéraire, qui constitue un intermédiaire de plus et dont le mobile principal est la rentabilité du livre, ce qui n'est pas le cas de l'éditeur, est à mon sens dangereux et faux. Dangereux, dans le discours de Louis Garo, parce qu'il va de pair avec un procès sommaire du travail de l'éditeur, et faux dans la mesure où cet intermédiaire n'a de sens qu'à partir d'un investissement financier lié à la valeur marchande, supposée ou réelle, du "produit". Je ne veux pas idéaliser le monde de l'édition, que je connais bien, mais le démoniser est bien plus dommageable, et d'abord pour les écrivains. Il ne s'agit pas, au demeurant, d'une querelle des anciens et des modernes, ou de l'e-book contre le livre traditionnel. Bref, ce débat me semble mal amorcé...

  • La querelle, s'il y a, n'est pas entre aAnciens et Modernes mais sur ce qui constitue à l'heure actuelle le monde de l'édition en France. Publier reste difficile puisqu'il faut passer sous les fourches caudines des éditeurs puis ensuite sous celles des critiques - presse, radio ou télévision. Or il est un fait indéniable que le monde de l'édition est en déclin quant à la qualité: on compense par la quantité, cet automne plus de 600 romans publiés dont les trois quarts n'ont pas eus de critiques. La presse repousse ses articles en dernière page, la télé passe ses émissions à minuit et bien d'autre dérives qui indiquent que la littérature n'a plus priorité en France.
    Si prendre un agent c'est défendre les intérêts de l'ecrivain c'est qu'aucune association ne le fait: l'écrivain est à la merci de l'éditeur.
    Il faut trouver l'équilibre entre l'éditeur et l'écrivain si l'on veut que plus d'écrivains talentueux osent se lancer dans la publication. Sur nos écrans, nous avons quelques valeurs qui tournent constamment comme nos hommes politiques ou nos vedette du show business.'
    C'est pour cela que l'édition en ligne a un avenir devant soi: le livre s'ôte de lui même du jugement d'uj comité de lecture et sera directement jugé par les E lecteurs. Une sentence terrible puisqu'elle n'a au départ aucun soutien.
    Dans le cas d'Ilkya de Raid Denger des milliers parr le bouche à oreille et le réseau correspondants commence à être lu par des milliers de lecteurs. Eux seuls choisissent de continuer sans avoir à débourser.
    N'est-ce pas l'exemple de la liberté d'expression absolue ?

  • Je ne partage pas du tout votre condamnation en bloc du métier d'éditeur, qui reste le premier des passeurs. La surproduction n'est pas une compensation au manque de qualité mais une fuite en avant qui affecte toute l'économie de nos sociétés de consommation. Je suis conscient autant que vous du dommage que représente cette profusion et de l'altération croissante des rubriques culturelles ou littéraire sous l'effet du clientélisme effréné. Cela étant je crois que malgré tout les livres de valeur font leur chemin, soutenus ou non par les médias. Le tissu éditorial français ne se réduit pas aux grands groupes, ceux-ci d'ailleurs publient des kyrielles de bons livres, et puis il y a une nébuleuse de petites maisons qui font souvent un travail admirable et défendent leurs auteurs mieux que ne le feraient des agents à l'américaine. Bref, c'est beaucoup plus compliqué, vivant, profus et tous les jours surprenant que vous n'avez l'air de le penser, cher Louis... et l'autoédition online n'est pas une alternative à la circulation du livre qui reste un objet unique et irremplaçable, yes sir.

  • Je voulais mettre en avant l'utilisation du vaste système du net pour prouver que l'évolution du monde de la communication s'accélère tout comme l'édition du livre avait subi une profonde révolution du temps de Gutenberg. Si vous-même vous avez un site, c'est une indication que vous suivez la marche de la technologie, ce que vous n'auriez pas pu faire il y a quelques années. Je suis d'accord avec l'idée du beau livre qui sent l'encre d'imprimerie ou lorsqu'il est ancien, le rance et l'enfermé comme j'aimais sentir les objets en buis que faisaient mon grand-père, tourneur dans le Jura ( Mes mémoires sont en ligne : flammes du père inconnu, voir Google ) lais je dois me contenter malheureusement du PVC et du plastique. Il en est de même du livre, du meuble, de la porcelaine de tout ce qui touchait le monde de l'artisanat. A présent le texte se lit sur l'écran, ce que commencent à comprendre la presse écrite et les éditeurs comme de nombreux corps de métier ont du souci à se faire. Je présente un site "unepageparjour" et je m'aperçois que le nombre de lecteurs augmente rapidement.
    On peut regretter le changement de monde dans lequel nous vivons et moi je l'ai vu évoluer depuis la fin de laguerre mais nous ne pouvons aller contre.

  • A la fois d'accord et pas d'accord du tout. Vous écrivez qu'à présent le texte se lit sur écran. C'est une minorité qui lit de vrais livres sur écran. Pour ma part, je ne défends absolument pas le livre de bibliophilie seulement. Non: le livre, à commencer par le livre de poche, reste le support le plus commode et le plus nomade. A part quoi, bien entendu, tout ce qui prolonge la lecture de mille façons, par le blog notamment, est le bienvenu si la qualité y est, mais je ne crois pas du tout qu'une technologie va en éclipser une autre. Ce ne sont pas là les propos d'un passéiste, mais le constat qui s'impose par la seule popularité persistante du livre. Par ailleurs, merci pour les pistes indiquées...

  • Le sujet est complexe mais il existe quand même un fil de l'Histoire ( dans tous les domaines) qui mène à un monde - non pas meilleur forcément - mais différent. Dans mon existence, étant à la retraite, j'ai constaté une grande variation et un changement considérable en technologie et en sociologie. Depuis la bougie que nous utilisiuons pour monter à l'étage dans la maison de mes grands-parents dans un coin isolé du Jura à l'évolution de la voiture, des méthodes de lecture à la primaire au nouveau cloisonnement social de nos ouvriers - en voix de disparition- de l'utilisation du charbon au nucléaire, tout indique que le monde de l'édition suit une voie parallèle aux autres techniques et moyens de communication. Ce n'est pas en regrettant de la disparition d'un certain monde que nous ralentirons cette inexorable marche vers l'avant. C'est pourquoi je répète que le net modifiera profondément, pour les jeunes la façon dont ils obtiendront leurs connaissances. Déjà dans les universités américaines, à la pointe du progrès , la grande majorité des étudiants - j'ai enseigné 20 ans dans les universités américaines - trouvent leurs sources dans le monde de l'internet. Rapide, complet, ils peuvent avoir accès à des livres qui ne se trouvent pas dans leur bibliothèque et il n'ont pas à parcourir toute l'oeuvre pour dénicher le détail qui les intéresse. Je m'évertue de mettre ces changements en valeur dans mes mémoires : Flammes du père inconnu. En 70 ans, il y a eu plus de changements que pendant les 10 siècles précédents et cela s'accélère. Le monde de l'édition qu'il le veuille ou non, subira ces profondes transformations.

  • A JLK : pourquoi ne pas lancer un thème brûlant dans la campagne électorale : réduire le nombre de députés à 300 au lieu de 587 (nombre augmenté par Mitterand) . Aux Etats-Unis le nombre des membres du Congrès est de 483 pour une population de 300 millions d'habitants. Alors que le gouvernement parle de dégraisser les rangs de fonctionnaires, pourquoi l'Assemblée Nationale ?

  • Pardon de vous décevoir, Louis, mais la politique française est l'un des sujets qui m'intéressent le moins au monde, avec le dernier bulletin de santé d'Augusto Pinochet et l'état du compte en banque de Paris Hilton.

  • J'ai décidé de faire une mise en scène pour lire les Bienveillantes: en plusieurs étapes devant un bon feu - ne voyez pas de symbole dans ces flammes - une musique de soft Jazz et de prendre le texte comme il défilait. Je me suis mis en réalité dans la peau de ceux qui pendant la guerre ont profité des malheurs des autres pour ce créer leur propre bonheur, marché noir et autres systèmes débrouille. Quand on lit Littel, le champagne coule à flots, le soir dans des réceptions et le contratste est brutal entre ceux qui souffrent et ceux qui prospèrent. Alors j'ai lu de haut pour ne pas m'enfancer dans la boue de la honte. On s'aperçoit alors que , comme à l'heure actuelle, où souffrent des peuples de par le monde, il fait bon faire ses achats de Noël tandis que l'on passe indifférents à côté de SDF. Et on n'y peut pas grand-chose. J'ai vécu comme enfant la guerre à Paris et je raconte ces années noires en ligne sur le blog "unepageparjour" . L'indifférence des parisiens devant la Rafle et d'autres scènes de l'Occupation. On s'y était fait.

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