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Cingria et Witkiewicz

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Du chant du monde au poids du monde

Tout l’oppose à Cingria, et pourtant Witkiewicz m’est aussi cher que celui-là. Le premier est un poète des Psaumes, le second un prophète de l’Apocalypse.

Le premier est essentiellement dans le chant et la spéculation à l’antique, le second dans la rage de tout dire. Le premier se satisfaisait en somme du monde pour peu qu’il y ait une terrasse de café dans le coin, une rivière où se plonger, quelques amis à retrouver puis à quitter pour d’autres, un livre à lire ou à écrire, un harmonium dans la petite église d’à côté. Le second s’impatientait de tout et le manifestait à grands gestes furieux d’écriture et de peinture, rien ne le contentait qui risquait de freiner son ardeur à saisir et ressaisir l’insondabilité abyssale du Mystère de l’Être, rien ne le satisfaisait des concepts qui n’étaient pas soumis à l’épreuve du feu passionnel ou métaphysique, rien ne le contentait des accroupissements sociaux ou des arnaques idéologiques, rien ne lui masquait la progression de la médiocrité et de la bête noire qu'il appelait le nivellisme, lequel triomphe dans le règne actuel de l'insignifiance.

Charles-Albert était plutôt petit, très en lard mais ferme, le pif et la bedaine considérables, la voix et le geste aussi précieux que l’écriture, il ne plaisait qu’en causant, et encore cela se limitait-il à des cercles choisis, tandis que Stanislaw Ignacy dominait tout le monde de sa taille de colosse, fascinait les femmes rien qu’à les fixer de son regard d’acier bleuté, jouait de son grand visage comme d’un masque shakespearien à transformations – Cingria était intégralement original, et Witkiewicz originalement intégral.

Les oeuvres de Cingria et de Witkiewicz sont disponibles aux éditions L'Age d'Homme.

Commentaires

  • J'ai très envie, depuis peu (en fait d'une lecture de "bois sec bois vert" m'ayant conduit jusque très tôt le matin), de m'acheter une bicyclette et de sillonner les routes, départementales j'entends, au gré du vent s'il y en a, du soleil assurément (c'est l'été, on parle même encore de canicule ; c'est l'été, tout simplement, sortez vos chapeaux de paille ou plonger dans la mer de votre salle d'eau ! ), sur le plat ou en côte, peu importe pourvu que ça roule...
    Il faut que je me dépêche, l'été ne dure pas.
    Salutations littéraires, Charles-Albert.

  • J'ai repris mes "Mille Feuilles" de Charles Borgeaud. (La Bibliothèque des Arts). Envie de belle écriture. Et de retrouver le "Souvenir de Charles Albert Cingria" ce silencieux, parfois inabordable. Nostalgie aussi du beau papier, et de la belle phrase.

  • Vous vouliez dire Georges Borgeaud. Ah oui, Mille-Feuilles, quel régal... Si vous cherchez du beau papier, je vous recommande Italiques, du même Borgeaud, dans La Merveilleuse Collection de L'Age d'Homme.

  • Oui je voulais dire Georges. merci pour Italiques. je l'ai sorti en même temps que mes trois Mille Feuilles. L'autre jour je lisais votre billet sur Georges Haldas. Mon "premier écrivain genevois". Je rêvais de le rencontrer bld des philosophes. bizarre je ne l'ai jamais vu. Après j'ai lu Ramuz et je pleure encore quand je relis Aline. Et puis tous les autres écrivains suisses, Gustave Roud, Philippe Jacottet (que j'ai aperçu à Grignan rapide et solitaire) et les autres, tous superbement ignorés par vos compatriotes qui pensent que tout se passe à Paris.
    Mais Charles Albert Cingria ne ressemble à aucun autre et je le garde au fond de mon coeur.

  • Détrompez-vous:mes compatriotes sont les principaux lecteurs de Gustave Roud, Charles-Albert Cingria, Philippe Jaccottet, Maurice Chappaz, Jean-Marc Lovay et tant d'autres, superbement ignorés par la critique parisienne. Il est vrai qu'une partie des médias romands, télévision romande en tête, est à la traîne du parisianisme, mais la littérature romande non publiée à Paris est essentiellement lue et commentée par le public et la critique de Suisse française. Il y avait encore, il y a vingt ans, quelques critiques français ouverts é la francophinie, comme Hubert Juin ou Georges Piroué, mais actuellement le nombrilisme parisien est la règle, avec quelques exceptions hasardeuses. Cela ne fait rien. Nous continuons de lire et d'écrire...

  • hubert juin oui était un fin critique,jaccottet c'est l'hsq est les oc de musil,mais son oeuvre est vaste,on parle de lui pour musil rilke homère le traducteur courageux disait blanchot dans le livre à venir,mais jaccottet c'est air!poésie en grâce(comme louis rené des forêt jaccottet pense n'avoir eu qu'une foi cette grace,louis rené des forets,c'est beau ce nom!des plus grand moment d'un chanteur,maitre livre mais dans le mur du temps junger lui dis que la grâce et la magie revient,et je le pense aussi)mais l'entretien des muses si vous voulez entrer chez claudel chez ponge,c'est parfait,et il ne se gêne pas de critiquer char,éluard,même michaux mais avec la voix du lecteur.et pour entrer dans musil éléments d'un songe:a partir du rêve de musil une perle ce texte.quant à witaki celui qui m'en a le plus parler c'est claude roy!les deux romans de witaki se posent en état entre conrad et dostoëvski,un espace national désespéré mais identitaire

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