Immergée dès l’origine dans les ondes amniotiques du jazz, au double titre de fille de la chanteuse Anne Marie Schofield et du pianiste Walter Davis, Alana du même nom continue de vibrer de tout son corps et de toute sa voix au gré de compositions qui lui vont comme un fourreau de soie musicale, qu’elle a d’ailleurs cousu entièrement elle-même, mots et mélodies, sauf la dernière tranche de cette nouvelle galette, le Nice Time de Bob Marley, qu’elle enlève plutôt sobrement, sur l’idoine rythme chaloupé .
Beaucoup plus expressive et vocalement contournée, dans le genre soul-funky, est l’entrée en matière de Letter, le genre de missive dont on se demande si le destinataire la mérite vraiment, surtout sous sa forme chantée… Ensuite, un peu carrée-binaire dans The Benefit, elle fait passer ces facilités par la grâce plastique de sa voix, plus librement inventive à vrai dire dans Create et dans Vision, avec des inflexions qui rappellent souvent les modulations vocales de Stevie Wonder. Forçant parfois la moindre, à notre goût, sur la langueur «glamoureuse », à quoi ses romances se prêtent évidemment (on n’est pas chez Tracy Chapman, c’est sûr), Alana Davis n’en a pas moins un charme enveloppant, la musique au corps et une façon de couler ses adorables fadaises, de sa voix d’enjôleuse, qui justifie finalement qu’on craque…
Alana Davis. Surrender Dorothy.Telarc.