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Tu seras un mec, ma fille…



A propos de Boys, boys, boys

La trentenaire qui se raconte dans ce récit effréné nous quitte, larguée sans comprendre pourquoi (!) en chantant à tue-tête la chanson de Renaud « elle était socialiste, protestante et féministe, un peu chiante et un peu triste, institutrice » et c’est en effet son portrait craché de fille hyper-décidée à instaurer « la puissance pour tous » au niveau de l’individu (pas très important) et du couple traditionnel qui « prive un peu plus les filles d’une parole déjà confisquée », mais surtout à l’égard du collectif dont l’instance prime à ses yeux. Ce qui la fascine en effet, chez les garçons, par lesquels elle enrage de ne pas être traitée tout à fait en égale, c'est le groupe sainement coude à coude au fond du café, la discussion, si possible politique, le concret, le « réel », les fins de soirées aussi genre les héros sont jamais fatigués. Or elle-même se voudrait encore plus « virile » qu’eux, rêvant d’un couple « branché sur le monde » auquel elle donnerait le rythme en « gérant » la relation « dehors/dedans », excluant tout signe extérieur de tendresse. Ce volontarisme néo-féministe, établi comme un «programme » sur les cendres de ses relations (plus ou moins saphiques) avec les filles, se déploie en ces pages avec une crâne non moins que pathétique détermination, dénuée de tout humour et crispée sur les « on doit » et autres « il faut ». Très bien filé au demeurant, ce premier livre de Joy Sorman est à l’image de sa protagoniste : nerveux, teigneusement efficace, non sans candeur naïve et signalant, à son corps défendant, la misère de telle pseudo-libération…
Joy Sorman. Boys, boys, boys. Gallimard, 134p.

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