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Palme à un livre


A propos d’Entre les murs, le livre...
Des dialogues carabinés constituent la matière en fusion d’Entre les murs, où François Bégaudeau ressaisit les relations exacerbées qu’entretiennent un prof de français de classes d’un quartier populaire de Paris (dans le XIXe), ses élèves et les autres profs de la salle des maîtres, en pêle-mêle de mots et de gestes, de signaux expressifs de toute sorte (jusqu’aux inscriptions-logos-acronymes des t-shirts), tout cela puissamment signifiant et significatif aussi bien.
Dans un débat public, François Bégaudeau parlait de la notion, fondamentale selon lui, de respect, et mutuel, qu’il s’efforce de concrétiser dans sa propre pratique de prof au prix d’une bagarre de chaque instant, de chaque mot, de chaque regard et de chaque geste, douce et dure bagarre dont l’écrivain transcrit les moindres signes dans Entre les murs, avec l’enjeu, et mutuel là encore, d’une vraie reconnaissance.
Tel est, de fait, le mot-clé de tout ça, et qui éclaire évidemment l’actuel conflit mahousse secouant salubrement la France : la reconnaissance de ce que je suis et de ce que tu es, de ce que je m’efforce tant bien que mal de faire et que j’aimerais que tu reconnaisses, de ce que tu m’apportes et que tu attends que je reconnaisse, ainsi de suite.
C’est un livre violent et hyper-attentif, mais tendre aussi, plein d’amitié rude et d’aveux pas faciles, de netteté et d’honnêteté, de souci de tout saisir de bonne foi jusque dans les élans de mauvaise foi de part et d’autre, de lassitude-envie-de-tout-envoyer-foutre et de bon vouloir qu’Entre les murs, qui relève en outre du tour de force littéraire, captant à la fois la novlangue des temps qui courent et ses bordures gestuelles ou comportementales - tout le dit et le non-dit que les oreilles des murs et leurs yeux enregistrent sismographiquement entre deux sonneries…
François Bégaudeau. Entre les murs. Verticales, 2006. Ce livre a obtenu le premier Prix France Culture-Télérama, et constitue la base du film de Laurent Cantet qui vient d'obtenir la Palme d'or du Festival de Cannes.

Commentaires

  • Comme c'est un livre de la selection du Livre Inter, j'en parle ici :
    http://perinet.blogspirit.com/archive/2006/03/29/f-begaudeau.html

  • Je viens de terminer "Villa Amalia". Je suis encore imprégnée de ce livre; les impressions survivent la couverture refermée. Pourtant, j'ai bien failli le fermer d'exaspération en ses débuts. Quignard me surprend toujours; là où il m'emmène, lui est déjà ailleurs. Je ne sais trop pourquoi, son style me rappelle parfois les mots de Roland Barthes. J'espère vous lire sur le dernier Quignard.

  • Apparemment le respect dont se gargarise Bégaudeau ne s'applique pas à la patrie de Mozart et Musil. Extrait p178:

    " -Bon ben franchement c'est pas la peine de s'esquinter le cerveau là-dessus, parce qu'en gros, c'est un pays qui n'a aucune importance dans le monde et pas même en Europe. Est-ce que quelqu'un connaît un Autrichien célèbre ?
    Aucun doigt levé, c'était plié.
    -Voilà, j'vous le disais. Si une bombe rayait l'Autriche de la carte, personne ne s'en rendrait compte".

    L'Autriche étant aussi la patrie d'Hitler, voilà donc un prof qui caresse ses élèves dans le sens de l'ignorance la plus crasse. De nos jours, la demande de respect va toujours dans le même sens: respecter les sous-culture macdo et mépriser la culture classique même minimale.

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