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L’Espagne au coeur

Pour apprécier d’emblée ce qui attache l’auteur à l’Espagne, il faut lire son évocation, en forme d’hommage vibrant, de la fameuse diatribe lancée à Salamanque, le 12 octobre 1936, par le grand humaniste Miguel de Unamuno à la face du général franquiste Millan Astray éructant sa haine. “Vous vaincrez parce que vous disposez de la force brutale”, tonna le courageux recteur en défiant l’assistance hyper-nationaliste, “vous ne convaincrez pas car il vous manque la raison”. Et Michel del Castillo de rappeler que vingt ans après, sorti du cauchemar de ses jeunes années dont ses livres sont remplis, il s’inscrivit à l’université de Salamanque pour y suivre un cours de grec ancien sous la protection posthume d’Unamuno.

Dictionnaire d’amour frotté d’amertume tout espagnole et de passion grave, ce livre s’ouvre sur une longue déclinaison de l’A initial désignant la contamination du castillan par l’arabe, d’Alcazar à Abd-al-Rhaman, pour embrayer ensuite sur Albeniz et Almodovar...

Très personnel et très nourri d’histoire, plus encore que d’art et de littérature, très intéressant dans sa présentation du franquisme, qu’il inscrit dans la droite ligne du fanatisme de Philippe II en le distinguant résolument du fascisme et du nazisme, le livre de Michel del Castillo est traversé par une méditation continue sur un pays dont les récentes métamorphoses n’ébranlent pas, à l’en croire, la nature profonde.

Michel del Castillo. Dictionnaire amoureux de l’Espagne. Plon, 408p

Commentaires

  • Je me trouvais hier dans la salle Paranínfos de l'université de Salamanque, où le recteur à la barbe enneigée se leva le 12 octobre 36 aux mots de "Viva la muerte" prononcés par Astray le manchot borgne. La légende est la légende mais il y a, me semble-t-il à vue de nez, dans cette anecdote un concentré de cette Espagne à la fois archaïsante et tendue vers l'avant (comme la silhouette du vieil Unamuno...), ce que d'aucuns appellent las dos Españas et qui semble resurgir ces jours avec une violence assez rare, autour de la loi sur les mariages homosexuels: il y a 15 jours un expert convoqué par le Partido Popular déclarait publiquement que l'homosexualité est une maladie génétique, tandis que les sondages (mais qu'est-ce que la statistique?) donnaient 68% de la population adulte en faveur du mariage l'année passée...

  • Mateo muy caro, va donc saluer les étourneaux de la cathédrale de ma part. Soledad me prie de te transmettre ses amitiés et Loïc est reparti à Dublin. Cela me touche de vous savoir partout où il y a de la beauté et des cafés accueillants. Belle et bonne vie jeunes fous ! Et toi, raconte nous donc Salamanque...

  • Les étourneaux rigolent le matin vers 9h, quand les hordes d'étudiants hagards arrivent par volées de "Jesus I drank so much" (hélas plus fréquentes que "Ay Dios como me emborraché") sur la Plaza de Anaya, où la cathédrale adoucit un peu la gueule de bois avec sa couleur tirant sur l'orange éveillé... Astray et son cri contradictoire est bien loin de ces figures parfois altières (ceux qui assurent), parfois défaites (ceux qui n'ont pas assuré), mais le plus souvent pâles et souriantes, voletant sur les nuages de l'île d'innocence qu'est Salamanque, c'est la fiesta pour tous les "internationaux" qui s'envoient des vannes idiotes au petit matin mais c'était bien un Espagnol, qu'on gagera plutôt penché vers l'avant, qui insistait ce matin pour continuer jusqu'après le lever du soleil.

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