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Cinéma d'auteurs

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Au neuvième jour du 67e Festival de Locarno, cette après-midi a été marquée par la projection du dernier film de Richard Dindo, tiré du roman Homo Faber de Max Frisch, avec Marthe Keller. Une pure merveille de sensibilité et de maîtrise , relevant, comme La Sapienza d'Eugene Green, de la haute poésie de cinéma. Autres grands moments de cinéma d'auteur vécus ces derniers jours: avec Adieu au langage, le poème éclaté de Jean-Luc Godard culminant dans le lyrisme imagier et la quête de sens en vertigineuse déconstruction, et le nouveau long métrage du Portugais Pedro Costa, Cavalo Dinheiro, qu'on retrouvera probablement dans le palmarès de la compétition internationale. Bref retour sur Homo Faber...  

Locarno55.pngÀ mon goût, c’est le plus beau film de Richard Dindo, d’une grande valeur poétique et philosophique à la fois. Bien plus qu’une illustration du roman, c’est une transposition libre, à la fois elliptique et très concentrée, touchant au cœur de l’œuvre et modulant admirablement trois portraits de femmes. À ce seul égard, et s’agissant d’une succession de plans fixes intégrés dans le flux de la narration, le travail avec les actrices est impressionnant de sensibilité et de justesse. Marthe Keller, dans le rôle d’Hanna, irradie l’intelligence sensible à chaque plan, dans tous les registres de l’extrême douceur et de la véhémence blessée, de la mélancolie ou de la lucidité. Avec la jeune comédienne Daphné Baiwir, incarnant la jeune Sabeth, Dindo a  trouvé une interprète infiniment vibrante de présence elle aussi. Sans autre dialogue que le récit modulé par le comédien Arnaud Bedouet, Dindo parvient exprimer en images l'essentiel du roman, dans lequel le personnage d' Ivy (Amanda Roark) est également parfait. Bref, tant ces trois présences féminines que le découpage narratif des plans, le remarquable choix musical et le montage relèvent d’une poésie  inspirée de part en part, jusqu'à la sublime déploration finale rappelant la mort de Didon de Purcell.

Enfin avec la variation de perception philosophique marquée du début à la fin par le protagoniste, de son positivisme initial d’homme ne croyant qu'à ce qu’il voit, à une vision plus profonde des êtres et du Temps, Richard Dindo a  restitué ce qu’on pourrait dire le sentiment du monde de Frisch, tel par exemple qu’on le retrouve dans L’Homme apparaît au Quaternaire, l’un de ses plus beaux livres. 

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