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  • Ceux qui laissent béton


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    Celui qui s’est éteint sous ses diplômes / Celle qui répète qu’on est comme on naît / Ceux qui sont retraités de naissance / Celui qui montre son savoir à celle qui n’en veut rien savoir / Celle qui tient un registre de Pensées Positives / Ceux qui en ont toujours su assez à les en croire / Celui qui reconnaît qu’il a encore tout à découvrir en matière de physique des trous noirs / Celle qui se targue de savoir qu’elle ne sait rien sauf la recette de la gelée de coings / Ceux qui titubent dans la clairières aux fées de la Connaissance / Celui qui a cessé de lire « pasque ça sert à rien » / Celle qui s’est trouvé un hobby où « y a pas besoin de réfléchir » / Ceux qui ont le cœur comme du biscuit sec / Celui qui a tout misé sur le déplacement de son bureau en façade sud du building de l’Entreprise / Celle qui attend sa nomination de responsable du Planning des Locaux de l’Entreprise / Ceux qui caftent à la cafétéria / Celui qui prend une femme de ménage de couleur pour mettre de l’ambiance dans l’immeuble du Facho / Celle qui défend la concierge mulâtre malgré ses positions rétrogrades au niveau du couple / Ceux qui estiment qu’un livre est un outil qui permet de rompre notre part de glace / Celui qui se figure le Paradis comme une Grande Librairie donnant sur la mer / Celle qui aime la fraîcheur sucrée des matins de janvier à Venice Los Angeles / Ceux qui voyagent autour de leur chambre On the Road / Celui qui se trouve chez lui partout même chez lui / Celle qui aime la musique des conversations avec les divorcés / Ceux qui ont cultivé leurs souvenirs érotiques dès leur jeune âge et même parfois avant / Celui qui s’adresse à ses concitoyennes et concitoyens en pensant connes et connards / Celle qui affirme que Marc Levy écrit pour tous sans avoir jamais ouvert aucun de ses livres ni vu les films qu’ils ont inspiré / Ceux qui évoquent le « parfum d’éternité » des Classiques qu’ils se promettent de lire quand ils auront le temps, etc.

    Image : Philip Seelen

  • En manque de persifleurs

    bouffon-anonyme.1280046612.jpgÀ propos des cuistres et de Jacques Mercanton à Pattaya... 

    Le problème de la critique littéraire de type universitaire,  notamment en Suisse romande, c’est qu’elle est le fait de types, ou de typesses, qui n’ont rien vécu, ou qui ne laissent rien filtrer ce qu’ils ont (un peu) vécu dans leur approche et leur interprétation des textes.

    Or ces gens-là, corsetés dans leurs préjugés moraux ou scientistes, tout ficelés dans leurs bretelles théoriques ou leurs jarretelles pratiques, prétendent non seulement sonder le tréfonds du sous-texte et détailler ses moindres composants génétiques (le problème essentiel de la couleur de l’encre et de la marque du laptop), au détriment croissant du contenu patent ou latent du texte, sans parler de l’éventuelle visée de l’auteur, mais montrer, subventions à l’appui (dans l’accumulation capitale desquelles il excellent en tant que chercheurs), qu’ile en savent infiniment plus que l’autrice Une telle ou l’auteur Untel.

    Rabelais les avait joliment épinglés du temps des sorbonnicoles et autres sorbonnagres, et Molière a renchéri contre les savantasses de son siècle, maison s’étonne que la saine moquerie se fasse si rare en nos temps de prétendue liberté d’esprit et de prétendue dérision d’un peu tout. Hélas, où sont les jeunes insolents qui renoueraient, même en Suisse romande, avec la verve irrespectueuse des sieurs Burnier et Rambaud dans leur mémorable Roland Barthes sans peine ou dans La Farce des choses ?

    Or le constat devrait stimuler le désir de pallier à ce manque, dans la foulée d’autres entrepreneurs de démolition, de Léon Bloy dans son Exégèse des lieux communs, à Karl Kraus en son effort de dénazification avant la lettre de la langue allemande. On cherche satiristes et pasticheurs ! Les offres sont à envoyer au Centre de Rumination sur les Langueurs Romandes à droite quand vous sortez de l’autoroute Lausanne - Geneva Airport.

    Ce qu'attendant, nous nous résignons à prendre connaissance, bientôt, du nouvel essai de décryptage socio-linguistico-génétique des sieurs Maggetti et Meizoz, qui planchent ces jours sur un inédit apocryphe des Mémoires de Jacques Mercanton évoquant la dernière virée du Maître dans les bars de go-go boys de Pattaya, à la veille de ses 80 ans...