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Au miroir de la Princesse de Clèves


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Belle découverte au Festival Visions du réel : le premier film de Régis Sauder, à fort potentiel de succès public.

Une rumeur élogieuse précède l’arrivée d’un film effectivement passionnant, par son thème, et de très belle réalisation, signé Régis Sauder et intitulé Nous, Princesse de Clèves. Réalisé avec une dizaine de jeunes filles et garçons préparant leur bac dans un lycée de la banlieue de Marseille, ce premier « long » de Régis Sauder, présenté à Nyon dans la section « Etat d’esprit », impressionne par sa justesse de ton, son intelligence sans pédantisme et la sensibilité avec laquelle l’auteur film les lycéens, leurs profs et aussi les parents de certains d’entre eux.
La lecture en classe de La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, présenté aux lycéens comme le premier chef-d’œuvre du roman français (« bof », entend-on d’avance sur le même ton de benêt blasé qui a fait dire à Nicolas Sarkozy que ce livre l'a fait bâiller d'ennui) qui est aussi une histoire d’amour (« ah bon ? ») nous concernant tous (« tiens donc !»), constitue le motif central du film. Mais rien de fastidieux dans cette approche où les jeunes lecteurs deviennent eux-mêmes acteurs de scènes dont ils ont mémorisé des fragments en rapport plus ou moins direct avec leur vie personnelle. Aurore, ainsi, se dit proche de la Princesse de Clèves parce qu’elle aussi a un ami attitré et « des tas de petits Nemours » qui lui tournent autour. Ou c’est Albert, le jeune homo-qui-s’assume, découvrant dans le roman les nuances distinguant la discrétion de l’hypocrisie.
Quoi de commun entre la vie galante à la cour du roi Henri II et la banlieue multiraciale où le film est tourné ? Une scène le suggère : celle où tel père musulman s’identifie à Madame de Chartres chaperonnant sa fille tentée par les plaisirs du monde… et la fille du moraliste de lever les yeux au ciel en avouant sa difficulté de parler de ce qu’elle vit réellement avec ses parents.
Si l’idée de Régis Sauder s’inscrit dans le sillage de L’Esquive, d’Abdellatif Kechiche, sa réalisation se distingue de cette «fiction » d’un Marivaux joué en banlieue parisienne grâce à son aperçu plus pénétrant du milieu social ambiant, l’empathie de son regard, et du fait aussi d’un travail de cinéaste accompli sur la «mise en scène» et le montage.
Dans la foulée, s’agissant de « cinéma du réel », un tel film est égalemnt l’occasion de se rappeler que la meilleure littérature, ou le grand art, sont aussi « réels », voire parfois plus, que notre réalité quotidienne. Cela montré sans peser, et avec beaucoup de tendresse.

Nyon. Festival Visions du réel. Nous, Princesse de Clèves, de Régis Sauder : Mardi 12 avril, au Théâtre de Marens, à 17h, et mercredi 13 avril, à la Salle communale, à 20h

Commentaires

  • Bonjour,

    Sous recommandation d'une connaissance, je vous ai fait une demande d'amitié sur Facebook, afin de vous parler de mes écrits. J'espère que vous en prendrez bonne note. Excusez-moi si ce message n'a pas sa place ici.

    Bien à vous,

    G.

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