UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Une passion partagée

Au lecteur, amie, ami, de ce blog

A La Désirade, ce samedi 1er octobre. – Il y a quatre mois que j’ai ouvert ce blog, sans trop savoir ce que je faisais. Cité dans La République des Livres par Pierre Assouline à propos du Passe-Muraille, le journal littéraire que quelques amis et moi publions à Lausanne, j’ai découvert ce nouveau moyen de communication et me suis aperçu, moi qui suis archinul en technique, que c’était un jeu d’enfant, gratuit qui plus est, de créer son blog dans une structure organisée à cet effet, en l’occurrence le domaine HautEtFort de BlogSpirit. Comme je me trouvais, alors, en train de transférer mes nombreuses archives (des milliers d’articles et de nombreux textes personnels publiés ou inédits) d’un ordinateur sur un autre, je me suis dit que certains écrits pouvaient intéresser encore des amateurs de littérature éparpillés aux quatre vents et ne lisant pas les journaux où je sévis. En outre, et surtout, ce vecteur me permettait de prolonger d’une nouvelle façon les carnets que je tiens tous les jours et dont j’ai publié déjà deux tranches de 500 pages, L’Ambassade du papillon en 2000 et Les Passions partagées en 2004. De moins en moins intimes, achoppant plutôt à mes lectures quotidiennes, à mes interrogations, à mes rencontres et multiples expériences, ces carnets pouvaient se vivre, sur un blog, dans une immédiateté qui correspond en partie à l’idée que je me fais de la littérature, non du tout d’un bavardage envahissant à propos de n’importe quoi mais d’une ressaisie dans l’instant de ce que Peter Handke disait la « sensation vraie », et que l’écrivain russe Vassily Rozanov pratiquait en notant ce qu’il ressentait, au besoin, sur une semelle de savate ou sur un billet d’autobus, sans fioritures ni retouches « sous la chandelle ».
Or je me suis pris au jeu de cet exercice quasi quotidien, que j’essaie de tenir à égale distance du clabaudage salonard et de la rumination autiste. La participation, il y a quelques années de ça, à un Forum littéraire sur Hotmail, m’a fait découvrir les écueils de ces échanges plus ou moins masqués, où les discussions tournent souvent à l’aigre ou au malentendu, avec des jeux de pouvoir ou des embrouilles psychologiques assez vite lassants.
Ce qui m’a encouragé à continuer, c’est le crescendo des visites faites à ce blog, soit un peu moins de 1000 à fin juin et un peu plus de 7000 à fin septembre, cela représentant à peu près 250 à 300 lecteurs quotidiens qui passent parfois des heures en « ma » compagnie. Je présume que ces chiffres sont dérisoires par rapport à d’autres sites, mais cela m’est complètement égal : je n’y pense même pas, sinon pour ce fait que cet embryon de public m’engage et, parfois, me répond. C’est un atout à mon sens capital du blog que son ouverture à l'échange. La tchatche ne m’intéresse guère, une fois encore, mais c’est par ce blog que j’ai rencontré Bruno, 17 ans, qui a publié son premier (et superbe) article dans Le Passe-Muraille, c’est par la communauté Littérature que j’ai découvert de vrais lecteurs éparpillés de Paris à Bergerac ou de Saint Julien en Genevois à Lausanne, du Pays d’Enhaut au Québec ou à Calgary, entre autres multiples zones, et je ne sais rien de plus vivifiant que d’entendre le moindre écho vivant dans l’océan d’indifférence et de blasement des temps qui courent…
Autant dire que je vous remercie, lecteurs occultes, amis de la nuit et du jour qui partagez ma passion de lire…

Commentaires

  • C’est vrai. Le blog c’est la possibilité de se retrouver dans un réseau ou même dans plusieurs réseaux de gens qui partagent les même goûts, les mêmes passions. Quelle est ma chance d’avoir une bonne discussion littérature dans le cadre de mon job d’informaticien ? Faible. De tomber sur quelqu’un qui connaît Vialatte ? Presque nulle. Sur quelqu’un qui adore Vialatte ? Nulle.
    Le plus étonnant c’est que ces réseaux se créent à grande vitesse, les axones foisonnent, les synapses se multiplient. J’ai toujours été étonné par la correspondance qu’échangeaient les grands mathématiciens européens aux XVII ou XVIIIième siècles ou par les lettres que s’envoyaient les philosophes. Eux représentaient le sommet de la connaissance et pourtant la création du réseau prenait des années. Nous qui sommes dans la masse (enfin moi) c’est moins facile et pourtant cela ne m’a pris que quelques mois pour me constituer une belle communauté de sympathies et d’échanges à géométrie variable, la mienne. C’est magnifique !

  • Aux lecteurs occultes de vous remercier, Jean-Louis, de votre aptitude à "passer" la passion et de votre enthousiasme, deux qualités qui vous rapprochent me semble-t-il de Charles Dantzig dont j'ai enfin découvert, aujourd'hui, le Dictionnaire égoïste, dont j'ai dévoré bon nombre d'articles à la librairie tandis qu'un djeun cherchait "un livre qui s'appelle la Peste" et qu'un moins djeun réservait tout Ramuz chez Slatkine, avec cinq ou dix ans d'avance. Par ailleurs je serais curieux de savoir ce que vous pensez des autres nouvelles du recueil Jeunes auteurs 2005, que Matteo a rencontrés à Liège il y a une semaine, autour d'une tartine au fromage hollandais et d'une chope de brouillard ambré. Quant à moi j'ai mis la main sur un recueil de short stories de Trevor (After Rain) et vous dirai bientôt ce que j'en pense...

  • Cher Loïc, merci pour tes mots qui me rappellent au souvenir de la Banda Azul de Salamanque. A ce propos, ne manque pas de dire à Matteo que sa lettre va recevoir une réponse de la part de nos services pontificaux et que je me réjouis de le revoir. Soledad a commencé ce soir le mélancolique journal de Ramuz, qui a 18 ans écrivait déjà comme un scribe bien grave, mais elle ne désespère pas de le voir radjeunir puisqu'il a écrit de 1895 à 1947. Lecture passionnante au demeurant me dit-elle du haut de la branche de sycomore où elle s'est réfugiée pour échapper aux ragondins...

  • Cher Jean-Louis,

    Je m'aperçois que je visite ton blogg de plus en plus souvent. J'y découvre des auteurs que je ne connais pas; il ne me reste plus qu'à trouver le temps de les lire... Quel malheur que d'être trop spécialisé dans un domaine.
    Longue vie à ce blogg !
    Jeff

  • A propos de passion, je viens de tomber, en lisant "Le rouge et le noir", sur cette phrase : "Madame de Rênal pensait aux passions, comme nous pensons à la loterie : duperie certaine et bonheur cherché par des fous."
    Vision peut-être un peu pessimiste, mais qui a, à mon avis, des accents de vérité...

  • La passion dont j'évoque ici le partage se déploie dans le temps, alors que la passion amoureuse t'enflamme et te cisaille les tripes, comme dans Adolphe et tant de romans "de la passion", précisément. Je te souhaite de connaître l'une et les autres qui te guériront de la première, si l'on en guérit... Mais puisse-tu brûler et ne pas rester dans les eaux mornes. Disons qu'avec Gary tu as un bon exemple de cavaleur supervivant, qui ne vivait pas la passion que dans ses bouquins. Ah oui Bruno: je t'envoie L'Affaire Homme, puisque j'en ai deux ex. et que tu es un petit étudiant fauché...

Les commentaires sont fermés.