Celui qui se réclame d'une lignée de mercenaires riches mais heureusement ruinés / Celle qui a hérité d'un stand de tir et dressé sept garçons dont le dernier lui a fait perdre ses dernières dents / Ceux qui ont l'orgueil des descendants de lansquenets jaloux de leur indépendance / Celui qui offre un ourson à la détenue / Celle qui fait perdre leurs couleurs aux fleurs du balcon de sa voisine bantoue / Ceux qui on le cafard invasif / Celui qui cultive le plaisir aristocratique de déplaire / Celle qui ne se laisse pas intoxiquer par les obsédés de l'hygiène / Ceux qui se la jouent prolétaires au dam des ouvriers du camping se la jouant nouveaux riches / Celui qui se prend pour Renato Zero dans le car des pucelles / Celle qui chante Ramona sans nostalgie particulière /Ceux qui se reconnaissent par affinités sélectives / Celui qui flaire la vulgarité des parvenus pas forcément russes / Celle dont le compagnon lit Un été avec Montaigne tandis qu'elle fricote avec le commissaire Montalban / Ceux qui se ressemblent par leur manque de classe et s'assemblent donc pour médire ensemble / Celui qui réinvente chaque jour sa vie sans surprise / Celle qui est restée Gitanes sans filtre dans l'âme / Ceux qui chantent dans toutes les langues en s'en tenant à la mélodie / Celui qui a lu tout Sacha Guitry à l'époque où son prof le poussait plutôt vers la lecture de Jean-Sol Partre / Celle qui reprend la lecture de Béton armé de Philippe Rahmy dans sa capite de San Rocco /Ceux qui traitent de couillonnes celles qu'ils aiment mais seulement en public / Celui qui trouve que le style de Jean-Philippe Toussaint bonifie chaque année ce qui épate de la part d'un Belge pour ainsi dire chauve / Celle qui se laisse emporter dans la nue de la prose de Nue qu'elle lit nue dans son bain moussant / Ceux qui ont gardé le sens du sacrifice sans en avoir le goût voyez-vous, etc.
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Celle qui a tout préparé dans son armoire pour-quand-elle-mourra / Celle qui chante "Les yeux battus, la mine triste et les joues blêmes, tu ne dors plus tu n’es que l’ombre de toi-même, Bambino, bambino" / Celle qui comme sa mère et avant elle ses aïeules, arrose ses pélargoniums de son vieil arrosoir / Celui qui est parti sur un cargo qui portait le même nom que celui où embarqua Tintin / Celle qui se souvenait du mari de la tante qui parfois l'emmenait en promenade / Celle qui appelait son patron Souliers-roses / Celle qui se disait que c'était quand même pénible de toujours nettoyer pour après tout salir...