Des messages positifs
Je savais, quand la Lune m’a réveillé tout à l’heure, que j’avais reçu des messages, et tout de suite je me suis connecté, non sans jeter un coup d’œil aux boîtes des enfants.
Les enfants reposaient. Chacune dans la boîte où son Ami respectif l’avait déposée pour la nuit, selon le contrat. Chacune vêtue de sa nuisette. Chacune avec son sourire de fée. La brune et la blonde. Déconnectées pour la nuit, mais chacune avec son kit de survie à portée de main.
Voyaient-elles les traces dans leur sommeil ? Leur sourire m’incitait à le penser. Et voyaient-elles les taches de sang le long des traces ? Un message m’a conseillé de penser que non. La pièce attachée du message précisait : votre enfant est votre Client. En cas de stress, doublez la dose.
Je ne dormais pas : je voyais les traces des peluches filer vers Neverland, et les taches de sang des enfants disparus de la semaine dont les avis de recherche figuraient dans le Quotidien Bleu. J’étais serein en contemplant les pentes enneigées, la plaine immaculée du lac gelé et le ciel éclairé de l’intérieur au-dessus des montagnes. Je savais que l’équipe de soutien psychologique était prête à intervenir à tout moment si je flanchais. D’ailleurs j’étais trop occupé pour me laisser aller : un message m’avait ordonné de corriger l’aspect de mon dessin d’ornithorynque, et je n’avais qu’à obtempérer.
Votre ornithorynque a l’air dérangé, disait le message, et c’était vrai. Cela risque de provoquer un trauma chez les enfants, précisait la pièce attachée. Et du coup je me suis lancé dans la correction : j’y passerai toute la nuit s’il le faut, mais je lui rendrai son aspect normal.
Votre rôle est de normer vos enfants, me rappela un message ultérieur, et faites attention à leurs petites attaques de cellulite : prévenir est la règle.
Lucy aussi sourit dans son rêve, avec son air constructif de toujours, surtout depuis qu’elle se montre intraitable en matière d’hydrates de carbone. Avec elle nos Clientes sont en sécurité. Je veux dire : avec elle et le nécessaire antistress.
Dans le rêve célibataire de la Lune, nos enfants sont sans âge, et nous veillons sur elles, la blonde et la brune. Nous vaincrons tous le temps. Le kit de survie (Zoloft, Lufa, Celexa, Paxil) nous permet d’assurer. Un nouveau message m’encourage à modéliser le dernier état de mon ornithorynque et de m’en tenir là. Et la pièce attachée me fait encore plus de bien : je positive à mort...
Commentaires
http://lasik.parkblog.info
lasik