On descend par l'allée des années
formant un Z comme un zéro parfait,
jusqu'au bas du grand escalier
du quai longeant le front de mer.
Là se dépose toute inquiétude:
là va se jouer l'interlude
de l'herbe qui jamais
ne sera plus si nue
sous la fraîcheur de nos pieds.
En moi je n'ai pas de regret,
sauf d'avoir à te quitter, toi
que j'aimais, et les mains
qui nous ont caressés.
Nos corps ont été caressés
par le monde comme il fut et sera
et ne sera pas retrouvé
Sous le néon au vain éclat
des célestes publicités.
Rien que la terre, disions nous
et le ciel là-dessus;
dessous le miel, le fiel des jours,
nos jeunes peaux lancées
comme autant de drapeaux,
nos vieilles peaux tannées
par les vents et les eaux
des journées en allées...
On remontera l'escalier des ans
plus tard, quand le temps nous aura conté
notre histoire, et tout ce qui fut là-bas
de tant d'instants revivifiés.
Et cætera, et cætera...
(San Diego, Tierrasanta, may, 8th.)