Chemin faisant (143)
La France en relief . - On peut trouver déplaisant le personnage de l'amer Michel: ce n'en est pas moins un phénoménal lecteur de la réalité contemporaine française et mondialisée, et traverser la France actuelle nous rappelle à tout moment les pages de La carte et le territoire de Michel Houellebecq.
Cela étant il est une autre façon de lire le territoire, au moyen d'une autre carte, telle par exemple que celle qu'a déployée hier Lady L, en relief coloré et enrichie d'innombrables motifs peints, lui rappelant son enfance autant qu'à moi.
Foin de sociologie déprimante et d'idéologies territoriales ou identitaires; voici retrouvée la carte du tendre propice à une lecture par les pieds et les yeux et nos cinq sens et notre bonne humeur vagabonde - voici la France des curiosités détaillées a chaque pas, des cressonnières de Veules-les-roses à la pêche au pied le long de l'estran de Veulettes-sur-mer.
Les Chinois de Noyelles-sur-mer.- - Ce n'est pas sur une carte mais en plein territoire de douce France bocagère oublieuse de deux guerres atroces que le peu banal panneau indicateur en deux langues nous est apparu: Cimetière chinois. Or rien de ce qui est peu banal ne nous étant étranger, le détour s'imposait, qui nous a fait découvrir plus de 800 de tombes militairement alignées quoique toutes de civils chinois engagés au service de la France en guerre, par l'entremise des Anglais, au titre de l'aide aux populations locales.
Traités un peu comme des bêtes de somme, voire des détenus, beaucoup de ces oubliés de l'histoire de la Grande Guerre succombèrent finalement à diverses épidémies, dont la grippe espagnole, comme en témoigne encore la litanie des dates de leurs décès par "volées journalières. Du moins leurcimetière reste-t-il là pour honorer leur mémoire, leurs tombes bien entretenues et parfois fleuries, et d'émouvants témoignages de visiteurs et autres descendants de ces premiers émigrés...
Escale aux Frégates.- Un touriste mal avisé,sur Internet, s'en prend à l'hôtel des Frégates, à Veulettes -sur-mer, où nous sommes descendus hier soir, au motif qu'il est par trop proche de la centrale electro-nucléaire de Paluel.
Mauvais procès, dirons-nous hors de tout débat sur la question - nous sommes viscéralement contre le nucléaire -, tant l'accueil de la jeune et compétente équipe des Frégates tranche sur le laisser-aller ou la morgue d'autres établissements ne visant qu'à profiter du tourisme de masse, comme dans l'exécrable brasserie du Touquet dont la malbouffe de l'autre soir aura attenté àl'intégrité intestinale d'une Lady L. pourtant robuste.
Ceux qui tâtent des menus "marins des Frégates n'ont rien à craindre au demeurant, de la proximité de la centrale de Paluel. De pédagogiques pancartes rappellent d'ailleurs l'interdiction de la pêche à pied à l'aplomb du site atomique, alors que la clientèle de l'hôtel est priée, par souci écologique, e fermer le robinet d'eau courante pendant qu'elle se brosse les dents, économisant ainsi 12 litres du précieux liquide non salé...