Du cycle éternel. - Cher enfant de l’aube, les Egyptiens se figuraient que chaque matin représente le recommencement de la Création. Les Egyptiens saluaient chaque matin d’un hymne de reconnaissance qui rejoignait, aux premières lueurs du jour, les oraisons des babouins sur les collines du vieux Caire. La veille au soir le dieu Aton, vieilli sous le poids de la fatigue et du jour, avait conduit vers l’ouest la barque du soleil, et la déesse du Ciel, Nout la douce revêtue de ciel africain parsemé d’étoiles, avait fait voûte au-dessus de nos fronts et nous avions dormi. A la chaleur avait succédé la fraîcheur, le monde s’était reposé, aux douze portes du monde souterrain le soleil avait triomphé du grand serpent Apophis, personnification du néant de toute chose.
De la pesée. - Et ce matin j’ai vu de loin la barque du soleil réapparaître et je me suis senti renaître, puis je l’ai suivie des yeux qui s’en allait vers l’ouest et vers toi que j’ai confié à la prière des enfants de l’éveil. Les Egyptiens associaient la beauté au sacrement de chaque chose et de chaque être. A l’instant de la mort ils se figuraient que le coeur du défunt était pesé sur une balance dont l’autre plateau portait une plume provenant de la chevelure de la déesse Maât, déesse de la Vérité. Il fallait aussi bien que le coeur d’un hommne mort fût trouvé aussi léger qu’une plume s’il voulait échapper à la dévoreuse d’âmes à forme de crocodile.
Du jour qui vient. - Je me figure alors ce matin que je suis un scribe accroupi au milieu de la salle du renouveau et que je t’écris, petit pharaon au regard de Fayoum. Je me figure que j’ai toute la vie de ce jour pour ne faire que donner un corps à la pensée du matin et une âme aux signes du jour.
Commentaires
Encore des échos en cascade... Souvenirs d'Egypte... des dunes de Saqquarah au couchant quand la vie du désert se réveille, quand le grand ruban vert autour du Nil s'endort... du galop qui emporte de Djoser à Téti... de Lauer faisant découvrir le mur des cobras et racontant Imohep....des chambres de décharge de Khéops, pénétrées au corps à corps en "cheminée" à la faible lueur frontale... de toutes ses momies de chat photographiées et des chasses au serpent le soir à la mission...
Un jour, sur une plage de Cotonou, la lecture des empreintes digitales laissant apparaitre le masque de pharaon... Et pourtant ressortir de l'amanti ailleurs et tellement plus tard...
Encore une aube pour chaque scribe, pour écrire encore et toujours Amon(-Ré), Amin, Amen... en hyéroglyphes et sans voyelle : l'air, la terre, l'eau, la lumière!.....
Ce matin le corps de mon ami reposait en balance égale avec la plume de la déesse maât.Il repose au bord de la Garonne sur le chemin que pris Holderlin quand il vint chez nous à bordeaux et vu la MER à la toute pointe du bec d'Ambes,c'était souvenir... et j'ai su un jour que ce poème était oracle...
Nos pensées bien amicales avec vous en ces jours que vous vivez, camarade.