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  • Affolement et sagesses

     

    49630274546_4ddb3a66d7_k.jpg(Page de journal d'un vieux rossignol)

    Ce dimanche 15 mars. – Deux jours après l’intervention qui m’a valu l’insertion de deux stents dans l’artère fémorale de ma jambe droite, je constate que celle-ci n’accuse plus la moindre des très méchantes douleurs (sensation d’avoir des tiges de métal dans les mollets et des clous dans les chevilles) qui m’empêchaient, il y a trois jours encore et depuis des mois, voire des années pour la gêne récurrente, de marcher comme un Indien normal sur le parcours santé de la prairie, et tout à l’heure, avec Snoopy tout joyeux lui aussi, j’ai marché quasi sans boiter jusqu’à la statue de Nabokov, à cinq cents mètres de celle de Freddie Mercury, non sans remarquer le long du quai que les recommandations du Gouvernement cantonal en matière sanitaire, excluant les terrasses de café à plus de 50 clients, et les regroupements de bipèdes à moins de 2 mètres de distance, n’étaient guère respectées sous le fringant soleil, et ma foi tant mieux ou tant pis – on n’en sait rien…

    « ARRÊTER La SUISSE ». – Un syndicaliste de nos régions en appelait, hier soir, sur un ton alarmiste et en vitupérant la «trahison» du Gouvernement fédéral, selon lui coupable de responsabiliser la population à outrance pour mieux ménager les grandes fortunes du pays, d’ « arrêter la Suisse », autrement dit d’interrompre toute activité économique et toute industrie, tout travail collectif menaçant la santé des travailleurs (et des travailleuses, sûrement), mais j’y ai surtout vu, pour ma part, un affolement frotté de ressentiment de classe comme on va certainement en voir se multiplier en attendant d’autres accusations péremptoires, et pourquoi pas une nouvelle «chasse aux vieux» à la Buzzati qui se manifestera soit par l’agressivité des moins de 65 ans, soit par le confinement obligatoire des «seniors».

    Or les propos de la conseillère d'Etat vaudoise socialiste Rebecca Ruiz vont tout à fait dans ce sens, qui propose ni plus moins que de claquemurer TOUS les plus de 65 ans chez eux. Après les âneries du conseiller d'Etat libéral Philippe Leuba minimisant au contraire les risques du virus en affirmant que, dans la plupart des cas, le Dafalgan fait affaire curative, on s'interroge sur la santé mentale des politiciens de moins de 65 ans - entre autres propos imbéciles, moralisateurs ou au contraire cyniques, voire haineux, qui déferlent sur les réseaux sociaux que le virus de la stupidité mine depuis leur apparition.

    SAGESSES DIVERSES. – Les Italiens sont invités, par leurs autorités chatoyantes, à chanter de concert sur leurs balcons ou à leurs fenêtres, et de fait cela me semble la meilleure façon de faire la pige à l’ennui momentané (?) ou à l’angoisse promise à durer (??), tandis que, par le plus pur hasard, je tombe sur ces lignes de Joseph Conrad qui remet en cause la téléologie « morale » de la création, dont il en est venu à croire « que son objet est simplement d’être un pur spectacle : un spectacle pour la crainte, l’amour, l’adoration ou la haine (…) mais « jamais pour le désespoir » . Coupant court au moralisme autant qu’au nihilisme, le grand romancier-voyageur constate que « le rire, les larmes, la tendresse, l’indignation, la sérénité d’un cœur cuirassé, la curiosité détachée d’un esprit subtil – c’est notre affaire », et avec ou sans virus, avec ou sans séismes, avec ou sans destruction massive d’origine humaine, le «destin» n’engage de nous que notre conscience, « une conscience douée d'une voix afin d’apporter un témoignage véridique au prodige visible, à l’obsédante terreur, à l’infinie passion et à la sérénité sas limites, à la suprême loi et l’immuable mystère du sublime spectacle », d’où l’importance du chant à l’italienne…

  • L'intérêt de la Chose

     

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    La crise qui nous démasque, ou comment la prendre, la déjouer peut-être, et pourquoi c’est une chance…

    (Dialogue schizo)

    Moi l’autre : - Donc ce ne sera pas la fête ce soir, et tu as l’air de t’en réjouir…

    Moi l’un : - Pas du tout, et tu le sais bien : je ne donne pas dans la Schadenfreude ni dans le discours des cyniques se la jouant nihilistes ou misanthropes à la petite semaine, mais cela m’intéresse. Ce moment de notre « aujourd’hui profond », comme disait Cendrars, me semble une occasion prodigieuse de voir les choses telles qu’elles sont, et partout, sans considération de races ou de classes. Il y a là quelque chose de terriblement réel, de terriblement physique, et donc de métaphysique « quelque part ». Tu te rappelles Les révélations de la mort de Chestov, et ce qu’il dit sur ce qu’a vécu Dostoïevski le jour de son exécution différée, et tu te rappelles La Mort d’Ivan Illitch de Tolstoï ! Or ces moments révélateurs, pour tel ou tel individu se retrouvant au pied du mur, sont soudain « offerts » à tout un chacun, individus et populations.

    Moi l’autre : - Ca ne te fait pas penser à un conte de Buzzati, cette chose qui arrive soudain et à tous, à une espèce de fable folle plus encore qu’à un film–catastrophe ou que La Guerre des mondes de Wells dont on a parlé ?Unknown.jpeg

    Moi l’un : - Oui, c’est vrai qu’il y a, dans le Coronavirus, quelque chose de tout à fait concret et qui reste abstrait pour beaucoup, et d’ailleurs incertain, possible et impossible, on n’y croit pas et pourtant ça rampe et se faufile partout, on met des gants et lui n’en met pas, on est dans l’expectative sans mesures ni prédictions claires et c’est là, la Menace est latente, qui vise cela même qui fait la substance de notre monde mondialisé, à savoir la masse, la masse de gens et la masse d’argent, la masse armée et la masse désarmée, la masse financière et la masse des déchets, donc on est en plein fantastique social et ça me semble d’un immense intérêt, comme il a été intéressant de voir le Rideau de fer se volatiliser et Donald Trump accéder au pouvoir via la rapine immobilière et la télé. Donc ouvrons les yeux !

    Moi l’autre : - Tu parlais de «métaphysique», ce qui fait pompier et vieux jeu, mais je vois ce que tu veux dire, comme si le Virus nous faisait passer dans une nouvelle dimension, hors du temps, hors des horaires, hors des normes sociales, hors des codes et des accords syndicaux, etc.

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    Moi l’un : Donald le magnifique a commencé par dire que c’était une espèce de rhume que la chaleur d’avril guérirait, puis il a invoqué la faute de la Chine, la faute de l’Europe, la faute des démocrates, et rien que son discours m’a enchanté, me rappelant les agro-biologistes soviétiques des années staliniennes promettant des années à quatre récoltes. Et d’ailleurs comme les communistes de la belle époque, dans la parfaite logique illogique décrite par Orwell et Zinoviev, faisaient du mensonge une vérité de béton, c'est avec le même aplomb que Trump en découd avec les fake news. Et le voici changer sa tactique d’un jour à l’autre en martelant que c’est toujours ce qu’il a pensé, sans savoir plus que toi et moi par où le Virus va l’attaquer, s’il l’attaque, ou ses enfants, ou ses électeurs, ou ses alliés saoudiens, et si ce sont les Russes, les Chinois ou les Israéliens, la CIA ou les Mexicains qui ont « fait le coup » dans leurs labos d’enfer… À moins que le coup fourré nous vienne de la Nature, supposée dominée ?

    Moi l’autre : - Mais j’entends bien que ce n’est pas ça qui t’intéresse…

    Moi l’un : - Non, tu sais que je me fous de la théorie du complot, mais pas de la réaction des gens, et moins encore de la vie qu’ils vont avoir l’occasion de vivre pendant un mois, deux mois, un an ? Qu’est-ce qu’on en sait ? Les uns se posent déjà, avec la fermeture des écoles ou des discos, la grave question de ce que leurs kids vont faire le matin ou le soir. Tu vois le tableau ? Et l’idée qu’il va falloir meubler le temps libre. La terrifiante idée qu’une nouvelle liberté sera accordé à chacun. Déjà j’ai lu l’abominable mot de cocooning à ce propos dans les médias. Voilà de l’observation. Les gens vont devoir vivre sans s’éclater de tous les côtés. Tu imagines la mutation, surtout si le Virus lui-même ne mute pas fissa comme certains le prédisent ?

    Moi l’autre : - Et toi donc, comment vas-tu vivre ça ?

    Moi l’un : - Comme toi, comme les gens normaux, comme Lady L. et nos enfants, nos amis et tous ceux qui sont capables d’auto-restriction ou d’imagination, de curiosité ou d’initiative sympathique, dans les bois ou les bars improvisés le long des rivières...

    Moi l’autre : - L’auto-restriction, c’était du Soljenitsyne, pas très tendance…

    Moi l’un : - Mais le Virus non plus n’est pas tendance, et le côté père sévère d’Alexandre Issaïevitch ne l’empêchait pas de trouver le monde extraordinairement beau en dépit de ce qu’il y avait vu.

    Moi l’autre : - Et les millions de migrants là-dedans, collés les uns aux autres ?

    Moi l’un : - Qu’on les accueille dans nos palaces déserts et nos innombrables « objets » immobiliers vacants, qu’on les nourrisse et qu’on les fasse bosser.

    Moi l’autre : - Tu me rappelles Tchekhov dans Une banale histoire…

    Moi l’un : - Et comment : à un siècle de distance c’est le même projet. Son personnage, le vieux savant Nikolaï, constatant la masse de gens de théâtre sans talent ou sans emplois, d’artistes ou de journalistes glandeurs comme il y en a aujourd’hui des kyrielles, envisageait tout ce que ces jeunes gens auraient pu apporter à la société en se consacrant à la médecine ou à l’agriculture, à l’enseignement et à toute activité civile ou civilisée, etc.

    Moi l’autre : - Somme toute, tu es plus que jamais optimiste...

    Moi l’un : - Oui.

    Moi l’autre : - Et tu crois que ça va se passer comme ça ?

    Moi l’un : - Et toi, qu'est-ce que tu crois ?

  • Une journée banale

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    Ce vendredi 13 mars.- Après 10 heures passées à l’hôpital au milieu des masques, c’est avec une reconnaissance joyeuse toute particulière que j’ai vu surgir, leurs beaux visage découverts, le Dr S., chirurgien angiologue qui m’avait opéré le matin même d’une obstruction artérielle longue comme un couteau à cran d’arrêt ouvert et son assistant blond-roux au sourire doux, venus me retrouver pour un bref bilan de l'intervention.

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    Un quart d’heure avant mon arrivée au milieu des masques, j’avais relevé l’enseigne à mes yeux cocasse figurant sur un fourgon nous dépassant sur l’autoroute - Pérusset Paratonnerres - et ensuite j’ai tout noté sur mon calepin mental.

    Noté le parking de l’hôpital à peu près désert, autant que le hall d’accueil ou un masque masculin m’a indiqué un lieu de prise en charge erroné, dans une salle d’attente où j’ai eu le temps de lire un reportage de Paris Match sensationnaliste sur les déboires sanitaires de la croisière du Diamond Princess aux 5000 passagers rattrapés par le coronavirus; noté le sourire de Welcome de la secrétaire se pointant en ces lieux à sept heures et demie, sûrement jolie mais à laquelle son masque donnait le profil d’un dromadaire, et s’empressant de m’indiquer le véritable lieu de mon rendez-vous ; noté le soupçon d’impatience des deux nouveaux masques féminins (Aude et Fanny) chargés de me préparer au transit vers le bloc opératoire ou un autre masque genre quinquagénaire sympa a éclaté de rire quand j’ai remarqué que nous étions enfin sur la scène de crime, etc.

    À l’oreille du cheval.- Le plus sale moment d’une opération de 99 minutes durant laquelle tu ne vois que le bleu d’une espèce de carène de toile masquant la partie inférieure plutôt honteuse de ton corps dûment endormie, c’est tout à la fin: quand le chirurgien pince ton artère fémorale au pli de ton aîne trouée, mais à part ça le temps de l’intervention fut à peu près supportable, durant laquelle tu as repensé aux ruines d’Alep et d'Homs parcourues la veille au soir dans un reportage consacré au reporter de guerre anglais Robert Fisk, via les monceaux de cadavre de Sabra et Chatila - tandis que l’assistant anesthésiste, au beau visage masqué de jeune Perse, t’expliquait le cours de l’opération d’une voix très douce après t’avoir confié son prénom d’Idriss, et tu remuais confusément ces pensées que tu as continué de noter dans la grande salle de réveil aux multiples loges ouvertes à la libre circulation des virus et compagnie..

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    Survie de Tchekhov. - Lorsque j’ai quitté Lady L. à l’entrée de l’hosto, à sept heures du matin, je lui ai dit que si je ne revenais pas de là-bas je l’avais beaucoup aimée, et nos enfants avec, et qu'en somme nous nous serons bien amusés en échappant aux diverses guerres et autres calamités des deux siècles en enfilade, mais c’était sur le ton de la plaisanterie, sûr que j'étais au fond que ça ne nous arriverait pas cette fois (notre corps pressent ces choses-là) même si ce qui advenait dans le monde a l’instant même relevait du fléau visant tout le monde à commencer par les vieilles peaux de notre acabit...

    Ensuite dans mon box des soins ambulatoires, j’ai annoté le petit Folio d'Une banale histoire ou le bon Dr Tchekhov raconte l’histoire du vieux savant couvert d’honneur qui découvre l’horreur du désamour familial auprès de sa femme devenue sotte et de sa fille qui l’est déjà, avec le réconfort relatif d’une amie que sa carrière ratée d’actrice porte à la lucidité sarcastiqe, et j’ai noté, sous son masque triste, la tendresse sans limites d’Anton Pavlovitch...

     
  • Gracias a la vida

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    À propos du "virus étranger", de mon test de demain et de notre jardin candide...

    (Page de journal dédiée à Tony & Tim)

    À la maison bleue, ce jeudi 12 mars. – Je me suis réveillé cette nuit à 3 heures du matin, en nage, et riant du rêve que je venais de faire, où j’étais censé enseigner le ski (et plus précisément la figure du Telemark élégant) à une classe de neige de Chinois virtuels tels que je les décris dans mon dernier ouvrage célébré (là encore dans le rêve) par les médias internationaux – le comique tenant au fait que j’ai cessé de skier depuis longtemps et que je ne recommencerai à marcher qu’après-demain puisque ce vendredi 13 sera consacré à une double angiologie supposée curative des mes artères fémorales.

    Mais qu’adviendra-t-il réellement, demain, de ma liberté de mouvement ? Ne vais-pas ressortir de l’hosto sous emballage aseptisé et contrôle policier après qu’on m’aura testé positif comme j’ai des raisons de le craindre au vu des symptômes que j’accumule depuis mon infection pulmonaire fiévreuse de décembre dernier où l’on m’a bel et bien parlé d’un virus atypque, à savoir : toussotements caverneux et sternum comprimé, selles liquides et fatigue latente après la sieste, pupille ensanglantée et circulation perturbée aux heures de pointe – mais aucune fièvre : peut mieux faire...

    Unknown.jpegSUS À l’ETRANGER. – Or, me réveillant pour la deuxième fois à 7 heures du matin, c’est d’un rire plus éclatant, partiellement partagé par Lady L., que j’ai accueilli deux News prodigieuses concernant le monde mondial et la cantonale entité genevoise, à savoir que le président américain Donald Trump déclarait « virus étranger » le co-vid 19 d’importation chinoise via l’insouciante Italie de nos vacances, pour interdire logiquement l’accès du territoire américain aux Européens, Anglais brexités non compris ; et, plus proche de nous, la décision de ne plus autoriser à Genève de concerts ou de cultes que dans des salles dont chaque fauteuil serait séparé de son voisin par un siège vide marquant hélas un manque à gagner - mais on n'a rien sans rien disait Calvin...

    Cependant le rire est-il de mise ? N’est-ce pas une indécence cynique au moment où tant d’Italiens innocents se trouvent confinés dans leurs cages à lapins ou leurs palais ? Et les Corses malheureux ? Et les évangélistes pandémiques ? Et demain les Alsaciens, les Estoniens et peut-être les plus beaux quartiers de Paris, ou notre Palais fédéral sous cloche ?

    GRACIAS A LA VIDA. – Avec son bon sens coutumier et son optimisme de vieille lutteuse polythéiste, Lady L. ne se laisse démonter par rien, même pas par la menace potentielle que je représente à ses côtés, cependant attentive au moindre rhume des petits lascars de notre deuxième fille et m’enjoignant de me laver les mains en revenant de la Migros.

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    Nous avons visité ensemble la grand expo consacrée il y a deux ans de ça à Jérôme Bosch et savons donc à la fois les dégâts de la peste et la façon de la sublimer (par la peinture, s’agissant de Hieronymus) avant de laisser la Nature (et les nano-technologies actuelles en font partie) poursuivre son job à deux vitesses, d’anéantissement en reconstruction.

    Après tout, notre ingénieuse espèce s'est remise des 200 millions de morts de la méchante grippe survenue au début du XXe siècle, sans compter les tueries mondiales et autres génocides adjacents...

    De la même façon, en lecteur assidu des Classiques, de l'Ecclésiaste biblique qui en a vu d'autres au brave Homère et au sourcilleux Dante, jusqu’au salutaire Shakespeare, je souris de reconnaissance sardonique à l’observation du Crétin universel, positivement emblématique, que représente l’actuel président des USA, preuve vivante de l’inanité du Système et de l'imbécillité millénaire du sous-simiesque Sapiens - le Virus mental sur pattes que Superdonald ! Et comment ne pas le remercier ?

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    Enfin Lady L., un peu fataliste dans son réalisme tendre, comme toutes les femmes en somme, me répond volontiers, des pires choses qui se passent sous nos yeux, que « tout ça » a toujours existé, et j’ai beau m’insurger : je sais qu’elle a raison, et comme elle je reprend le vieux couplet latino, Gracias a la vida, avant de retourner à notre jardin candide dont les enfants sont les princes...

     
  • La liste de Nadia (15)

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    NadiaGosselin, sur Facebook, nous propose ce jeu. Ne réfléchissez pas pour répondre. Écrivez 15 titres de livres auxquels vous vous sentez particulièrement liés. Notez les 15 premiers qui vous viennent à l'esprit en 15 minutes maximum. Voici mes 15 listes

    Liste du mercredi 7 octobre 2009.

    1) La Bible, surtout L'Ecclésiaste et Le Sermon sur la montagne..
    2) "Oblomov" d'Ivan Gontcharov.
    3) "Alexis Zorba", d'Alexis Kazantzakis
    4) "Les Frères Karamazov" de Fédor Dostoïevski
    5) "L'Homme à tout faire" de Robert Walser.
    6) "Les anneaux de Saturne" de W.G. Sebald
    7) "Les palmiers sauvages" de William Faulkner.
    8) "Monsieur Ouine" de Georges Bernanos.
    9) "Nord", de Louis-Ferdinand Céline.
    10) Nouvelles complètes de Flannery O'Connor.
    11) Nouvelles complètes de Raymond Carver.
    12) Nouvelles complètes d'Anton Tchékhov.
    13) Nouvelles complètes de Paul Bowles
    14) "La route" de Cormac Mc Carthy.
    15) "Seule la mer" d'Amos Oz.
    Lecteur.JEPG.jpgListe du jeudi 8 octobre.
    1) "Le canal exutoire", de Charles-Albert Cingria.
    2) "L'Inassouvissement", de Stanislaw Ignacy Witkiewiz.
    3) "Il Canzoniere", d'Umberto Saba.
    4) "À la colonie pénitentiaire" de Franz Kafka.
    5) "La Montagne magique", de Thomas Mann.
    6) "Lenz" de Georg Büchner.
    7) "L'Enfant de Dieu", de Cormac McCarthy.
    8) "Je ne joue plus", de Miroslav Krleza.
    9) "La bouche pleine de terre", de Branimir Scepanovic.
    1o) "Jean-Luc persécuté", de C.F. Ramuz.
    11) "La promesse", de Friedrich Dürrenmatt.
    12) "Lucy" de William Trevor.
    13) "Travailler fatigue", de Cesare Pavese.
    14) "Notizen", de Ludwig Hohl.
    15) "Lumière d'août" de William Faulkner.
    Lecteur9.jpgListe du vendredi 9 octobre.
    1) "La vie de Samuel Belet", de C.F. Ramuz.
    2) "Explication des oiseaux", d'Antonio Loo Antunes.
    3) "Le bourgmestre de Furnes", de Georges Simenon.
    4) "Feu pâle", de Vladimir Nabokov.
    5) "The collected stories" de William Trevor.
    6) "Une affaire de famille" de Kenzaburo Oé
    7) "Le Lotus bleu", d'Hergé.
    8) "Miss Lonelyhearts" de Nathanael West.
    9) "In Memoriam" de Paul Léautaud.
    10) "Chaminadour" de Marcel Jouhandeau.
    11) "Maison d'été, plus tard", de Judith Hermann.
    12) "Amras", de Thomas Bernhard.
    13) "Le Brigand", de Robert Walser.
    14) "Gens de Dublin", de James Joyce.
    15) "La bouche du cheval", de Joyce Cary. 
    Lecteur3.jpgListe du samedi 10 octobre.
    1) "Têtes", de Jacques Chessex.
    2) "Feuilles tombées", de Vassily Rozanov.
    3) "Feuilles d'herbe", de Walt Whitman.
    4) "Kotik Letaiev", d'Andre Biély.
    5) "Le Premier homme", d'Albert Camus.
    6) "La difficulté d'être", de Jean Cocteau.
    7) "Derniers fragments d'un long voyage", de Christiane Singer.
    8) "Rêver à la Suisse", d'Henri Calet.
    9) "Aline", de C.F. Ramuz.
    10) "Roméo et Juilette au village", de Gottfried Keller.
    11) "L'Homme sans qualités", de Robert Musil.
    12) "Le Poids du monde", de Peter Handke.
    13) "En ce moment précis", de Dino Buzzati.
    14) "Ernesto" d'Umberto Saba.
    15) "Pompes funèbres", de Jean Genet.
    Lecteur2.jpgListe du dimanche 11 octobre.
    1) "L'Erreur de Narcisse", de Louis Lavelle.
    2) "Bourlinguer", de Blaise Cendrars.
    3) "La Promenade sous les arbres", de Philippe Jaccottet.
    4) "Testament du Haut-Rhône", de Maurice Chappaz.
    5) "Efina", de Noëlle Revaz.
    6) "L'Adieu à l'automne", de S.I. Witkiewicz.
    7) "Passion", d'Etienne Barilier.
    8) "Les circonstances de la vie", de C.F. Ramuz.
    9) "La mort d'Ivan Illitch", de Léon Tolstoï.
    10) Récits et nouvelles d'Anton Tchekhov.
    11) "Le récit du plus important", d'Evguéni Zamiatine.
    12) "Journal volubile", d'Enrique Vila-Matas.
    13) "Duluth", de Gore Vidal.
    14) "J'étais Dora Suarez", de Robin Cook.
    15) "Extension dui domaine de la lutte", de Michel Houellebecq. 
    Lecteur7.jpgListe du lundi 12 octobre.

    1) "Paulina" de Pierre-Jean-Jouve.
    2) "L'apprenti" de Raymond Guérin.
    3) "L'échelle de Jacob" de Gustave Thibon".
    4) "Premier amour" d'Ivan Tourgueniev.
    5) "Jean Barois" de Roger Martin du gard.
    6) "Shakespeare, les feux de l'envie", de René Girard.
    7) "Winesburg-Ohio", de Sherwood Anderson.
    8) "Journal" de Charles du Bos.
    9) "L'écornifleur" de Jules Renard.
    10) "Le tout sur le tout" d'Henri Calet.
    11) "Les Paysans" de Ladislas Reymont.
    12) "Dits et écrits" de Michel Foucault.
    13) "Lettre à un religieux" de Simone Weil.
    14) Nouvelles complètes de Dino Buzzati
    15) "A mes montagnes" de Walter Bonatti
    Liste du lundi 13 octobre

    Léautaud40002.JPG1) "Journal intime", d'Henri-Frédéric Amiel.
    2) "Journal littéraire"" de Paul Léautaud.
    3) "Déposition", de Léon Werth.
    4) "Journal", des frères Goncourt.
    5) "Le métier de vivre", de Cesare Pavese.
    6) "Zibaldone", de Leopardi.
    7) "Journal" de Stendhal.
    8) "Quand plus rien n'aura d'importance", de Juan Carlos Onetti.
    9) "Carnets de l'Etat de poésie", de Georges Haldas.
    10) "Post Mortem", d'Albert Caraco.
    11) "Le fusil de chasse". d'Yasushi Inoué.
    12) "Journal" de Kafka.
    13) "Journal" de Max Frisch.
    14) "Journal" de Jules Renard.
    15) "Journal" d'Eugène Delacroix (réédité ces jours chez Corti).
    Lecteur18.jpgListe du mercredi 14 octobre
    1) "L'Homme qui rit", de Victor Hugo.
    2) "Le galant homme", d'Albert Caraco.
    3) "Pereira prétend", d'Antono Tabucchi.
    4) "Le Steak", de Jack London.
    5) "I Malavoglia", de Giovanni Verga.
    6) Nouvelles complètes de Luigi Pirandello.
    7) "Hécate et ses chiens", de Paul Morand.
    8) "Jude l'obscur", de Thomas Hardy.
    9) "La guerre du goût", de Philippe Sollers.
    10) "Le scorpion", de Paul Bowles.
    11) "Demain les chiens", de Clifford Simak.
    12)  "Enfance", de Gorki.
    13) "La prisonnière des Sargasses", de Jean Rhys.
    14) "Connaissance de l'enfer", d'Antonio Lobo Antunes.
    15) "Les vitamines du bonheur", de Raymond Carver.
    Lecteurs15.jpgListe du jeudi 15 octobre
    1) "Au-dessous du volcan", de Malcolm Lowry.
    2) "Le monde désert", de Pierre-Jean Jouve.
    3) "La belle lurette", d'Henri Calet.
    4) "Le rêve de Voltaire", de Jacques Chessex.
    5) "Testament du Haut-Rhône", de Maurice Chappaz.
    6) "L'ignorance étoilée", de Gustave Thibon.
    7) "Fictions", de Jorge Luis Borges.
    8) "Le poids du monde", de Peter Handke.
    9) "Le tour d'écrou", de Henry James.
    10) "Les jours de vin et de roses", d'Alain Gerber.
    11) "Mendiants et orgueilleux", d'Albert Cossery.
    12) "Elizabeth Costello", de J.M. Coetzee
    13) "La nuit de Gethsémani", de Léon Chestov.
    14) "Mensonge romantique et vérité romanesque", de René Girard.
    15) "Adolphe", de Benjamin Constant.
    Lecteurs14.jpgListe du 16 octobre
    1) "Patrimoine", de Philip Roth.
    2) "Demeure le corps", de Philippe Rahmy.
    3) "La deuxième semaison", de Philippe Jaccottet.
    4) "Les Hommes de bonne volonté", de Jules Romains.
    5) "Les illusions perdues", de Balzac.
    6) "Le semeur de peste", de Gesualdo Bufalino.
    7) "Le Sens de la création", de Nicolas Berdiaev.
    8) "Le Spleen de Paris", de Baudelaire.
    9) "Scoop", d'Evelyn Waugh.
    10) "Ma vie", de Thomas Platter.
    11) "Migrations" de Milos Tsernianski.
    12) "Génitrix", de François Mauriac.
    13) "Contes de la bécasse", de Maupassant.
    14) "Les deux étendards", de Lucien Rebatet.
    15) "Monorail", de Jacques Audiberti.
    Lectuer25.jpgListe du samedi 17 octobre
    1) "La Scène capitale", de Pierre Jean Jouve.
    2) "De la mort au matin", de Thomas Wolfe.
    3) "Fado" d'Andrzej Stasiuk.
    4) "L'Espadon", d'Hugo Claus.
    5) "Le démon mesquin", de Fédor Sologoub.
    6) "Tonio Kröger", de Thomas Mann.
    7) "L'amour aux temps du choléra", de Garcia Marquez.
    8) "Les belles endormies". de Yasunari Kawabata.
    9) "Le bruit du temps", d'Ossip Mandelstam.
    10) "Pétersbourg", d'Andréi Biély.
    11) "Transatlantique", de Witold Gombrowicz.
    12) "SmallWorld", de Martin Suter.
    13) "Le pauvre homme du Toggenburg", de Uli Bräker.
    14) "Matinales", de Jacques Chardonne.
    15) "lettres à Théo", de Vincent van Gogh.
    Lecteur26.jpgListe du dimanche 18 octobre.
    1) "L'école des idiots", de Sacha Sokolov.
    2) "Les malheurs de Sophie", de la Comtesse de Ségur.
    3) "Le pays où l'on n'arrive jamais", d'André Dhôtel.
    4) "Le prince Pipo et la princesse Popi", de Pierre Gripari.
    5) "Trois hommes dans un bateau", de Jerome K. Jerome.
    6) "Enfance", de Nathalie Sarraute.
    7) "Le sang noir", de Louis Guilloux.
    8) "Impasse des deux palais", de Naguib Mahfouz.
    9) "Heidi", de Johanna Spyri.
    10) "Bob et Bobette", de Willy Vandersteen.
    11) "L'Oeil et l'esprit", de Maurice Merleau-Ponty.
    12) "Lettre sur les aveugles", de Denis Diderot.
    13) "Le gai savoir", de Friedrich Nietzsche.
    14) "De la nature", de Lucrèce.
    15) "L'Or", de Blaise Cendrars.
    Lecteur96.jpgListe du lundi 19 octobre

    1) "La maison de Matriona", d'Alexandre Soljenitsyne
    2) "Vij", de Nikolaï Gogol.
    3) "Le cheveux de Vénus", de Mikhaïl Chichkine.
    4) "Dernières nouvelles de l'homme", d'Alexandre Vialatte.
    5) "La possibilité d'une île", de Michel Houellebecq.
    6) "Cosmos incorporated", de Maurice Dantec.
    7) "Pensées", de Joubert.
    8) "L'Homme qui rit", de Victor Hugo.
    9) "Monsieur Paul", d'Henri Calet.
    10) "Ma maison en Ombrie", de William Trevor.
    11) "Impressions d'un passant à Lausanne", de Charles-Albert Cingria
    12) "Circonstances de la vie", de C.F. Ramuz.
    13) "Une rue à Moscou", de Michel Ossorguine.
    14) "L'Homme du souterrain", de Fédor Dostoïevski.
    15) "Dis-moi qui tuer", de V.S. Naipaul.
    Lectrice97.jpgListe du mardi 20 octobre.
    1) "Gillles", de Drieu La Rochelle.
    2) "Coeur des ténèbres", de Joseph Conrad.
    3) "En attendant les barbares", de J.M. Coetzee.
    4) "Autobiographie", de John Cowper Powys.
    5) "Le petit saint", de Georges Simenon.
    6) "Un barbare en Asie", d'Henri Michaux.
    7)"Les courtisanes", de Michel Bernard.
    8) "Tarr", de Wyndham Lewis.
    9) "Sa majesté des mouches", de William Golding.
    10) "Le prince Eric", de Serge Dalens.
    11) "L'Enfant", de Jules Vallès.
    12) "La création du monde", de Miguel Torga.
    13) "L'onda dell'incrociatore", de Quarantotti Gambini.
    14) "Contes de la folie ordinaire", de Charles Bukowski.
    15) "La défense Loujine", de Vladimir Nabokov.
     
    Lecteur1.jpgListe du mercredi 21 octobre

    1) Le Petit Larousse illustré de mon grand-père.

    2) Le Grand et le Petit Robert.

    3) Le Grand et le petit Littré

    4) « Dictionnaire des littératures », de G.Vapereau.

    5) « Dictionnaire des synonymes, de Bertaud du Chazaud.

    6) « Le Dico du cœur », de Roland Eluerd

    7) « Le Dico du cul », de Jean-Paul Colin

    8 ) « Dictionnaire des idées revues », de Jacques Sternberg.

    9) « Dictionnaire égoïste de la littérature française », de Charles Dantzig.

    10) « Encyclopédie de l’Utopie, des voyages extraordinaires et de la science fiction », de Pierre Versins.

    11) « La vie des papillons », de Frédéric Schnack.

    12) « Almanach des bienheureux », d’Aman Dag Naud.

    13) «Dictionnaire des lieux imaginaires », d’Alberto Manguel.

    14) « Trésor de la poésie universelle », de Roger Caillois.

    15) « Londubec et Poutillon », mon premier livre, etc.etc.etc.

     

    Et c'est ainsi que s'achève, en ce qui me concerne, ce jeu lancé par Nadia Gosselin, au fil duquel je me suis rappelé 15 fois 15 ouvrages dont il me plairait de partager quelques-uns, entre 15 fois 15 autres... 

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  • De quoi rire!

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    Joël Dicker au rebond vif et réjouissant !

    (Journal du jour)

    À la Maison bleue, ce samedi 7 mars. – Lady L. m’apprend ce matin que Joël Dicker à un fils, et la nouvelle me ravit autant que la lecture de son nouveau roman, qui m’apparaît (à mi-pente, après 300 pages) comme un livre d’amour et d’amitié flamboyant et parodique, dans lequel le rire est roi.

    Le plaisir immédiat avec lequel j’avais lu, avant publication, l’épreuve reliée de La vérité sur l’affaire Harry Quebert, que Bernard de Fallois m’avait envoyé au printenps 2012 en m’annonçant le roman pas comme les autres d’un jeune auteur genevois alors inconnu, suivi par le plaisir de Lady L. qui l’avait dévoré à son tour, et ensuite la saga « de rêve » du lascar et ma déception, en 2015, à la découverte du Livre des Baltimore, par trop soumis selon moi aux stéréotypes des séries américaines, la relative amélioration qu'il m'avait semblé percevoir dans La disparition de Stephanie Mailer, et le formatage plutôt insipide de l’adapation du premier roman en série « prestigieuse » signée Jean-Jacques Annaud – tout ça m’avait beaucoup intéressé de près, au début, et de plus en plus loin ensuite, comme un phénomène d’époque et sans enjeu à mes yeux; et c’est également de loin que j’avais « vécu » la mort de Bernard de Fallois, ne m’attendant guère à être étonné, après-celle-ci, par l’évolution de son « fils spirituel » devenu aussi célèbre que Roger Federer en moins bien rasé.

    Et voici que je ris à tout moment, d’un rire clair et juvénile, frais, pur et gai, en lisant L’énigme de la chambre 622 que nos amis des éditions de Fallois m’ont envoyé, comme j’ai ri l’autre soir en me repassant l’inénarrable épisode de la petite mariée du Cheik Blanc de Fellini qui, désespérée après ce que lui a fait subir l’affreux Alberto Sordi déguisé en cheik de roman-photo, se jette dans le Tibre sans se douter que les eaux de celui-ci sont si basses qu’elles ne noieraient même pas un chatte déprimée – et la voici se traînant toute boueuse et en larmes dans sa gadoue…

    AVT_Bernard-de-Fallois_2841.jpgAU GRAND HÔTEL. - Bernard de Fallois, lors d’un de ses séjours au Grand Hôtel de Chandolin où il venait rendre visite à notre ami commun Pierre Jean Jouve, durant les dernières années du règne du vieux Léonard Pont (près de vingt ans avant la naissance de Joël Dicker), m’avait dit l’inconditionnelle admiration qu’il vouait au maestro Fellini, guère étonnante à vrai dire chez un proustien passionné de cirque, grand connaisseur du monde des clowns et familier plus discret des parloirs de prisons, entre autres singularités qu’il partageait avec le directeur du Grand Hôtel connu pour son érotomanie et sa familiarité avec les têtes couronnées d’ancienne Europe et la flore alpine avoisinante.

    De nos longues veillées automnales sous les châtaigners rutilants d’or et de pourpre du plus haut village d’Europe, Fallois m’avait dit aussi deux ou trois choses non convenues sur le roman à propos de son ami Georges Simenon et de sa passion adolescente pour Autant en emporte le vent que notre fille Sophie a lu trois fois d’affilée entre ses treize et quarotze ans ; et Bernard me l’avait dit alors : qu’un grand roman est un tableau en 3D dans lequel vous vous mouvez comme le Poisson-Lune dans son aquarium – tout cela que je retrouve, en substance et transformation « à la Dicker », dans L’énigme de la chambre 622, le rire en plus !

    TABLEAUX. – Ce qu’il y a de très amusant dans ce roman « suisse » de Joël Dicker, c’est que nous y retrouvons un pays, la ville et le jet d’eau de Genève, le parc Byron et l’Hôtel des Bergues, la chemin de Ruth à Cologny où habitait un ami libraire et le café Remor où j’ai bu un café avec Cabu ; et le Palace de Verbier si semblable au Grand Hôtel de Chandolin, et l’appartement cossu de Dicker lui-même voisinant avec les bureaux du richissime homme d’affaires Metin Arditi romancier lui aussi « à ses heures » et plein de malice également - tout cela photographiquement avéré, jusqu’à l’hypperréalisme, et complètement transposé au photoshop du feuilleton de gare ou d’aérogare, alors que l’essentiel du décor, l’air des soirs, le moelleux des moquettes de banques et le menu détaillé de ce que ces bonnes gens bouffent et boivent se fond en tableau traversé par les personnages plus ou moins imposteurs de l’Intrigue construite comme une complication horlogère ou un dessin à la Escher…

    On n’est pas chez Tolstoï ni sur le fil de la phrase de Paul Morand ou de Chardonne, mais l’Espace y est, les Tableaux y sont et le feuilleton roule, ma poule, aussi captivant sur le moment que loufoquement invraisemblable, comme dans Tintin, et je n’en suis qu’à la page 309 tandis que Snoopy me regarde de l’air de dire que ça va comme ça…