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Le kitsch qui dérange

Lecture de La possibilité d'une île (5)

A La Désirade, ce samedi 3 septembre. – Il a fait hier après-midi un temps soudain étrange, me rappelant l’ entrée maritime observée à Cap d’Agde en mai dernier, où d’un moment à l’autre une sorte d’obscurité éblouissante s’est établie en plein jour, exacerbée par un froid subit et des relents de je ne sais quelle tornade à venir. Or j’étais en train de regarder Le choc des mondes, ce charmant navet de SF ultrakitsch des années 50 qui évoque la fuite d’une poignée de terriens à bord d’une fusée à l’approche d’une catastrophe planétaire; et le soir encore, les images des voyageurs de l’espace débarquant dans un décor idyllique composé de toiles peintes mille fois plus suggestives, dans leur naïveté lustrale, que les effets spéciaux les plus carabinés, m'ont fait repenser au long chapitre (Daniel 17) que Michel Houellebecq consacre, sans se moquer mais sans se départir d’un sourire distant, à la secte des Elohimistes réunie dans le décor de Lanzarote.
J’ai parlé de navet à propos du Choc des mondes, mais ce film-culte (comme on dit...) de Rudolph Mate, qui m’évoque un roman-photo d’anticipation ou une BD de la belle époque des séries d’Artima, dégage le même type d’interrogation sur notre destinée terrestre que peut suggérer n’importe quel cataclysme naturel, du tsunami du début de l’année à l’ouragan qui vient de dévaster la Louisiane. Le spectacle des foules errantes vues d’avion, dans les abords du lac Pontchartrain, m’a fait le même effet que celle qui fuient dans le dernier film de Spielberg : il y a là de l’enfantine terreur, et donc des questions auxquelles M. Rinaldi, que la seule idée qu’un écrivain puisse toucher à la science fiction fait grimacer d’horreur, n’a pas ni n'aura jamais accès.
Michel Houellebecq, nourri de culture populaire comme nous tous, et se posant des questions sur les fins de l’espèce et du monde, retrouve, dans La possibilité d’une île, cette (feinte) naïveté qui ne craint pas de jouer avec le kitsch. Mais seuls les cuistres recuits s’en offusqueront, que la seule idée que la littérature puisse dire quelque chose, et d'une manière non agrée par l'Académie de leur Bon Goût, dérange.
NE PAS DERANGER : voici ce que je lis au front de tant de blasés et de paresseux, de prétendus beaux esprits et autres bien pensants suant l’ennui - ceux-là même qui, l’air grave, se pâmeront devant tel film ou tel livre « dérangeant » qui ne menace en rien leur confort intellectuel...

 

Commentaires

  • Bonjour, oui cette "affaire" est tout à fait symptomatique finalement, intéressante donc, par les réactions qu'elle suscite, comme si tout le monde se trouvait bien sans véritable auteur dérangeant depuis bien longtemps, et au moment où il arrive, la plus grande partie des prétendus "intellectuels" ne le voient pas !

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