(À mon ami le Malappris)
Quand paraîtront les corbeaux noirs,
ces oiseaux solennels
aux airs de curés militaires
tournant au bas du ciel,
aux frondaisons des arbres roses
du jardin de la maison close,
ami, dans un dernier sourire
je vous ferai la confidence
qu’entre toutes nos heures
de parlotes immenses
celles, passées à rire à gorges déliées
par nos plus allègres humeurs
me sont restées pareilles
à celles, cruelles et pures
de ces premières déconfitures
du cœur et de la bagatelle
qui, de nos larmes adolescentes,
glaciales et brûlantes,
nous ont comblé de leur saveur
à peu près immortelle...
Peinture: Martial Leiter.