UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Comme un rêve éveillé

    Indermaur68.jpg


    Dans le labyrinthe pictural de Robert Indermaur. Une expo fascinante à voir à Zurich.

    Il suffit de passer le coin de la rue, et c'est là, de l'autre coté du mur.

    La rue de la Neustadtgasse dément son nom en filant à l'horizontale, derrière la cathédrale, en plein vieux quartier de Zurich, pour déboucher sur la roide rampe pavée de la Trittligasse, et c'est là, à trois pas en contrebas, qu'une porte de verre débouche sur un autre monde à la fois étrange et fascinant, d'une déroutante beauté mêlée d'effroi. Tel étant l'uivers de Robert Indermaur dont la galerie Trittli de Werner Frei présente ces jours une trentaine de peintures et de sculptures récentes, bien représentatives des diverses composantes de l'oeuvre de l'artiste grison (né en 1947 à Coire), à la fois poétique et ludique, contemplative et dramatique, baroque et comique aussi. Dans l'espace restreint à deux niveaux de la galerie, ce saisissant ensemble de visions de Robert Indermaur fait littéralement éclater les murs, alors que la variété des thèmes et des climats de ses toiles se trouve comme dépassée par l'unité organique du regard de l'artiste évoquant à la fois l'expressionnisme (on pense plus précisément aux descendants d'un Böcklin, du côté de Grosz ou d'Ensor) ou le réalisme poétique d'un Varlin, le grotesque théâtral d'un Dürrenmatt ou les féeries douces-acides d'un Fellini - ce n'est pas par hasard que je mêle divers modes d'expression artistique...

     

     

    Indermaur69.jpgCe que vous voyez vous regarde, semble nous dire Robert Indermaur par le truchement de ses figures nous fixant et paraissant voir comme au-delà des apparences, tel ce type genre prof à lunettes tenant dans ses bras une bombe, frère humain de cette femme porteuse d'un inquiétant animal mutant - d'après Tchernobyl ?

    Un immense paysage hodlérien, d'une parfaite fluidité de touche, amorce au sous-sol ce qui pourrait être le départ (ou l'arrivée) de la rêverie proposée par cet ensemble oscillant entre douceur (cette barque posée comme une plume sur un fleuve surréellement jaune sillonnant à la verticale) et véhémence théâtrale, paradoxes visuels et autres fantasmagories oniriques. La liberté du peintre est accordée à celle du rêve, dans lequel tout est possible, comme au jeu. Mais celui-ci n'est ni gratuit ni jamais innocent.

    Indermaur70.jpgRobert Indermaur va partout pourrait-on dire,  avec la même force expressive dérangeante ou révélatrice, parfois cruelle, parfois même obscène, qui caractérise les rêves. Le premier choc passé, il faut y revenir, car il y a là bien plus qu'une imagerie renvoyant à l'étrangeté du monde: une réelle invention picturale dont la découverte nous lave le regard.

     

     

    Indermaur71.jpgZurich. Galerie Trittli, jusqu'au  23 novembre. Mercredi et jeudi, de14h.30 à 18h.30. Le samedi de 12h à 16h. Tel. 044 252 40 60

  • L'Odyssée Zéro de l'espace

    Gravity01.jpg


    À propos de Gravity, vertige d'ennui...

     

    On annonçait un film hollywoodien hors norme, pour ainsi dire d'avant-garde et métaphysique de portée. D'une seule voix dithyrambique, les médias ont claironné que Gravity était le film à voir absolument ces jours, positivement renversant. Comme je suis curieux de nature et  point encore blasé en ce qui concerne les deux infinis pascaliens, j'ai couru ce soir voir la chose. Et pour voir quoi ? Strictement RIEN.

    De fait, Gravity représente à mes yeux le vide absolu en matière d'idées, de psychologie et de narration, de contenu et d'invention formelle. Sur un scénario indigne même d'une bande dessinée, réunissant des personnages abyssalement creux, développant une action sans le moindre intérêt pour qui s'est un tant soit peu intéressé à la science fiction littéraire ou cinématographique, ce film n'existe que par son appareillage technique performant et ses images, c'est à savoir exactement: RIEN. N'importe quel débile, par les temps qui courent, moyennant quelques millions de dollars, une Barbie noiraude et un Barbie mec aux yeux bleus, peut fabriquer un tel objet. Comme il y a pas mal de temps que l'usine à rêve d'Hollywood n'a plus pour visée que de faire pisser le dollar, on ne s'en étonnera guère. En revanche, plus étonnant est l'empressement de la critique à se pâmer, à croire qu'elle na' plus d'autre vocation que publicitaire !

    Mais je suis injuste ! Il y a quand même un soupçon de  contenu là-dedans. Même qu''un confrère futé a entrevu, dans la conclusion de Gravity, non seulement une dimension philosophique mais un message subliminal de type darwinien. Les créationnistes n'ont qu'à bien se tenir: Gravity roule pour l'Evolution ! De fait, non point sortie d'une côte d'Adam mais chue de l'espace, l'Eve du film (Sandra Bullock en tenue de fitness spatial) se retrouve dans une manière de soupe originelle au fond de laquelle elle ondule, telle la sirène ou l'anguille, avant de toucher le sable du rivage quelle remonte comme la salamandre, notre soeur ancienne, avenir de l'homme qui lui souffle en l'occurrence à l'oreille: allez maintenant, on rentre à la maison...