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Locarno popu pointu

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La 66e édition, pilotée par Carlo Chatrian, s'est inscrite dans la lignée de Maire et Père. Le glamour était au rendez-vous, et le public en croissante affluence.

"Le Festival de Locarno vit actuellement en état de grâce", déclarait Marco Solari en 2011, et le glamoureux président à  sourire hollywoodien pourrait remettre ça cette année. Dix jours durant en effet, après un bref début sous les trombes, le rendez-vous helvétique le plus populaire des amateurs de cinéma a drainé plus de 162.000 spectateurs et perpétué son image de forum de culture à la fois populaire et pointu.

Locarno04.jpgLe nouveau directeur artistique  Carlo Chatrian, déjà connu des festivaliers pour ses mémorables rétrospectives, a comblé les cinéphiles en leur proposant cette année l'intégrale des films de George Cukor et en gratifiant un autre grand créateur, Werner Herzog, d'un Léopard d'honneur. Alors que dix de ses films (dont plusieurs docus saisissants) étaient présentés, le cinéaste-aventurier allemand a marqué la Piazza de sa forte présence, autant que le mythique Christopher Lee cassé sur sa canne, la toujours sublime Faye Dunaway ou la non moins craquante Jacqueline Bisset, sans oublier Anna Karina et Victoria Abril...

       

Locarno37.jpgLa Suisse très présente

Déjouant les craintes des réalisateurs suisses francophones de se voir "oubliés" par un Italien succédant au Français Père et au Suisse Maire, Carlo Chatrian a réservé une place de choix au cinéma romand en invitant Lionel Baier et Jean-Stéphane Bron sur la Piazza Grande. Le premier a fait rire celle-ci, tandis que L'Expérience Blocher y prolongeait la paranoïa sécuritaire du milliardaire nationaliste confit d'autosatisfaction dans sa berline-bunker.Locarno55.jpg Autre choix généreux de Chatrian:  celui d'intégrer le film très attendu (et très apprécié par le  public)  du Vaudois Yves Yersin, Tableau noir, dans le concours international où l'on a découvert aussi le shakespearien Mary Queen of Scots du Lucernois Thomas Imbach, tourné au château de Chillon. Pour compléter cet aperçu du nouveau cinéma suisse, la très active agence Swiss Films  présentait en outre une douzaine de réalisations récentes, tel Sâdhu, belle approche d'un sage indien, le magnifique Karma Shadub de Ramon Giger, évoquant ses relations délicates avec son célèbre paternel dans une optique proche d'Argerich, non moins attachant portrait de l'illustre pianiste par sa fille Stephanie.     

 

Locarno69.jpgPalmarès controversé

Après un Frédéric Maire et un Olivier Père partageant le goût du cinéma de genre, notamment américain, Carlo Chatrian a rappelé qu'il existe encore un peu (!) de  cinéma au pays du Cavaliere, en programmant notamment le superbe dernier film de Bruno Oliviero, La variabile umana,  sur la Piazza où l'acteur et réalisateur Sergio Castellito a reçu son Léopard à la carrière. Sans que le directeur artistique y fût évidemment pour rien, le palmarès du festival a été marqué, enfin, par une forte présence latine. Contre tous pronostics public ou journalistiques, le léopard d'or a récompensé un film déjanté du Catalan Albert Serra, l'enfant terrible (et terriblement prétentieux) du nouveau cinéma espagnol: Historia de la meva mort, évoquant les derniers jours de Casanova le libertin des Lumières confronté aux miasmes romantiques de Dracula.    

D'une tout autre teneur émotionnelle, le récit autobiographique du Portugais Joaquim Pinto, témoignant de ses tribulations de sidéen survivant dans E agora ? Lembra-me, a vu le bon accueil du public confirmé par le prix spécial du jury. Même remarque pour le prix d'interprétation féminine à Brie Larson, et les mentions spéciales à Short Term 12 de Destin Cretton, dont l'aperçu des désarrois d'une jeunesse mal dans sa vie a beaucoup ému.

Locarno13.jpgQuant au Tableau noir du Vaudois Yves Yersin, il a eu droit aussi à quatre mentions et autres prix, après un accueil extrêmement chaleureux des non spécialistes en salle. Le prix du public à Gabrielle, de la Québecoise Louis Archambault, autre émouvante plongée dans le monde des handicapés, rappelle enfin que le goût des gens, à Locarno, a droit de cité autant que celui des spécialistes...  

 

 

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