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Claude Lanzmann "scie" Les Bienveillantes

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La Shoah est-elle une chasse gardée ?

Elle est bien vilaine, bien inélégante vraiment, la façon de Claude Lanzmann de dénigrer Les bienveillantes de Jonathan Littell, comme si le succès de ce livre devait l’inquiéter…
En lisant l’extrait de ses propos recueillis par Marie-France Etchegoin dans la dernière livraison du Nouvel Observateur (« Une documentation impeccable mais… »), m’est revenu le souvenir du Professeur Schwartzenberg téléphonant un soir à une jeune confrère écrivain-médecin (Christian Lehmann) qui avait osé s’exprimer à la TV sur le cancer pour lui lancer : « Le cancer à la TV, c’est moi ! »
Claude Lanzmann déclare notamment, dans le Nouvel Obs’ , qu’il n’y a en somme que deux personnes au monde qui peuvent comprendre Les Bienveillantes : lui et Raul Hilberg, l’auteur de La destruction des juifs d’Europe. S’il reconnaît le travail monumental de Jonathan Littell, Lanzmann insinue, en se contredisant lourdement d’ailleurs, que ce livre n’est pas vraiment « incarné », tout en récusant le droit du romancier à peindre un personnage couturé de complexes et de perversions. Comme si les diarrhées de Max Aue, ses phobies et ses goûts sexuels risquaient de distraire l’attention du lecteur ! A en croire Lanzmann, ce livre serait trop difficile à lire, et surtout, surtout, le fait qu’il soit lu par tant de gens (plus de 120.000 lecteurs après trois semaines…) risque également d'aboutir à une mauvaise lecture… Passons sur les détails : si la mauvaise foi de Lanzmann est moins crasse et futile que celle d’un Angelo Rinaldi, elle est plus attristante pour ceux qui, comme Jonathan Littell lui-même, qui a été bien plus loyal à son égard en reconnaissant sa dette envers le film, ont été marqués par Shoah.
Est-ce à dire que Les Bienveillantes soit le chef-d’œuvre absolu qu’il s’agit de célébrer à genoux sans oser la moindre critique ? Nullement. Il est vrai que ce livre exige un grand effort de lecture. Vrai aussi que le protagoniste n’est pas un compagnon de route des plus gais. Vrai surtout que cette plongée progressive dans le Mal est une épreuve à la fois nerveuse et physique, mais qui me semble absolument pure de toute complaisance et de toute fascination.
Or c’est là que Claude Lanzmann est le plus injuste envers Jonathan Littell : en laissant croire que le romancier est fasciné par son personnage et qu’il se délecte de son abjection. C’est bas. C’est très bas, Monsieur Lanzmann, et les lecteurs de bonne foi apprécireont…
Les Bienveillantes, au demeurant, ne traite pas que de la Shoah. Contrairement à ce que d’aucuns ont déjà conclu sans l’entrouvrir, ce n’est pas une « lamentation juive » de plus (j’emprunte l’odieuse expression à ceux qui la ressassent de plus en plus ouvertement) mais c’est un très grand livre sur le consentement universel au Mal. Ce que vit Max Aue en se soumettant à son idéologie de mort ne concerne pas, cela va sans dire, que le nazisme, même si l’industrie des sieurs Eichmann & Co aura touché à des sommets d’organisation et d’efficacité dans l'extermination – ce que Jonathan Littell montre de l’extérieur et de l’intérieur. Il est vrai, par ailleurs, qu’on aura trop vite comparé le jeune romancier à Léon Tolstoï ou à Vassili Grossman, et que la masse du livre ne « bouge » pas du tout de la même façon que celle de La Guerre et La Paix ou que Vie et destin. Vrai aussi qu'il n'a pas leur amplitude artistique. Mais lui-même est le premier à récuser ces comparaisons hâtives, voire publicitaires, disons: médiatiques.

Alors quoi ? Alors rien : lisez Les Bienveillantes, foutez-vous de la rumeur et jugez par vous-même. Pour ma part, je n’ai rien lu cettte rentrée de plus sérieux, de plus bouleversant, de plus réellement nécessaire que ce livre, comme on a pu le dire, et là encore la comparaison a ses limites, de L’Archipel du Goulag de Soljenitsyne.

Commentaires

  • Je me faisais cette réflexion en lisant la diatribe de Lanzmann ; je suis très heureux de trouver vos mots pour lui donner corps. De même que nous assistons depuis quelques années à une concurrence dans la douleur, certains, dans cette contamination économique de la pensée qui fait froid dans le dos, aurait le droit à un monopole, non seulement de la douleur, mais de sa compréhension-explication. Affligeant. Heureusement que certaines oeuvres échappent à leur créateur. Pour les jeunots, courrez, courrez voir Shoah, n\'en lisez pas moins le roman de Littell.

  • En fait, je m\'attendais à pire et ai été plus agacée par le couplet sentencieux et paternaliste de Rinaldi.
    Lanzmann reste dans une logique dont il ne peut sortir, et dont il ne sortira pas à son âge: pas de fiction sur la Shoah. Et surtout, il le dit dans l\'entretien, \"aucune psychologie\"....Trop difficile sans doute de regarder en face l\'humain trop humain que décrit Littell. Alors, il lui faut bien trouver des reproches, le plus facile et le plus classique étant bien sûr d\'accuser l\'auteur de se complaire dans l\'abjection de son personnage, ce qui est ridicule car justement, le personnage décrit n\'a rien d\'abject, et c\'est ce qui fait le poids de ce roman. Ses actes le sont, mais c\'est un autre problème.
    Ceci dit, Hannah Arrendt a été beaucoup évoquée dans le contexte, et avec justesse, pour avoir si bien su analyser la banalité du mal. Il suffit de lire sa correspondance pour s\'apercevoir que les reproches qui lui ont été faits sont d\'une autre ampleur que ce petit commentaire d\'Un Lanzmann un peu figé dans ce qui finalemernt a fait sa propre gloire.

    Seule la fiction, il me semble , peut permettre un abord global. Il y eut la description des faits, la réflexion au sujet des faits , au sujet de ceux qui les avaient subis, de ceux qui les avaient fait subir. Il me semblait que tout avait été dit. Et bien non. Je ne crois pas avoir jamais lu une aussi remarquable analyse ( page 580 581) du rapport entre idées et mots-formules de langages et significations - et mise en application pratique qui en découle de façon inéluctable dans cet exemple historique précis , puisque rien ne l\'a freinée ( \"inévitable \" écrit Littell); le mot principal étant \"solution finale \", qui ne veut pas dire grand chose tel quel et au départ, associé aux mots \"obéir\", \"servir\", \"loi\". Le passage du mot et de l\'idée à la réalité.

    Quant au personnage d\'Aue... Là encore une remarquable analyse d\'un destin , éclairée par une enfance sur laquelle Aue n\'a jamais su ( n\'a jamais tellement pu non plus.....) revenir, des mauvais choix à un mauvais moment, beaucoup de lucidité de temps en temps , beaucoup de renoncement aussi. Bref un homme, un homme qui s\'est coincé lui même et qui le sait. Et si c\'est un homme........c\'est inacceptable pour certains.
    Et ce qui complète magistralement le tableau, ce sont justement tous ces détails somatiques digestifs. Le cerveau peut trahir, on peut dominer ses pensées ( pas les rêves, abondamment décrits) . Le corps ne trahit pas le rejet de la prise de conscience de l\'horreur, il se ronge....

  • Merci, Marie, pour ce commentaire si juste, et en connaissance de cause. Cela me touche que vous nous écriviez de Tahiti pour nous parler des Bienveillantes. Tout à l\'heure je me demandais si Lanzmann n\'avait pas raison, tout de même, de craindre la fascination des foules pour ce livre, sous l\'effet de l\'emballement médiatique. C\'est un autre sujet. Votre lecture, en revanche, est exemplaire, qui exhale la sincérité et le secret. C\'est un livre à lire en effet comme en secret. Ce mot de secret apparaît tout au début du nouveau livre de Pierre Assouline, intitulé Rosebud et que j\'ai commencé ce matin en continuant de déballer la bibliothèque d\'une chère disparue. Dans cette bibliothèque je suis tombé sur Etty Hillesum en hollandais, sur le Simenon d\'Assouline complètement dépenaillé et annoté, sur d\'autres livres qui me parlaient tous de notre chère vieille amie. Le détail de Rosebud, la boule de verre contenant une image du monde sur laquelle on peut faire neiger, le détail qui est de Dieu et du Diable à la fois, c\'est-à-dire de la vie ombres et lumière, est un beau départ pour une méditation sur la biographie. Je vous conseille de lire Rosebud dont je vais sans doute reparler sur ce fil...

  • Merci pour le conseil, que je suivrai, bien sûr, Rosebud sort en France dans quelques jours je crois.
    En ce qui concerne la fascination d\'un certain public, c\'est ce que je craignais avant lecture. Je ne le crois plus. Il n\'y a pas matière à voyeurisme.C\'est trop complexe pour cela.
    A signaler une émission intéressante, bien qu\'un peu frustrante, écoutée ce jour sur France Inter qui réunissait Raoul Hillberg, Jonathan Littell et Jérôme Garcin.
    http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/bandeabonnaud/

  • Il me semble qu'une des références de ce livre majeur est Flaubert et que si l'on a pu admirer la "prodigieuse documentation" de ce dernier, on en a pas moins "goûté" avec Emma le poison dans sa bouche. Pour ma part, Littell est de cette trempe de romanciers dont le poids d' onirisme à l'instar d'un Kafka, d'un Schultz, d'un Boulgakov sait trouer un réel mortifère.

    "Le problème n'est plus guère de savoir si un tableau tient par exemple dans un champ de blé, mais bien s'il tient à côté du journal de chaque jour, ouvert ou fermé, qui est une jungle."

    André Breton

  • Absolument d'accord avec vous. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai cité la scène incroyable, qui pourrait être d'un terrible kitsch, du baiser à la suppliciée et de la statue de sel...

  • Claude Lanzmann tient son rôle de gardien de la mémoire et C'est tout. Shoah, son oeuvre monumentale et définitive, légitimise son interventionnisme dès qu'il s'agit de critiquer une oeuvre qui se réfère à la sienne, c'est à dire toute oeuvre qui traite de l'extermination des juifs par les nazis. Puisqu'il s'agit essentiellement de critiquer une autre oeuvre, Claude Lanzmann rend d'abord hommage au travail de documentation de l'auteur Jonathan Littell. Ensuite, il me semble qu'il se contente d'avertir le public sur les dangers d'une lecture sans connaissance de l'Histoire, ce en quoi il a parfaitement raison. Hannah Arendt nous parlait de la banalisation du mal, Lanzmann nous rappelle qu'il est toujours là.

  • Ce livre est une oeuvre pour moi majeure, complémentaire des oeuvres magnifiques de lanzmann et de Hannh Arendt. On pourrai aussi relier ce livre au travail controversé de Goldhagen qui avait defraye la chronique a l'epoque (les bourreaux volontaires de Hitler).
    Les bienveillantes vont sortir en allemagne, je me demande comment ce livre va être accueilli, aprés la polemique sur Grass qui va eclairer ce livre d'un jour nouveau la bas.

    En tout etat de cause, je trouve le procede litteraire de Littell stupefiant car la description clinique des ennuis de sante de son personnage, les cotes touristique parfois, cree vraiment une intimite avec le personnage qui derange. On se sent mal, le personnage aussi. Cela n'excuse pas l'acte mais montre que le mal contamine tant physiquement que moralement, et ce meme si on agit comme un nazi convaincu. Et c'es tpeut être cela le plus immonde, le mal fait mal aux nazis .. et pourtant malgre ces ressentis ils continuent, et même parfois en rajoute..

    Le genocide est une chose complexe. Et c'est bien pour cela que toujours nous devons nous interroger. C'est ce que fait ce livre, qui nous rappelle qu'aujourd'hui encore tout est possible car ce mal n'est pas lié qu'a une ideologie, mais aussi à l'humanite même.

  • Entièrement d'accord avec vous. Et convaincu que ce livre ne contribue pas du tout à la banalisation du Mal, au contraire. Ceci dit, que l'emballement médiatique fasse qu'on le lise mal est possible, mais qu'y peut l'auteur ? C'est le fait de tout engouement, incontrôlable par définition...

  • Lanzmann nous exorte à ne pas chercher à "comprendre" le génocide, car comprendre c'est très vite justifier. Il faut "décrire", ne pas aller au-delà. Le moindre pas au-delà de la description clinique amène au jugement, à l'opinion, à la contestation...

  • Mais qu'a donc fait Lanzmann avec Shoah ? S'en est-il tenu à une description clinique ? Nullement. Il a fait parler les uns et les autres, tels qu'ils sont devenus et se justifient ou pas. Ce film, irremplaçable j'en conviens, est aussi truffé de jugements par montage et mise en scène. J'ai des amis Polonais, nullement antisémites ni pronazis, qui en ont contesté l'objectivité par rapport à leur pays, où les résistants et les martyrs n'ont pas manqué. Or à la sortie de la première projection à laquelle j'ai assisté, le public insultait "les Polonais".
    Au reste, le thème des Bienveillantes n'est pas que le génocide des juifs. Littell a dit lui-même que le sujet en était l'Allemagne. Pourquoi, comment ce pays de haute culture a-t-il basculé dans la barbarie génocidaire ? C'est aussi cela que montre le livre: comment des êtres cultivés consentent à l'innommable. En quoi ce livre peut-il amener à la "contestation" ?

  • Dans les bienveillantes ce n'est pas le genocide que l'on cherche à comprendre. C'est la mecanique du mal. d'ailleurs comme le dit JLK tout le livre ne tourne pas autour du genocide.
    Il est plutot descriptif de la vine d'un nazi convaincu dans la guerre à l'est. Par exemple on y voit les amities et haines entre soldats.. etc...
    Nouvelle reflexion de ma part en poursuivant ma lecture tout d'abord Aue a de graves problemes de haine vis à vis de la vie elle même, et cela doit nous amener à réflcéchir a ce que certains appelle la "culture de mort", ensuite je suis frappé qu'in fine dans ce livre on "suit" forcement le personnage car la mort "coupe" le lien avec la communauté humaine. En lisant ce livre, il ne faut pas oublier le passage dans l'introduction qui precise que cette guerre a fait 1 mort tout les 4 secondes ! Ceci ce n'est pas pour excuser mais pour demontrer que in fine c'est cet environnement mortel odieux cela qui a permis cette horreur. Le vie disparait partout.
    Si on ne cherche pas a comprendre a quoi cela sert t'il d'être humain, est il permis d'interdire de reflechir ? Nous devons reflechir sur la shoah, toujours nous regarder dans ce quel à d'humain et ne pas regarder cliniquement de l'exterieur en disant voila ce que des monstres extra-terrestres on fait. Oui je juge la shoah ! La communauté humaine a jugé la shoah. Le crime contre l'humanité ce sont des hommes qui se sont soustrait par leur actes de la communauté humaine. Car depuis la shoah nous savons qu'être homme ce n'est pas seulement être un ensemble organique et biologique, mais aussi être avec.. l'autre.
    ce qui me frappe dans ce livre, ce sont les petits attachements mais sans profondeur de Aue, attachements pour l'érudition, attachement pour l'aspect naif et simple d'un tel etc.. mais jamais attachement pour la vie ou l'être. Bref il ne voit jamais l'essence de l'homme derriére ce qu'il exprime. Bref il n'a aucun pathos.

  • Une logorrhée de commentaires. On pense à cette réflexion de Lanzmann, qui dans le « Nouvel Observateur « compare les ennuis intestinaux de Max Aue au déversement de texte que représente « Les Bienveillantes ».
    Hélas, la Shoah c’est la propriété (le fond de commerce ?) de Lanzmann, et le fait qu’un autre auteur s’en empare (avec succès) le fait grincer des dents.
    Et pourtant, et pourtant…..
    Pour ma part « Les Bienveillantes », c’est essentiellement un ROMAN, ce n’est ni l’histoire de l’invasion de l’Ukraine, Stalingrad ou la chute du III Reich, ni une quelconque apologie du mal ou d’une perversité humaine.
    Roman, tout d’abord. Bien construit (et les références aux suites de Bach dans les en-tètes de chapitres ne le sont pas pour rien), que je séparerais en deux parties (avant et après Stalingrad). Je me demande même si la seconde partie n’aurait pas pu être coupée tout simplement (trop d’intrigues emboîtées). Roman bien construit, à la limite trop « léché », avec une scène violente ou de sexe qui revient régulièrement quand la narration se fait trop longue (marketing quand tu t’y mets….).
    Livre choc ? (par sa violence). Non. Krieg ist krieg (und schnaps ist schnaps). A vrai dire, les scènes de viol dans le film sur Jeanne d’Arc (Luc Besson ?) me sont plus insoutenables (car gratuites).
    Livre du siècle ? (ce siècle avait 6 ans…..)
    Démence collective ? certainement si l’on en croit l’idéologie qui sous tend les actions (peuple élitiste). Il est vrai que l’avant dernier chapitre est une belle explosion de démence interne de Max. Scènes oniriques très belles (la fin de Stalingrad).
    Comparaison avec Vasilii Grosmann ? Ce n’est pas du même tonneau. Autant « Pour une juste cause « et surtout « Vie et destin » sont des livres historiques, autant « Les Bienveillantes » pointent une autre cause. Je dirais plutot Kubrick.

  • Trois petites remarques :

    -Pour moi Vie et Destin est bien supérieur aux Bienveillantes, même si je n'aime pas trop ce genre de comparaison. Et je ne rangerai jamais ce livre dans la catégorie des textes historiques. C'est une oeuvre éminement littéraire, un chef d'oeuvre sans aucun doute. Tiens ! Voilà une différence. Vie et Destin : un chef d'oeuvre (qui a bien failli ne jamais être publié), Les Bienveillantes : un évènement (littéraire qui fait l'actualité).

    -A propos de l'expression "le livre du siècle". A la limite, un des premiers "livres évènements du XXIème" je veux bien mais qui a osé dire que c'était le livre du siècle ? Il faut vraiment avoir du culôt et peu de recule (et peu le sens de l'histoire) pour dire une chose pareille. A moins que cela ne soit une rumeur visant à amplifier l'évènement avant même qu'il n'arrive (voir ci-dessous).

    -Enfin je rappelle à propos des soupçons de marketing soulevés par jlv, que le livre a été vendu (très cher) par un agent littéraire à Gallimard. En outre, les attachés de presse de Gallimard, avant même que le livre soit paru, ont fait le tour de Paris avec les épreuves en main pour diffuser la bonne nouvelle et proclamer le chef d'oeuvre (je n'ai pas lu cela dans la presse, je tiens cela d'une excellente source, quasi irréprochable). Un peu suspect non ? cela n'enlève rien à la qualité de l'objet ni a son originalité, mais tout de même ça mérite réflexion...

    T.

  • mise au point
    quand j'ai ecrit livre historique, je pensais qui marque l'histoire. Effecivement un grand livre (et auteur que V. Grosmann.
    livre du siècle: la référence aux 6 ans de ce siècle laisse à penser que d'autres oeuvres tout aussi "grandioses" sont a venir (encore faut il l'esperer).
    enfin marketing : il est différent d'écrire "marketingement correct" et d'en faire une promotion comme un paquet de lessive

  • Ce roman me met extrèmement mal à l'aise: 3 nuits sans trouver le sommeil, hanté par des descriptions trop vraisemblables (la jeune et jolie fusillée, la petite fille de 4 ans, les fosses...). Pourtant j'en ai lu et vu des documents sur ce sujet. Je trouve que Lanzmann est totalement injuste et que sa "critique littéraire" n'en est pas une. Une fois de plus il s'érige en seul juge de ce qui doit ou ne doit pas être dit, écrit, filmé, et même pensé sur le génocide juif. Sa monomanie devient insupportable. Son oeuvre heureusement lui survivra débarassée de son auteur envahissant et péremptoire. Pour "les bienveillantes" je crois qu'il s'agit d'un bon roman historique et qu'il a le mérite de rappeler un contexte effroyable et de faire réfléchir à ce que l'homme est capable de faire à ses semblables. Surtout ne pensons pas que la Shoah est un point culminant: au Cambodge et au Rwanda les "einsatzgruppen" ont repris du service. Au risque de faire s'étrangler Lanzmann de cette comparaison.

  • au Cambodge et au Rwanda les "einsatzgruppen" ont repris du service. Au risque de faire s'étrangler Lanzmann de cette comparaison.
    pour ne pas parler de la bande de Gaza ou du Liban......
    Krieg ist Krieg, mais inversement une race est elle une religion
    (beau sujet pour le 2eme roman de J Littel)

  • bonjour

    vous qui êtes des passiossonnés de lecture... allez visiter ce site et faites passer cette URL si vous y trouvez en effet un intérêt...

    nous comptons sur vous tous...

  • bon livre MAIS les deux derniers chapïtres (pervesions sexuelles baroques limite louffoques & le pince nez à hitler) donnent un sentiment de baclé et de grotesque, j'invite l'auteur à les reprendre..

  • Personnellement, je trouve ces envolées délirantes (à la fin de stalingrad, Littell évoque Céline de façon flagrante), trés représentative du Gotterdammung qui régnait dans l'empira Nazi sur la fin. Délire et débauche, décomposition à tous les niveaux, délire total au milieu de souffrance terrible.. Coté surréaliste aprés les chapitres ultra réaliste. Contraste.
    Oui, lors d el'effondrement cela a été le délire, car les "élites" nazies sentaient la mort approcher et comme ils était nihiliste, tout alors était permis ...
    Non pour moi c'est tout à fait voulu et nécessaire.

  • Bien sûr que c'est voulu et nescessaire. D'ailleurs ce n'est pas tout à fait pour rien que le Nouvel Obs vendait sa seconde couverture sur Littell (et un dossier sur les nazis un peu trop "sensationnel" à mon goût avec photos très violente en couverture et dans le dossier - un soldat qui tire à bout portant sur une femme debout et son enfant), avec à l'intérieur un DVD des Damnés de Visconti !

    T.

  • Littell a dit je crois qu'il aurait pu construire son roman dans un autre contexte historique, la guerre du Viet Nam a été citée ... C'est bien une plongée dans le mal universel qu'il propose à ses lecteurs, la deuxième guerre mondiale a atteint des sommets dans ce domaine, mais n'a hélas aucune exclusivité. J'ai aimé le livre car il décrit la difficulté qu'ont toujours eu les sociétés humaines a s'opposer à ce mal absolu. A résister au pouvoir, aux ambitions personnelles. Ces nazis carrieristes font penser à des carrieristes ordinaires, prêts à tout pour ... Les individus cultivés, voire intelligent y succombent, c'est de cela que nous parle Littell, comment peut-on aimer Bach et accepter ces massacres. Un auteur aurait écrire une histoire comparable en la situant dans le contexte de la guerre d'Algérie, ne croyez-vous pas ? Ce qui provoquerait moins de réactions de la part de Lanzmann.

  • N'en d

  • N'en déplaise à Claude Lanzmann, mais Max Aue ne pourra jamais être mon copain...
    Celui qui a trouvé Suchomell (un des portraits de la galerie de personnages de Shoah) super sympa trouvera sûrement Aue aussi super sympa. Mais celui qui a trouvé Suchomell infect trouvera aussi bien Aue infect... C'est mon intime conviction, que l'on voie à travers les yeux de Aue ne change rien à l'affaire. C'est un cynique, carriériste, totalement dépourvu de compassion et de pitié, et cela est montré régulièrement dans sa promenade criminelle en Ukraine et en Russie.

  • Ce livre est aussi une observation clinique, qui va simplement plus loin que celle de Lanzmann, et qui évite toute complicité réelle avec le personnage. Les oeuvres de Lanzmann et de Littell sont complémentaires de celles de Arendt et de Hilberg. Les gens sont assez grands pour savoir qu'expliquer et comprendre n'est pas excuser et justifier. S'il fallait tenir compte des gens qui comprennent de travers ou qui interprètent de manière saugrenue, et de leur danger potentiel il faudrait rester clouer chez soi au lit et ne plus sortir. Et ce livre n'est pas dangereux, au contraire, il donne un second souffle sur la recherche dans ce domaine. Les affects de Aue sont très interessants et nous donnent les clés des étapes psychiques et de l'état psychologique nécéssaires à ce passage à l'acte. C'est une arme nouvelle pour combattre la bête immonde quelque couleur qu'elle prenne (brun nazi, rouge communiste ou vert islamiste).

  • Les bienveillantes, un livre révisionniste ?

    Vu sur le site suivant:

    http://www.chevenement2007.fr/Les-Bienveillantes,-un-livre-revisionniste_a94.html

  • C'est l'insinuation la plus ridicule qui ait été faite, et dont j'attends toujours le début de l'ombre du premier argument recevable...

  • Je viens de commencer la lecture des "Bienveillantes " et j'ai dans un premier temps été choqué par le réalisme cynique avec lequel l'auteur décrit son héros. Dans un second moment j'ai été étonné par la précision des détails avec lesquels les faits sont décrits: on oublierait que c'est un roman.
    Je suis intrigué par le passage qui évoque les membres de la légion Wallonie
    et par la part qui met en cause le Palais ( Leopold III) cela ressemble tellement
    aux infos que je possède par mon histoire familiale que je suis admiratif devant la précision de certains faits. Bouleversant ce livre !

  • J Littell a toujours admis avoir fait un grand et large travail de biblio avant de se livrer a l'ecriture des "Bienveillantes". Peut etre est ce une part du suces du livre (bien que je pense que ce n'est pas un livre "historique").

    livre "revisioniste" : d'accord avec JLK : c'est vraiment ridicule, malheureusement celui ci n'execute plus autant que max aue.

    a quand un second roman de JL sur cette forme de genocide (ou d'auto-genocide) ?

  • je suis tombé sur ce livre dans un prisunic à l'automne à clermont ferrand avant qu'il ait le goncourt, j'en ignorais tout et ça m'a scotché sur place; je l'ai laissé tomber pour finir mes courses et ai réussi à me le faire offrir pour le nouvel an, et l'ai lu ; d'une traite, en trois jours ou nuits, dès qu'un moment était disponible. zavez essayé avec un gros sac et dans le métro? pourtant si; fascination du mal? je connaissais tous ces évènement historiquement. la description amorale de Auer met le doigt sur la frontière ténue entre le bien et le mal: qui d'entre nous peut jurer qu'il ne l'aurait jamais fait?
    à lire et faire lire pour ceux qui ont ignoré jusqu'à maintenant; pour moi cette oeuvre est le pendant de la BD "MAUS" qui relate la m chose du point de vue des victimes.

  • Ça sent le cadavre !
    On fait maintenant du fric et de la distinction sur des cadavres, comme l'ont fait les dictateurs du temps de leur pouvoir. A Paris c'est les Bienveillantes et à Strasbourg c'est Cher oncle Georges.
    Des millions de cadavres, d'humiliés, de torturés, d'assassinés, gazés, brûlés...par des meurtriers en puissance et des collabos de tout poil...qui ont participé pour s'enrichir, se promouvoir, se glorifier, ou par traîtrise, lâcheté, insouciance ou convoitise...
    La boue, la cloaque humaine dans laquelle les auteurs d'aujourd'hui remuent leurs plumes dans le but d'être édités, de faire fortune, promotion et d'être lauréats de prix littéraires. Se glorifier de titres, sur des cadavres et leurs histoires qui ne pourront jamais être écrites.
    Jamais la conscience des éditeurs n'a menacé de descendre aussi bas.
    Jamais un Goncourt n'a menacé de s'ériger aussi haut dans l'aberration.
    Ce genre de livres n'apporte rien de positif à l'esprit de la jeunesse et encore moins à son moral, et ne forge en rien son idéal.
    Ce qui serait bénéfique à la jeunesse d'aujourd'hui désorientée et désinformés par les médias: la presse, la télévision, le cinéma, les maisons d'éditions..., serait de ne réserver aucune ligne, aucune image, aucun commentaire à ceux qui tuent père et mère, aux escrocs , aux magouilleurs, aux politiciens corrompus, aux guerriers et dirigeants menteurs et despotes, et dont on étale au contraire leurs faits et méfaits en première page, des journaux, en avant sur les rayons des librairies, ou en tête de l'information à la télé... et dont on fait même des films.
    Cherchez un journal, une revue, un magazine, qui met en prière page, le beau, le juste, le vrai, l'idéal, le rêve, la poésie...le méritoire du vécu...l'exemplaire de vertu... bénéfique et instructif pour à la jeunesse et aux adultes...
    Pas un poème, pas une prose, pas une citation, pas un témoignage d'idéal ou de civisme. Absence totale de positivisme. Présence continuelle de négativisme.
    Non, des prix Goncourt de ce genre et les ouvrages de ce genre sont à rejeter.

  • C'est cela: positivons en choeur. Tous en choeur: positivons !

  • Je dirai même plus: positivons en choeur !

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