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Fugue pour rien

Retour sur le Prix Médicis
On ne sait trop où fuit le protagoniste de Fuir, mais il y fuit et on le suit, un peu comme on jouerait à suivre n’importe qui dans la foule de la rue, à ceci près que le quidam fuit jusqu’en Chine, ce qui n’est guère plus remarquable pour lui que s’il fuyait en Belgique ou dans sa baignoire. L’important n’est évidemment pas dans ce qu’il découvre en Chine (à savoir rien) où il ne sait pas ce qu’il cherche ni non plus ce qu’il fuit, ayant constaté que ceux qu’il croyait le menacer ne le menacent pas vraiment, qu’il se fait des idées et que tant qu’à fuir il le pourrait aussi bien à l’île d’Elbe où le ramène bientôt une téléphone de Marie, l’amie qui l’a envoyé en Chine pour affaires chic et qui perd ensuite son père, comme cela arrive dans la vie.
Ce qui compte n’est pas le but mais le chemin, disait un sage plein de sagesse, et c’est ce qu’on se dit en fuyant dans la foulée de l'élastique personnage de Toussaint qui bondit et rebondit de page en page et de lieu en lieu en faisant pom-pom comme une balle de tennis sur un court élégant. Dans la foulée on copule dans une étroite chiotte de train chinois, ce qui peut faire sourire si l’on considère l’immensité disponible en Chine pour s’adonner à la Chose, mais ce n’est qu’une péripétie de cette fuite où tout se fait comme ça, pour rien peut-être ? Presque aussi rien, n’était le Médicis, que de passer trois jours chez la mère du Goncourt…

Jean-Philippe Toussaint. Fuir. Minuit, 185p.

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