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Eloge du vaste

A propos de La méthode Mila

Le dernier roman de Lydie Salvayre est de ceux qui requinquent, comme on pourrait le dire d’une potion tonique. Dès l’attaque de ses premières pages, où le narrateur (homme de lettres bon teint) se met à vitupérer Descartes, accusé d’avoir tout soumis à la pensée unique et tout congelé dans le frigo de la Raison, le verbe cingle et caracole, jouant sur la rhétorique endiablée des pamphlétaires.
A préciser que la rage de l’imprécateur s’ancre dans l’existentiel, avec la charge écrasante d’une mère malade et râleuse, du genre tyran affectif grave aussi impossible à « raisonner » que le phénomène même de la décrépitude.
La philosophie nous aide-t-elle à vivre ? Telle est aussi bien la question qui se faufile entre les lignes de La méthode Mila, du nom d’une voyante haute en couleurs dont le protagoniste s’entiche et qui oppose « le vaste », à savoir la poésie, le baroque de la vie, la générosité spontanée et l’intelligence du cœur, à la contention frileuse et à la pétoche sécuritaire des temps qui courent. A ce propos, et en arrière-fond, une chasse aux Tsiganes menée par les bien-pensants du coin corse le jeu…
Tout cela pourrait être convenu, sous l’égide du « politiquement correct », mais Lydie Salvayre est elle-même trop bonne sorcière – et sourcière de langage – pour ne pas nous « emballer » à force de pétulance rabelaisienne, d’humour savoureux et de vitaliste déraison.
Lydie Salvayre. La méthode Mila. Seuil, 226p.

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