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Un peu plus à l’Est…

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L’Est de Claudio Magris le Danubien a longtemps été celui de ce qu’on appelait l’ « autre Europe », par une forme de discrimination qui l’agaçait et contre laquelle il a beaucoup fait en illustrant le caractère profondément européen, justement, de sa chère Mitteleuropa.
Rappelant en préambule quel préjugé négatif a longtemps marqué le « perfide Orient », l’écrivain voyageur affirme d’emblée le caractère « autre », du véritable Orient qu’il va évoquer cette fois en trois temps (en Iran, au Vietnam et en Chine), en récusant du même coup une notion qui lui semble rebattue non moins qu’abusive : du choc des civilisations.
Qu’il approche la culture et les gens d’Iran (en automne 2004), ou qu’il voyage à la rencontre des habitants du Vietnam et de Chine (en hiver 2003) en cherchant la ressemblance humaine et le génie propre à chacun, Claudio Magris montre bien que ce qui s’entrechoque sont les éléments régressifs des sociétés et non les civilisations, et que l’incompréhension, la non-reconnaissance réciproque ou le besoin d’affirmer son hybris ne relèvent pas du déterminisme ou de la fatalité.
A fines touches, de rencontres en lectures, de tout près ou avec le recul, Claudio Magris nous montre une fois de plus de quelle lecture du monde attentive procède le voyage et quelle empathie il requiert.
Claudio Magris. Trois Orients. Rivages poche, 119p.

Commentaires

  • Avant de me plonger prochainement dans les côtés plus obscurs que nous possédons tous , je voudrais rester encore un peu avec le mot "bonté " que vous associez à "beauté" dans le préambule de l'entretien avec François Cheng. Chacun ses faiblesses.....:):)
    Le début d'un petit chapître de "déplacements" de Claudio Magris m'est venu à l'esprit. Je vous le livre.

    La table de Schönberg

    "L'image de la bonté est souvent liée à un rapport amical et familier avec les choses, à une familiarité respectueuse avec les objets, à une attentive et savante capacité à les manoeuvrer avec habileté, mais aussi avec soins et égards. La gentillesse envers les personnes, les animaux, les plantes s'étend, spontanément, aux choses, au verre dans lequel on glisse la fleur; la bonté est aussi dans les mains, dans la manière dont elles se tendent vers d'autres ou prennent un cendrier sur la table. L'attention est,-a-t-on-dit, une forme de prière, la reconnaissance de la réalité objective, d'un ordre, de frontières, une manière de regarder au-delà et au-dessus de son propre moi égocentrique, de savoir que nul n'est le satrape sarcastique du monde et ne peut le dévaster selon son caprice , comme cela nous arrive dans ces impuissants et lamentables éclats de colère où, ne pouvant nous détruire nous-mêmes ni les autres ni l'univers, nous mettons en pièce le premier objet qui nous vient sous la main.
    Il y a une bonté robuste des mains, de celui qui précisément fait attention à autre chose et ne se concentre pas stérilement sur ses propres idées fixes; elle ressemble à l'enfance, dont l'imagination s'enflamme por une pierre ou pour une boîte d'allumettes vide, et elle ressemble surtout à l'art, qui n'existe pas sans cette sensuelle , curieuse et scrupuleuse passion pour le concret physique et sensible des détails, pour les formes, les couleurs, les odeurs, pour une surface lisse et anguleuse, pour la révélation qui peut venir de la frange d'un ressac ou du bouton mal positionné d'une veste.
    Toutes les choses et toutes les matières peuvent être enveloppées de cette lumière, clous rouillés, vitres de gratte-ciel ou écrans d'ordinateur qui s'animent comme la lampe d'Aladin, mais le bois, surtout, a une fraternité religieuse bien à lui, peut être par sa proximité étroite avec la main qui le tient ou le modèle, pour le plaisir qu'il donne au toucher, pour son odeur vivante. Ce n'est pas un hasard si le menuisier est une antique mythique figure de bonté paternelle et protectrice, comme saint Joseph ou comme le Gepetto de Pinocchio.
    La table D'arnold Schönberg................"suivent ,dans ce recueuil ,description et histoire...

  • Quelle merveille que de lire, à l'aube, ce si beau texte d'amour. Merci Marie du soir. Je vous l'écris sur la table de mon grand-père, qui l'a héritée d'un grand médecin connu sous l'appellation de docteur des pauvres...

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