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Sollers à Stresa


Palinodies de l’ex-maoïste

Stresa, Albergo Hemingway, mercoledi 25 gennaio, sera. – C’est un bord de lac un peu mélancolique que j’ai retrouvé ce soir, comme en tout lieu de villégiature hors-saison, et le no man’s land du bar, sous la grande photo d’Hemingway en visite en ces lieux, ne pouvait qu’achever de me plonger dans quelque rêverie, lorsque j’ai capté, au telegiornale local, la nouvelle selon laquelle Google se couchait devant le Parti communiste chinois en acceptant de censurer toute information sur le Tibet. Faisant suite à l’affaire scandaleuse du journaliste Shitao, condamné à 10 ans de prison en avril 2005 après que la filiale de Yahoo à Hong Kong eut livré des informations le concernant aux autorités chinoises (cette condamnation portant sur un mail qui en appelait à plus de démocratie en Chine…), la nouvelle de l’autocensure de Google apparaît comme une nouvelle preuve de la lâcheté des affairistes occidentaux (industriels suisses en tête) face à un régime totalitaire que des millions de Chinois endurent et vomissent.

A propos de la Chine communiste, Philippe Sollers a rejoint aujourd’hui les rangs des contempteurs, mais je me rappelle ce soir, à propos de son « maoïsme », un épisode que rapporte Julia Kristeva dans Les Samouraïs, si ma mémoire est bonne, qui en dit long sur la candeur de nos grands intellectuels en matière politique.
Invités par la Chine populaire en je ne sais plus quelle année, les plus brillants esprits parisiens se trouvaient donc à contempler quelques millénaires du haut de la Grande Muraille, lorsque l’un d’eux se demanda soudain tout haut ce qu’ils faisaient là et ce qu’attendait le Gouvernement de cette invitation.
Alors Philipe Sollers d’affirmer, bien grave, que la Chine populaire, ayant un message à délivrer au monde, avait sans doute pensé à corroborer celui-ci par l’Instance de Légitimation que représentait assurément l’intelligentsia française de pointe…
J’ai l’air de me moquer, mais je n’en ai pas ce soir le cœur, me repassant mentalement le film de ce qu’on a dit pompeusement les grandes espérances des intellectuels du XXe siècle, de postures sincères ou calculées en déceptions, renoncements et autres palinodies. Or qu’en dire aujourd’hui ? Seules des nouvelles à la Carver ou à la Tchekhov, des films à la façon des Amants réguliers de Philippe Garrel, des romans assez poreux pour rendre toutes les nuances de la réalité en mouvement, pourraient en rendre compte me semble-t-il. Ce qu’a fait un Philip Roth avec sa Trilogie américaine, un romancier français de la nouvelle génération le fera-t-il un jour sans tomber dans les simplifications ou les partis pris polémiques d’un Houellebecq ou d’un Dantec ? Ou ceux-ci évolueront-ils dans le sens d’une plus large et profonde vision des réalités humaines ? Ce qui est sûr, en attendant, est qu’Une vie divine esquive absolument ces réalités-là, par trop vulgaires, n'est-ce pas, et que demain, à Sienne, je me trouverai plus à l’aise, à l’Accademia Chigiana, pour évoquer le Sollers fou de musique…

Commentaires

  • Quoi! Google... une soumision de plus ...

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